Photos, livres, aventures.
Affichage des articles dont le libellé est Répertoire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Répertoire. Afficher tous les articles

Le Cavalier suédois







"- J'ai plus d'un tour dans mon sac, se vanta le Torcol. Je sais chercher les puces du hérisson, ferrer une oie, faire des petits tabliers aux sauterelles, et je n'ai qu'à siffler pour que les poissons bondissent en rangs de leur vivier."




Quel meilleur temps que le froid mois de janvier pour se (re)plonger dans l'univers sombre et fantastique du Cavalier suédois, l'un des remarquables romans d'aventures de Leo Perutz, si élégamment empreint de réalisme magique?






________________________________________________________________


Le Cavalier suédois, Leo Perutz, éditions Phébus, coll. "Libretto".







Le secret

Kika Markham, Stacey Tendeter et Jean-Pierre Léaud.




















"La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas."







___________________________________________________
Les deux anglaises et le continent, Henri-Pierre Roché, François Truffaut.

Le photomaton dans l'appareil-photo



Alors qu'il attend d'embarquer à bord du bateau qui va le ramener à Dieppe après une escapade à Londres (ah! le charme lointain du XXème siècle), l'auteur trompe son ennui en s'asseyant dans un photomaton.

"C'était quatre photos en noir et blanc, mon visage était de face, on voyait le col entrouvert de ma chemise, les épaules sombres de mon manteau. Je n'avais aucune expression particulière sur ces photos, si ce n'est une sorte de lassitude dans la manière d'être là. Assis sur le tabouret de la cabine, je regardais devant moi, simplement, la tête baissée et les yeux sur la défensive - et je souriais à l'objectif, enfin je souriais, c'est comme ça que je souris."



Jean-Philippe Toussaint, L'appareil-photo, éditions de Minuit, 1988, coll. "Double", 2007.





.

Rue des maléfices




Chose rare, je relis un livre. Après que je l'ai mis dans des mains innombrables, un ami cher m'en a offert la première édition, et voilà que j'arpente à nouveau avec le même bonheur cette Rue des maléfices, de Jacques Yonnet.


"Ida la Borgnesse braillait et déconnait, déjà ou encore saoule, il l'a mélangée au brouillard à grands coups de pompes dans le parfaitement."











.



"Je crois que le cinéma est une amélioration de la vie parce qu'il est extraordinaire."

Francois Truffaut










.

L'envers du monde




"Qui est-ce qui les recueille, ces heures-là, qui n'ont servi à rien? Quelquefois je crois qu'il est à l'envers du monde un endroit où elles sont conservées, où elles tombent comme de l'eau pure, où les morts les boivent, pour être heureux."

Catherine Pozzi, Agnès (1927).




De Catherine Pozzi, maîtresse de Paul Valery et, entre autres, amie d'Anna de Noailles et correspondante magnifique de Rilke, on devrait lire :

- Agnès, Paris, éditions La Différence, coll. "Minos", 2002.
- Journal 1913-1934, Paris, éditions Phébus, coll. "Libretto", 2005.
- Correspondance avec Rilke, 1924-1925, Paris, éditions La Différence, 1990.

Un an

























La rose blanche est la vraie fleur du deuil, celle que la mort tient entre ses doigts pourris.


De la mélancolie comme suite à la fin.


Il goutte des tombes.


Chacun sa vie, chacun ses morts. Chacun ses morts vivants.


La lune mange ses croissants la nuit.


Le métacarpe est un poisson volant.

Le chien va jusqu'au bout de sa laisse. L'homme, pas toujours.


Je venais de prendre une douche au lait de coton et au coquelicot. Il fallait voir comment les papillons se ruaient sur moi.


La mort adoucit les mœurs.


L'humour noir, le grand humour noir, tout de même nous ne le sortons pas tous les jours. La plupart du temps nous nous contentons de l'humour gris.

Les absents ont tort d'être aussi présents.



Aphorismes de Pierre Peuchmaurd, extraits de Le Moineau par les cornes (Fatigues III), éditions Pierre Mainard, 2007.

Des nains boursouflés

"Des cerfs-volants virgulaient dans un ciel si limpide qu'on pouvait en voir le fond. Certains s'élevaient tellement haut que leur retour paraissait improbable. Mais, inexorablement, la ficelle les ramenait sur la plage où ils trébuchaient, maladroits, pitoyables, en manque d'air. Des nains boursouflés, engoncés dans des anoraks aux couleurs criardes, les tiraient à eux en riant. Marc avait envie de les gifler. Entre leurs mains potelées, les cerfs-volants n'étaient plus alors que des espèces de raies anorexiques à bout de souffle. Les pères de ces mini-cosmonautes arrogants qui piétinaient le sable gris couraient vers eux, grands et cons, et tombaient à genoux, ivres d'eux-mêmes et de leur progéniture devant la dépouille des ces grands oiseaux à présent réduits à des carrés de soie crucifiés sur deux baguettes de bois."


