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...L'homme au fromage blanc, a, lui dans chaque gare la responsabilité de tout ce qui s'y passe, même hors de sa présence.

...Chargé de faire partir les trains lorsque la voie est libre; il passe des heures à cavaler de ci, de là, en long et en large, veillant à tout, renseignant le régul ou le sollicitant. Il téléphone, crapahute, commande, écrit. Oh ! indispensable, sacro-sainte paperasse !

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...Il a intérêt lui aussi à faire gaffe. Un retard s'est produit dans sa gare ? Qui était de service à telle heure ? Jules bien sûr, et pan ! une torpille : le voilà bon pour une explication. Si Jules s'est mélangé les pédales, s'il n'a pas pris la bonne initiative, inutile qu'il cherche à se justifier, et patatin et tarabin, il n'y a qu'à l'aligner. Un bon petit blâme pour lui apprendre...

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...LA VAPEUR, Jacques TONNAIRE P 38.

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...Marcelin me raconta une l'histoire d'un mécanicien qui lui aussi, avait perdu son chauffeur et, sans le savoir, avait transporté le cadavre de ce dernier sur plusieurs kilomètres.

...Ne voyant plus son compagnon, ni sur la machine ni sur le ballast, il avait décidé d'atteindre EPINAL. A l'arrêt il avait aussitôt fait le tour de sa machine et découvert le corps reposant sur la vis du tender d'attelage et sur les tampons, entre la locomotive et le fourgon.

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...Le compagnon était monté au sommet du tender pour tirer le charbon; un pont, auquel il n'avait pas prêté attention, lui avait fracassé la tête et l'avait précipité contre le premier véhicule du train.

...Le mécanicien à son poste, n'avait rien vu, rien entendu. Cela se passait en 1914, quelques jours avant la déclaration de guerre.

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...CEUX DU RAIL, Etienne CATTIN P 131.

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...Quand les "Gueules noires" sont en deuil, il se trouve peu de collègues pour accompagner le disparu jusqu'au cimetière ou au wagon qui le conduira à son pays natal. Hormis les parents et les amis, on voit plutôt, dans le cortège, des camarades sédentaires ou des retraités : car, au dépôt, il est peu de de tâche qui ne puissent être faites par des remplaçants ou même renvoyées au lendemain, tandis que les trains continueront de partir à la minute précise de la gare ou du triage comme les autres jours de l'année.

...Les gueules noires doivent être fidèles à leur poste et peuvent seulement avoir une pensée pour la mort en parcourant les voies qui lui étaient familières.

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...CEUX DU RAIL, Etienne CATTIN P 21.

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...Au mois de février 1920 débute au chemin de fer une grève, qui va durer près d'un mois et qui va marquer profondément les mentalités, tant chez les cheminots que dans le grand public.

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...Nous sommes en 1920, un cheminot syndicaliste du dépôt de VILLENEUVE-SAINT-GEORGES, du nom de CAMPANAUD, est mis à pied après avoir quitté son poste pour assister au congrès de LYON. Cette sanction déclenche un mouvement de grève sans précédent dans l'histoire des chemins de fer.

...Partie du PLM, l'agitation gagne l'ensemble des compagnies. Les dirigeants réagissent avec vigueur. La troupe est envoyée et de nombreux grévistes réquisitionnés par la force pour faire rouler les trains.

...Le mouvement est aussi très vigoureusement combattu par les pouvoirs publics. Plusieurs centaines de délégués syndicaux sont arrêtés pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et plus de 15 000 cheminots grévistes seront licenciés.

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...C'est au cours de ce mouvement que les syndicats du chemin de fer demandent la nationalisation des compagnies. Ils devront atteindre près de vingt ans pour que l'opération se réalise et encore...

...Les conditions de la fusion seront telle que lors de l'élaboration du protocole de fusion des compagnies, en août 1937, la CGT baptisera la SNCF de "Sabotage de la Nationalisation par le Capitalisme Ferroviaire"...

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...LE TRAIN : Souvenirs et objet du chemin de fer P 112.

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...Toute faute au règlement de sécurité, en particulier le franchissement d'un signal commandant l'arrêt, faute rarissime il faut bien le dire, entraînait les mêmes sanctions : lourde amende, descente infamente à l'atelier d'une période d'un mois quand elle n'était pas définitive, inutile dans ce cas d'invoquer le brouillard, la pluie ou la neige.

