Le café de Flore

Au “Café de Flore”, la légende a la peau dure. Sartre et Simone de Beauvoir ont décampé depuis belle lurette. Dernière adresse connue : le cimetière Montparnasse, 20e division. Et pourtant, bien avant les existentialistes, les intellectuels de gauche saint germanopratin, ce bistrot devenu institution parisienne fut le point de ralliement de Charles Maurras et de son action française, si chère à l’extrême droite. Et oui, bis repetita, au “Café de Flore”, la légende a la peau dure.

Et la clientèle du Flore, mélange de gens du quartier et de touristes aisés, s’attable en terrasse ou à l’intérieur dans un décor art déco, miroirs, acajou et banquette en moleskine rouge pour déjeuner sur le pouce, plutôt une cuisine “snack” ou boire un drink pas donné. Sinon, les clients viennent plus souvent pour un café.

Et au Flore, le café crème cher à serge Reggiani est à 6,40 euros, ce qui en fait la crème des cafés. Les années passent au 172 boulevard Saint Germain, c’est immuable, mais au rez-de-chaussée, la caisse est toujours tenue par une patronne. Les garçons, jamais garçonnes, travaillent à l’ancienne, le plateau à bout de bras, tablier blanc, gilet noir, nœud papillon, chaussures vernis. Et au premier étage me direz-vous ? Chaque année, on remet le prix Flore dans une ambiance Champagne ou triple Vodka selon la forme de Frédéric Beigbeder, prix littéraire décerné, entre autres, à Michel Houellebecq, Virginie Despentes, Christine Angot, récemment à Maria Pourchet. Premier à essuyer les plâtres en 1994 et à voir s’offrir un chèque plus un verre de Pouilly par jour pendant 1 an au café de flore... Vincent Ravallec.

Il y a de tout au Flore, des folles, des fous, des types qui s’appellent Jean Paul ou Boris, des femmes surnommées Simone ou Juliette, des Japs, des Amerloques, des Berrichons, des Corses, des vieux journalistes du temps de la télé en noir et blanc, des politiques enveloppés en manque de sport, des mexicaines “botoxées” qui sirotent un Cheval Blanc Saint Emilion premier grand cru classé facturé 1.500 euros la bouteille ou, et ça arrive, des Parisiennes et des Parisiens sympas qui se désaltèrent d’une bonne bière pression Météor, bien servie, modèle 40 cl, 11 euros, olives et chips comprises.