Pascal Garnier, Le grand loin, éditions Zulma, 2010.







.

De l'art d'aller à l'essentiel

.




En littérature plus encore que partout ailleurs, je cherche toujours la brièveté, préférant lire vingt-huit plaquettes plutôt qu'une grosse brique indigeste, fut elle passionnante.
Ce qui me rassure, c'est que Louis Scutenaire pense comme moi.
Ne trouve t'on pas dans ses inscriptions la quintessence de la critique littéraire?
Si.


"Les romans sont trop longs."



Voilà, tout est dit. C'était donc Louis Scutenaire, dans Mes inscriptions, 1943-1944, réédité par Allia fin 2007.





Du patriotisme appliqué au vent du nord


Si le mois de février est idéal pour faire de la luge sur la Montagne et marcher en raquettes dans les cimetières, c'est aussi le moment rêvé pour rester au chaud chez soi et s'attaquer aux piles de livres en retard.
Ne serait-il pas, par exemple, plus que temps de lire ces chroniques parues en 1877?

Avec son air polisson et sa moustache de mousquetaire, Hector Fabre fut un chroniqueur moderne de son temps, croquant non sans malice la société québécoise des années 1860 et 70, quelque part entre un Samuel Pepys hors de Londres et un Pierre Foglia sans vélo.

Or donc, à propos
du fanfaron Fabre et du frileux février, voici ce que le premier écrivit dans sa chronique du 19 février 1866, à propos de l'hiver.

"Notre climat atteint sa perfection lorsqu'il y a dix pieds de neige dans les champs et que les nez gèlent avant d'avoir le temps d'éternuer pour appeler au secours. Ceux qui alors regrettent l'ombre tant vantée des grands bois et le murmure des clairs ruisseaux, ne sont pas de bons Canadiens. Le froid perçant, la neige, le vent du nord, font partie de notre patrie, il les faut aimer; s'ils redoublent, il faut s'en frotter les mains, d'abord pour les réchauffer, ensuite en signe de réjouissance patriotique. Il n'y a vraiment que les âmes tièdes qui aient l'onglée aux doigts. L'homme qui aime ardemment son pays, n'y gèle jamais."


_________________________________________________________________________
Hector Fabre, Chroniques, paru à Québec en 1877 à l'imprimerie de l'Événement.
Montréal, éditions Boréal, coll. "Compact classique", 2007, 295 p., 12, 95$



La théorie du noisetier (Hardellet chasseur, 2)



"
Noisetier. Il y a toujours un secret majeur derrière les noisetiers, poudreux d'août, trempés d'octobre; si vous en doutez, rien n'arrivera.
C'est le vent, prétendent-ils, ou bien un merle. Aussi vite que vous bondissiez le secret vous devance et se réfugie plus loin.
Voici des années que je guette, barbu, en loques, ermite verdâtre. Je finirai par les lasser dans cette lutte de patience et de ruse. Il faudra bien, un jour, que quelqu'un écarte les feuilles, me fasse signe et me montre."


André Hardellet, Répertoire, in Les Chasseurs, éditions Pauvert, 1966.



À moi, qui aie personnellement connu un noisetier et qui aie grandi à l'ombre d'un poète, qui suis donc doublement bien placé pour comprendre ce que Hardellet veut dire, il faudra un jour qu'on explique pourquoi cet auteur, si tranquillement majeur, si doucement essentiel, n'a pas son buste dans les écoles ni sa statue équestre dans les parcs.







Hardellet chasseur (1)

Encore une rude journée d'hiver et de librairie. Les conditions parfaites a priori pour citer du Queneau, mais par esprit de contradiction nous préfèrerons André Hardellet.

"(...) De temps en temps, des vagues policières, avec bulldozers et filets motorisés, ratissent le secteur. On trouve de tout, parmi les prises, à la Grande Maison: une main de bonneteur, des fragments de rentières, une jeune fille qui se caressait à l'abri des lilas, plusieurs Peaux-Rouges, un neuf de trèfle maculé, l'âme des violons, un sourire."

in Les Chasseurs, éditions Pauvert, 1966.

En somme, tout cela est bien d'actualité.





Beau comme













Pourquoi résister? Citons une fois de plus l'ineffable Pierre Peuchmaurd:

"Beau comme cette femme qui "posait nue pour des poètes"."