Afficher D'Addis Abeba à Bahir Dar |
31 ans. Aujourd’hui je suis à Bahir Dar, en Éthiopie depuis 10 jours, et j’ai 31 ans.
31 ans déjà, 10 jours déjà. Quelle que soit l’échelle le temps file. Je ne sais pas si un mois va me suffire pour Éthiopie, je vais sans doute devoir accorder quelques jours de plus à ce pays, peu ordinaire.
Arrivée à Addis, arrivée dans un autre monde. Dès l’atterrissage je sais que l’Afrique de l’Ouest est déjà loin. Un véritable aéroport, des passerelles d’embarquements en verre, les avions d’Ethiopian alignés devant le terminal. Il est loin l’aéroport de Lomé et sa piste sans taxiway, sa quinzaine de vols par jour… Dans le taxi de nuit je découvre les lumières de la ville, de grandes avenues éclairées, des buildings toujours plus hauts en construction un peu partout. Elles sont loin les rues pas toujours pavées de Bamako où seuls les immeubles de la BCEAO et des hôtels Lybia (merci Mouammar) viennent rompre la monotonie des petites habitations sans étages.
Tout est différent parce que l’Ouest est à la traîne. Tout est différent aussi parce que les éthiopiens aiment à ne rien faire comme leurs voisins. La nourriture est différente. Elle est bonne, ce qui fait déjà une sacrée différence avec le Mali ou du Burkina. Les plats sont servis sur une sorte d’immense crêpe appelée Injara qui fait office de plat mais aussi de couverts. On prend un morceau d’Injara dans un coin de l’assiette et on s’en sert pour attraper la nourriture. L'heure éthiopienne elle aussi est différente, à 6h du matin quand le soleil se lève il est en fait 0h à l'heure éthiopienne. Assez déconcertant, surtout quand il faut demander un horaire de bus...
Différents les éthiopiens, mais tout aussi accueillant que le sont les africains à l'Ouest. Déjà j'aime le pays, à commencer par Addis. Entourée de montagne, bâtie sur des collines la ville est agréable, le temps y est frais. Ces éthiopiens à la peau claire, les tuk tuk dans les petites rues, l'atmosphère me paraît très orientale. Seuls un ou deux bergers conduisant leur troupeau au milieu des taxis me rappellent qu'on est encore en Afrique.
En attendant mon visa pour le Kenya, j'ai tout le temps de profiter de la ville. De Piazza à Bole, de Mexico à Arat Kilo, de Markato à Kira, je sillonne la ville en taxi collectif. Le temps de retenir les noms (et les prononciations surtout...) des destinations principales que crient les rabatteur depuis chaque minibus et je peux traverser la ville pour quelques Birrs. "Mexico, Piazza ! Piazza, Mexico !".
Quelques jours à Addis et je prends finalement un bus pour le nord, Bahir Dar. Malgré un pneu ayant explosé juste sous mon siège en cours de route, le voyage se passe plutôt bien. J'ai opté pour une compagnie de luxe, sièges inclinables, climatisation, petit déjeuner. Et les paysages... Ces immenses falaises découvrant la plaine, c'est indescriptible.
Bahir Dar, une petite ville paisible sur les bords du Lac Tana. Après une journée à la découverte des monastères disséminés un peu partout dans les îles, je me laisse entraîner pour la soirée par deux éthiopiens rencontrés au bar du guest house où je réside. Les deux sont représentants commerciaux pour Daschen Beer, l'alcool va couler à flot... Ils m'emmènent voir musiques et danses traditionnelles. Musique et danse traditionnelle, la télévision nationale ne diffuse que ça. Dans le bus m'emmenant à Bahir Dar ? Musique et danse traditionnelle. Mais je suis quand même assez curieux de voir ça en réalité. Vous comprendrez mieux pourquoi si je précise que beaucoup de ces danses consistent en de frénétiques mouvements des épaules et de la poitrine et que les éthiopiennes sont bien souvent belles à tomber dans le lac Tana... Hypnotique.
La suite de la soirée sera beaucoup moins traditionnelle, et la gueule de bois inévitable. Bref. Me voilà donc à Bahir Dar jusqu'à lundi. Eskedar, qui m'a accueilli à Addis, a finalement réussi rejoindre la ville où réside toute sa famille. C'est avec eux que je devrais passer la journée de demain. Demain c'est Pâques. Étant donnée la rigueur avec laquelle les éthiopiens observent le carême, ce devrait être quelque chose !
Monastère près du Lac Tana |