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1909, accident sur le Train Jaune

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h27
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- Mis à jour le
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Hélène Legrais nous raconte un épisode douloureux de l'histoire du Train Jaune.

Photo d'illustration
Photo d'illustration © Maxppp - PHOTOPQR/L'INDEPENDANT/MAXPPP, Clementz Michel

Tous les catalans ont une affection particulièrement pour le Canaris, le petit train jaune, qui permet de monter en Cerdagne. Mais cette ligne emblématique a connu un terrible drame le 31 octobre 1909 …

Midi 45. Henri Blaise, le cantonnier en poste au passage à niveau du Pallat, au-dessus de Fontpédrouse, attend le train qui vient de terminer les derniers essais en charge du pont de La Cassagne qui doit permettre la mise en service du premier tronçon Villefranche – Mont Louis. La construction de la ligne qui doit désenclaver les hauts cantons a commencé six ans plus tôt. Ce pont est l’œuvre de l’ingénieur Albert Gisclard, un commandant du génie spécialiste des ponts suspendus : il a inventé une nouvelle méthode de câblage qui permet de supporter le poids d’un train. Et les derniers essais, en marche et en restant stationné en divers endroits du tablier, sont concluants. Le convoi test de 185 tonnes est scindé en deux. Le premier demi-train remonte sur Mont Louis et le second, constitué de deux voitures motrices et deux plateformes chargées de coupons de rail pour faire le poids redescend sur Fontpédrouse sous une petite pluie fine et brumeuse avec 15 personnes à bord, employés, techniciens, dont Gisclard. Mais le cantonnier voit le convoi sortir du tunnel de Terre Blanque à une vitesse folle, les plateformes tanguent et déraillent soudain pour finir sur le talus. Les deux automotrices hors de contrôle continuent sur leur élan sur le viaduc de Rafinat. Un énorme fracas. Henri Blaise sait qu’une catastrophe est arrivée. Il téléphone à l’usine hydroélectrique de La Cassagne, en contrebas, et se précipite sur les lieux, bientôt rejoint par des habitants de Fontpédrouse et les ouvriers de l’entreprise de Jules Chevalier, futur président de l’équipe de rugby de Perpignan, qui travaillent à la construction de la ligne. On sort des voitures éventrées six corps sans vie dont celui du capitaine Gisclard.

Que s’est-il passé ? 

Les experts mandatés sur les lieux à l’époque ont tout examiné, calculé et rendu leurs conclusions : le demi-train est resté stationné plus d’une heure et la pression dans le système de frein à air comprimé a baissé. Il aurait fallu la faire remonter avant de démarrer mais sur un malentendu le départ a été précipité, les cales qui immobilisaient les voitures ont été enlevées trop tôt. Sous l’effet du poids des wagons en surcharge, le convoi a commencé à glisser dans la pente sur les rails rendus gluants par le crachin et le brouillard sans que les crampons des freins puissent l’arrêter. A la dérive, il a dépassé les 60km/h en une minute. Or la ligne n’est pas faite pour cette vitesse. Les plateformes se sont mises à tanguer avant de quitter les rails. Poursuivant leur course folle dans la courbe du viaduc, les deux automotrices se sont fracassées sur les rochers. Erreur humaine aggravée par les conditions météo. Mais ça n’a pas empêché les versions les plus fantaisistes de circuler dès lors et la polémique de faire rage ! 

NB : Vous voulez connaître tous les détails de cette affaire ? Pierre Cazenove et Maxime Dumas ont mené l’enquête et vous livrent tous les éléments dans « 31 octobre 1909, chronique d’une catastrophe annoncée » (Edition Talaia)

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