C'est le récit d'une chasse aux sangliers dans le Grand Bois, quelque part entre Annemasse et la frontière suisse. On y croise donc un chasseur et des sangliers - quatre - mais aussi des douaniers, un berger, un instituteur armé et un cheval poitrinaire.
On y apprend à quelle heure redescendre les vaches de leur pâturage, que les sangliers savent instinctivement traverser les torrents en utilisant les courants, et qu'il faut être fou comme un Romain pour s'aventurer de la sorte dans le Grand Bois. Et beaucoup d'autres choses encore en une vingtaine de pages.
Cingria, c'est comme ça. C'est un Fargue qui serait le piéton des Alpes, un conteur de la vie des sous-bois dont les douaniers semblent être cousins des gardes champêtres d'André Dhôtel. Sec comme un coup de fusil et dense comme la forêt.
C'est une leçon de géographie vraie et de littérature.Extrait :
"Mais on devrait nous prévenir : on devrait savoir que ce bois est étouffant et dangereux, qu'il n'est qu'une étendue illimitée. Or on ne nous dit rien, ni dans les livres ni à l'école. Sans doute parce que ce n'est pas une forêt : il n'y a que de hautes plantes, de hautes herbes et de petits arbres, des lianes, des épines, des pierres, de la mousse, de la boue. Des trous gris dans les haies. C'est pour les renards. L'homme les utilise et rampe. Mais il est dangereux, peut-être cet homme. Qu'est qu'il cherche, qu'est-ce qu'il fuit? Il ne faudrait pas s'engager là sans être armé. Les douaniers, mais ce n'est pas une protection. Et puis on peut errer des heures sans en rencontrer."
Charles-Albert Cingria, Géographie vraie, éditions Fata Morgana.
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Voir aussi : - Bois sec, bois vert, éditions Gallimard, coll. "L'Imaginaire".
- Anthologie, éditions L'Escampette.
- Et tout un tas de titres à L'âge d'homme.
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