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"Un grand bonhomme de la grande cuisine" : Jean-Michel Turin, unique chef étoilé de Haute-Saône, est mort

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Le chef étoilé Jean-Michel Turin est décédé. Il est mort dans la nuit de ce dimanche 19 juillet 2020 à lundi, à l'âge de 75 ans. Il tenait le Château de Vauchoux, en Haute-Saône.

Le chef étoilé Jean-Michel Turin et Thierry Eme de France Bleu Besançon, à Vesoul, au départ du Tour de France, le 6 juillet 2017.
Le chef étoilé Jean-Michel Turin et Thierry Eme de France Bleu Besançon, à Vesoul, au départ du Tour de France, le 6 juillet 2017. © Maxppp - Alexandre MARCHI

Il s'est éteint dans son sommeil, dans la nuit de dimanche à lundi. A 75 ans, Jean-Michel Turin était une icône de la gastronomie franc-comtoise, l'unique chef étoilé de Haute-Saône. Sa famille écrit ce matin son "immense tristesse" : "Jean-Michel s'est endormi dimanche soir après s'être assuré que ses convives avaient pris du plaisir à sa table".

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Un fervent défenseur de la cuisine "claire, nette et précise"

Arrivé en Haute-Saône il y a plus de 50 ans, Jean-Michel Turin achète le Château de Vauchoux en 1968 et en fait, au fil des années, un temple de la cuisine classique. Amoureux des bons produits avant tout, il milite pour une gastronomie intemporelle. "Moi j'ai jamais fait de grandes écoles. Comme dit mon copain Guillaume Gomez, chef de l'Elysée : "nous, c'est Bac -5". Le produit nature, brut. On va pas vous expliquer pendant une demi-heure ce que vous allez manger, sinon quand vous avez compris, c'est froid et vous mangez plus !" disait-il en novembre 2019, invité de France Bleu pendant la Sainte-Catherine à Vesoul. 

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Jean-Michel Turin, l'anti-topinambour

Son amour de la simplicité, il le déclare avec un franc-parler naturel qui fait aussi sa renommée. Comme lorsqu'il évoque à notre micro, en 2019, la mode des "légumes oubliés", qui font alors leur grand retour dans les cuisines des chefs. "On parle de "légumes oubliés" : moi je dis toujours : oublions-les, ces légumes ! On a des trucs merveilleux, des bonnes pommes de terre, du bon chou-fleur... Bah, faisons avec ça ! Retournons pas au topinambour, qui coûte trois fois le prix d'une pomme de terre ! Oublions ces légumes oubliés."

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"La passion est essentielle, mais le travail fait la différence"

Une cuisine traditionnelle, mais exigeante : Jean-Michel Turin était aussi un bourreau de travail, sur le pont tous les matins aux aurores. "J'ai une formule affichée partout en cuisine : la passion est essentielle, mais le travail fait la différence", confiait-il en mars 2018 à France Bleu. 

"On ne parle pas d'horaires, on parle de la passion du travail et du travail bien fait." Et à plus de 70 ans, cette passion était intacte, même si le poids des années commençait à se faire ressentir : "Honnêtement, c'est un challenge tous les jours. Il faut être bon le midi, le soir. Il faut l'excellence. Et c'est vrai que le matin, quand on vieillit, on est des bons diesels : il faut que ça chauffe. Mais une fois que c'est chaud, ça part et ça s'arrête plus", disait-il encore l'an dernier.

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De Gaulle, Aznavour, Gréco à sa table

Jean-Michel Turin décroche sa première étoile au Guide Michelin en 1980, et ne la perdra qu'une seule fois en 40 années. Au cours de sa carrière, il voit se succéder au Château de Vauchoux plusieurs personnalités, dont il dresse un inventaire non exhaustif dans un "livre d'or" sur Facebook : Charles de Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac ; Charles Aznavour en 1992, Annie Girardot en 1997, mais aussi Patrick Sébastien un soir de nouvel-an, Alain Bashung, Juliette Gréco, ou encore Michel Sardou, avec qui il partage sa passion des voitures de collection.

Tout au long de son parcours, il s'appuie sur une personne : son épouse, à qui il doit sa réussite, selon lui. "Mon épouse, c'est elle qui a 52% de réussite et moi 48%. C'est le côté "'épouse qui reçoit", lorsqu'on est bien reçu avec un bel accueil, on a le sourire, on a la pêche".

"Un grand bonhomme de la grande cuisine française"

Ce matin, les personnalités de Haute-Saône et d'ailleurs lui rendent un hommage unanime. "C'était un homme foncièrement bon et altruiste, un grand bonhomme de la grande cuisine française", salue à notre micro son confrère Jean-Paul Jeunet, ancien chef doublement étoilé à Arbois, dans le Jura.

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"Il incarnait cet amour de la table, cet amour d'être ensemble", dit pour sa part la députée LREM Barbara Bessot-Ballot, fille de restaurateurs et engagée dans la mission parlementaire France Gastronomie. 

"Je tiens à saluer la mémoire de ce grand restaurateur, qui était devenu un ami", écrit dans un communiqué Yves Krattinger, président du département du Haut-Doubs. "Cet homme créatif et passionné aimait partager son amour de la cuisine et son attachement aux produits gastronomiques haut-saônois."

"Le partage a toujours été le guide de Jean-Michel Turin, partage de saveurs et de savoirs, de plaisirs et de rires", écrit également le sénateur LR Alain Joyandet. 

"Encore une dizaine d'années puis après on lèvera le pied"

Jean-Michel Turin était un chef et un homme entier, qui ne s'imaginait aucunement raccrocher le tablier. Invité de France Bleu en mars 2018, il confiait alors : "Le jour où j'en aurai assez, j'arrêterai du jour au lendemain sans préavis. On baissera le rideau, basta, terminé. Mais je pense que ce jour-là n'est pas encore arrivé."

A l'époque, il s'imaginait prendre sa retraite "dans une dizaine d'années", minimum. Début janvier, il ambitionnait même d'investir pour tenter de décrocher une deuxième étoile au Guide Michelin.

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