Monsieur
T.,
de la poète grecque Katerina Iliopoùlou. Une poésie narrative toute en simplicité, qui n'est pas sans évoquer le Plume de
Michaux.
Dans la très belle, très élégante et très éphémère
collection "Le fer et sa
rouille".
(extrait)
Monsieur T. au bord de la mer
Sur le rivage il ramasse un galet.
Le galet, remarque-t-il, a cette propriété
de n'avoir ni dehors ni dedans.
Le deux se confondent.
Ne pouvant penser à rien d'autre, il décide
que le galet est ennemi du monde, et le jette
au loin.
En tombant le galet forme ce qu'on appelle
"trou dans l'eau".
Monsieur T" ressent une terrible attirance
et jalouse le galet sans savoir pourquoi.
Alors il en prend un autre qu'il met dans sa
bouche.
C'est d'abord salé.
C'est quelque chose de maritime.
Peu après ce n'est rien.
Une boule dure de silence dans sa bouche, qui avale sa voix.
À sa surprise pourtant il s'aperçoit
que même sans voix il peut parler.
Aucun doute, on entend ses appels.
Un vol d'oiseaux de mer atterrit à ses pieds.
Derrière eux en partant ils laissent un texte illisible.
Monsieur T. se penche et sans tarder l'étudie.
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Monsieur
T.,
Katerina Iliopoùlou, Montréal, L'Oie de Cravan, 2012, 200 ex
numérotés.