...Selon le règlement, "un mécanicien ne doit pas hésiter à ralentir sa vitesse si les circonstances atmosphériques rendent difficile l'observation des signaux". Seulement voilà, qui va réduire le premier la vitesse ? le mécano du train précédent ou celui du suivant ? Alors dans le doute, chaque équipe, le mécano et son chauffeur, écarquillait les yeux à les faire sortir de leurs orbites et faisait l'heure.

...Qui à l'arrivée, pouvait soupçonner la tension nerveuse qu'ils avaient supportée ?

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...LA VAPEUR, Jacques TONNAIRE P 78.

   La pratique d'un métier aux grandes responsabilités tel que le nôtre n'allait pas sans une application rigoureuse de la réglementation. La sécurité à la SNCF n'est pas une vue de l'esprit mais une nécessité absolue.

   Toute faute la remettant en cause était impitoyablement sanctionnée.

   -Non-vigilance (enregistrement sur la bande graphique) ou vigilance tardive d'un signal d'avertissement fermé.

   -Dépassement de la vitesse au-dessus de cinq kilomètres à l'heure ou sur plus de 1500 mètres.

   -Franchissement d'un signal d'arrêt fermé, entraînaient des sanctions pouvant aller jusq'au retrait un temps du service des machines.

   Les pertes de temps non suffisament justifiées etc... étaient également réprimées.

   La vapeur en fumée, Roger HABERT P 180.

    Plusieurs fois par an, chaque mécanicien ou élève mécanicien passait "à la toise"; c'était l'interrogatoire par un chef mécanicien qui devait veiller au maintien des connaissances.

   Chaque années également, des journées d'instruction nous étaient dispensées, à tour de rôle il nous fallait plancher devant le tableau noir. Jonglant avec la collection de réglements, depuis le fameux article 101 du titre 1 "Signaux : Tout agent quel que soit son grade doit obéissance passive et immédiate aux signaux, etc..." jusqu'à l'article 30 de l'instruction sur la composition des trains, en passant par les multiples instructions générales ou régionales, c'était l'occasion d'une bonne révision et de nuits passées au lit...

   La vapeur en fumée, Roger HABERT P 180.

   Sur le plan de la discipline, pas de cadeaux : retards à la prise de service, perte d'outillage, etc... Autant de motifs de sanctions. Il était normal que soient respectés les réglements, les horaires, les vitesses, enfin tout ce qui concourait au bon fonctionnement d'un service réputé pour la sécurité et son exactitude.

   Par contre, je me suis toujours élevé contre les abus de pouvoir de certains dirigeants :

   -Une remise du livret des ralentissemments "Bulletin Lim" en vigueur sur la région Est non émargée ou émargée avec quelque retard (parfois quelques minutes), sanction ;

   -Un oubli dans la visite de la machine, sanction ;

   -Une fausse manoeuvre du robinet de frein automatique ayant entraîné quelques minutes de retard, sanction.

   On travaillait avec l'épée de Damocles suspendue au-dessus de nos tête.

   La vapeur en fumée , Roger HABERT P 180.

   Lorsque je suis entré comme apprenti en 1937, je me souviens qu'à cette époque la compagnie de l'est ne trouvait rien de mieux à faire que d'afficher les sanctions ! Sur le tableau derrière une vitre étaient épinglées les fiches de punitions où les noms du mécanicien et du chauffeur, calligraphiés en belle écriture ronde, s'étalaient au su et au vu de tous.

   Au hasard de mes souvenirs, j'ai retenu : "Mécanicien X... Chauffeur Y... Locomotive N°... Au cours de la remorque du train 40/34, mauvaise utilisation du robinet de frein à l'arrêt de TROYES provoquant le bris de vaisselle du wagon restaurant. Diminution sur prime de 9 francs pour le mécanicien et de 6 francs pour le chauffeur"...

   Authentique ! La vieille et honteuse coutume du pilori continuait de faire école ! Par la suite cela devait disparaître, le tableau mais pas les sanctions.

   La vapeur en fumée, Roger HABERT P 180.