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Loup en Normandie : les hypothèses d’un expert sur la présence de l'animal pris en photo

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Pour le responsable du Parc canadien, qui accueille quatre meutes de loups en Seine-Maritime, l'animal photographié le 8 avril 2020 dans le département semble bien être un loup. Mais un point le rend perplexe : l’animal n’est pas filiforme. L’expert avance plusieurs hypothèses.

Le loup n'avait pas été vu en Normandie depuis plus d'un siècle [Illustration].
Le loup n'avait pas été vu en Normandie depuis plus d'un siècle [Illustration]. © Getty - Boris Roessler/Picture Alliance

Tous les spécialistes de la faune sauvage s'accordent : l'animal photographié le 8 avril 2020 à Londinières, au nord de Neufchâtel-en-Bray, semble bien être un loup. Les spécialistes consultés par le Groupe mammalogique normand en sont sûrs à 95  %, d'autant que la présence d'un loup en Seine-Maritime n'est pas incongrue puisqu'un animal qui quitte sa meute (phénomène de "dispersion") peut parcourir des milliers de kilomètres à la recherche d'une femelle et d'un territoire et que certains ont été repérés jusque dans le nord de la France. 

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C'est aussi l'avis de Xavier Denis, responsable du Parc canadien installé à Muchedent, à une vingtaine de kilomètres plus à l'ouest. Dans son parc, il accueille des bisons et quatre meutes de loups. Comme ses confrères, cet expert émet quelques réserves en raison de la qualité dégradée des images. "Le bout de la queue ressemble à un pompon noir alors que normalement, seul le pourtour de la queue d'un loup est noir", souligne-t-il. Mais surtout, c'est la silhouette du loup qui le laisse perplexe.

Un animal plus épais que ce qu’il devrait être

Les images ont été prises le 8 avril à Londinières.
Les images ont été prises le 8 avril à Londinières. - Photo transmise par le Groupe mammalogique normand.

Pour Xavier Denis, un loup en liberté, à la sortie de l'hiver et obligé de chasser pour se nourrir, serait forcément moins épais, plus filiforme que l’animal observé. De plus, il devrait avoir des poils plus longs. Aussi, l’expert rappelle qu'un loup a peut-être déjà été vu en décembre dernier dans l'est du département, comme l'indiquent Les Informations Dieppoises. S'il s'agissait bien d'un loup, et du même loup, cela voudrait dire qu'il s'est sédentarisé. Peu probable pour un animal censé être à la recherche d’une femelle.

Un loup nourri par l’homme ?

Xavier Denis émet alors plusieurs hypothèses. Parmi elles, il y a tout simplement le fait que cet animal n'est pas un loup mais un chien-loup dont les propriétaires seraient dans le secteur.

Sa deuxième supposition est que le loup s’est échappé d'un parc. Mais il l'assure, les siens sont toujours là et comptés trois fois par jour. Le parc est très sécurisé et pour Xavier Denis, la seule option pour qu’un loup ou plutôt un loupiot en sorte serait qu’il soit capturé par une buse, avant même d'être comptabilisé pour la première fois par les soigneurs ! Le petit loup aurait ensuite réussi à s'extirper des griffes de l'oiseau puis à survivre, seul. Hautement improbable.

Autre hypothèse : et si le loup était nourri par l'homme ? Cela expliquerait sa carrure selon Xavier Denis, "soit quelqu'un le nourrit, soit il est à proximité de nourriture". C’est une des possibilités explique l’expert, pas forcément étonné : "Ce serait tout à fait humain de nourrir une bête errante."

Une "détention qui est interdite" rappelle James Jean-Baptiste, du Groupe mammalogique normand. "Le trafic d'animaux étant le 3ème plus lucratif au monde, on peut imaginer que c'est envisageable mais peu probable tant certains chiens se rapprochent du phénotype du loup." En détenir présenterait donc peu d’avantages pour beaucoup de risques.

Plusieurs loups ?

Enfin, la dernière hypothèse de Xavier Denis a de quoi surprendre. Le ventre plein de l'animal pourrait signifier qu'il s'agit d'une femelle en gestation. Il n'y aurait donc pas un seul loup mais plusieurs. Si c'est le cas, "il va y avoir des petits et très vite, on va se retrouver avec une dizaine de loups et donc ils vont se faire repérer". La période d’accouplement chez les loups débute en février - "au moment de la Saint-Valentin !" - et la gestation dure 60 jours. Les images ayant été prises le 8 avril, les dates peuvent coïncider.

Et Xavier Denis rassure : "le loup européen est un loup peureux qui ne pense qu'à fuir. Les gens ne se font pas croquer." Le danger existe cependant pour les élevages ovins.

De nécessaires analyses 

Pour avoir le fin mot de l'histoire, il faudrait que l'animal soit filmé, car "quand il court, le loup regarde en arrière et a la queue entre les pattes", ou encore mieux : que son ADN soit retrouvé, avec des déjections ou des poils, et analysé.

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