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JO 2024: critiqué à la TV, apprécié sur place… quel accueil pour la grande première du breaking aux Jeux?

Grandes nouveautés du programme olympique, les épreuves de breaking se disputent au parc urbain de la Concorde depuis ce vendredi 9 août. Et en fonction de la manière de suivre la compétition, le ressenti est complètement différent.

Le breaking a officiellement poussé les portes du Mont Olympe. Ajoutée au programme olympique à l’occasion de ces Jeux de Paris, cette discipline, symbole de la volonté de dépoussiérer les JO, a fait ses grands débuts devant le public du parc urbain de la Concorde, ce vendredi 9 août. Avant que les "B-boys" entrent en piste samedi, ce sont les "B-girls" qui ont ouvert le bal. Avec le petit sentiment de passer un grand oral.

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Présent pour la première fois aux JO, et avant de (déjà) disparaître à Los Angeles en 2028, le breaking est une découverte du grand public. Et ce dernier l’a accueilli de manière… contrastée. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes n’ont pas semblé accroché à cette grande nouveauté, comme en témoignent tous les commentaires négatifs sous les extraits vidéos des battles.

Sur X, un grand nombre d'utilisateurs regrettent notamment l'absence du karaté, supprimé du programme olympique pour faire de la place à cette discipline. "Pourquoi je me fais taguer comme ça là, il se passe quoi", a ironisé Steven Da Costa, champion olympique de karaté à Tokyo en 2021. "Du moment que ça buzz sur les réseaux hein", a ensuite grincé le Français.

Cette déception est partagée par plusieurs téléspectateurs amassés devant l’écran géant du Club France. Au Parc de la Villette, difficile, en effet, de trouver des fans conquis par cette toute nouvelle discipline olympique.

"Un truc de Ricains" aux règles difficiles à saisir

"J’ai un avis orienté parce que moi j’étais un grand partisan de la pétanque. On avait les Jeux en France, quitte à ne mettre un sport qu’une fois, il fallait mettre la pétanque, ça aurait été symbolique. Là, c'est un truc de Ricains", tranche Oscar, environ 40 ans. "On ne comprend rien, on ne sait pas ce qu’elles doivent faire, s’il y a un programme, des figures obligatoires. On ne sait pas comment c’est noté", peste de son côté Redouane, 27 ans, venu au Club France pour assister à la finale du tournoi de football entre la France et l'Espagne.

Les breakers sont en effet départagés par neuf juges sur cinq critères, comme l’a détaillé pour RMC Sport la juge internationale B-girl Valentine: la technique, le vocabulaire (comment le breaker a su adapter son corps à toutes les bases du breaking), l’originalité, l'exécution et la musicalité (comment le breaker s’adapte à la musique). Élément important, souvent rappelé par les deux speakers survoltés du parc urbain de la Concorde: les deux breakers qui s’affrontent ne savent pas sur quelle musique ils vont danser. Ils sont donc en totale improvisation.

Aux côtés de Redouane, Margot, sa compagne, se montre un petit peu plus mesurée. "Le problème, c’est qu’on ne sait pas comment ça fonctionne, on découvre un peu au fil des minutes, c’est difficile de rentrer dedans. Avec l’ambiance sur place, la musique et tout, ça peut être sympa. Mais là, c'est un peu triste."

Sur place, une énergie différente

La jeune femme met justement le doigt sur une donnée très importante: le pouvoir du live. Car sur place, la foule est nettement plus convaincue que le grand public devant sa TV. À la sortie des tribunes du parc urbain de la Concorde, impossible de mettre la main sur des spectateurs déçus. "C’est un sport que je découvre. Pour quelqu’un qui n’est pas connaisseur, c’est très agréable à regarder. J’ai passé un très bon moment", savoure Mélanie, 41 ans. Originaire de région parisienne, elle était là par hasard puisqu’elle a gagné des places grâce à son travail. "Et à l’arrivée, je suis très contente d’avoir pu voir cette discipline", assure-t-elle.

Sur la place de la Concorde, la plupart des détenteurs d’un billet pour le breaking reconnaissent quelques longueurs et des règles pas forcément faciles à comprendre. Mais l’ambiance (très hip-hop) sur place, l’énergie des tribunes et la présence de deux DJ qui mixent en live permettent à tout le monde de passer un très bon moment.

"C’est extrêmement plaisant. Même si je pense qu’il y a un peu de pédagogie à faire au niveau du règlement, c’est adapté aux JO, ça mérite d’être intégré au programme. Ça rajeunit, ça met de la fraîcheur", assure Joseph. "On voit du spectacle, de la danse, du rythme, de la musique… c’est un spectacle, plus qu’un sport", estime de son côté Jean-Claude, 60 ans et plutôt habitué à se prendre de passion pour les sports de voile. Preuve que même s’il n’a pas réussi à convaincre tout le monde, le breaking a tout de même su conquérir en dehors de ses frontières habituelles.

Felix Gabory, avec Clément Chaillou