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Par 07.45.75.58.71what, le 19.12.2022
top! de beaux souvenirs qui resteront inoubliables. amitiés http://rochsna ke.centerblog. net
Par rochsnake, le 26.09.2022
salut l'ami. un petit coucou depuis le costa rica. autre pays, autres randos. sûr que ça change au niveau aéri
Par rochsnake, le 30.08.2022
cool. merci pour les images. amitiés http://rochsna ke.centerblog. net
Par rochsnake, le 12.03.2022
un parcours intéressant, merci de l'avoir décrit. tout de bon http://rochsna ke.centerblog. net
Par rochsnake, le 15.02.2022
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Date de création : 21.10.2014
Dernière mise à jour :
25.09.2022
218 articles
25 août 2022. Après ma dernière visite au Tenneverge, je reviens au barrage d'Emosson avec l'idée de me faire une dernière bavante pour terminer cet été quelque peu frustrant. L'objectif du jour sera la Tour Sallière.
Il est 7h du matin lorsque je démarre. Fort de mon expérience de la semaine passée, et conformément aux conseils du topo « camptocamp », j'ai pris la peine de venir avec le VTT. Je m'engage dans le tunnel de la rive Nord du barrage. Le passage est un peu galère en l'absence de lumière, et je manque de me gaufrer une ou deux fois dans de beaux nids de poule. Une fois de l'autre côté, la route monte gentiment avant une longue portion descendante. Je décide de laisser le VTT au terme de la route goudronnée, même s'il s'avérera par la suite qu'il est encore possible de poursuivre avec, moyennant quelques petits portages. De toute évidence, l'emploi du vélo fait gagner ici un temps considérable sur ces presque 3 kilomètres d'approche.
La suite est bucolique au possible avec un sentier en balcon très agréable, situé à une cinquantaine de mètres au-dessus de la rive du lac. J'arrive finalement au bout du lac, bien content d'avoir écourté cette approche longue comme un jour sans pain. Les premiers cairns suivent plus ou moins le petit torrent qui coule au fond de la combe, et le sentier commence enfin à prendre significativement de l'altitude. J'ai pris la peine de télécharger une trace GPS, même si l'itinéraire s'annonce plutôt évident. Je perds quelques fois la trace dans les herbes hautes, avant que le sentier ne monte franchement vers une petite barre que l'on contourne par la gauche. Je rejoins ainsi un grand pierrier où je traverse le torrent. A partir d'ici, l'itinéraire est très discrètement balisé en rouge. Le soleil est déjà bien haut sur le Tenneverge et le Ruan, mais je me caille encore un peu à l'ombre.
Après une longue montée et une succession de bosses herbeuses, je rejoins le large replat des Chaux Derrière. La vue est désormais bien dégagée sur la suite de l'itinéraire, et la Tour Sallière fait forte impression. A proximité, le Ruan semble tout petit. Devant moi se trouve le grand pierrier issu de l'ancien Glacier de la Tour Sallière. Je commence à le remonter et suis rapidement déçu en bien. Je croyais avoir à mener une bonne baston, mais finalement le pierrier est très compact et la progression est plutôt facile. Au sommet de celui-ci, je rejoins la petite barre qui ceinture le bastion sommital de la Tour Sallière. Un rapide crochet par la gauche via quelques bancs rocheux permet de contourner le barre et de rejoindre le plateau suspendu sous la face Sud-Est du sommet. Après une traversée vers le Nord-Est, je rejoins les restes à l'agonie du glacier. La traversée se fait sans crampons. Une courte montée me mène à l'Epaule, un petit collet sur l'arête Sud-Est de la Tour Sallière.
Je m'équipe avec le casque et m'engage sur la croupe rocheuse qui mène à la base des escarpements de l'arête. Le topo et les différents cr annoncent un rocher immonde dans cette voie normale. On verra bien, mais je sais déjà qu'il va falloir se montrer très attentif. Une traversée ascendante sur les flancs du versant Sud mène au premier couloir. Je prends d'emblée soin de bien suivre les cairns, et le terrain s'annonce déjà bien délité. Ce premier couloir est vite avalé, et la suite propose une succession de traversées et de courtes cheminées. Le topo est un peu lacunaire ici, et se contente de mentionner les quelques passages grimpants notables. En même temps, difficile de faire quelque chose de bien précis quand tous les couloirs et cailloux se ressemblent. Cette arête sommitale est peu difficile techniquement. L'escalade se fait en pas de II sur la plupart des portions grimpantes. Le rocher est globalement solide dès que ça grimpe, et plutôt aléatoire dans les traversées. Mais c'est aussi un avantage, car sitôt que l'on s'éloigne de la voie commence une partie de démineur qui alerte vite sur le mauvais itinéraire que l'on suit.
Après une petite demi-heure, j'arrive sous le dernier couloir. Un pierrier croulant tapisse le fond, aussi j'utilise la rive droite pour le remonter. Plus haut, je le traverse pour rejoindre une dalle en III qui s'escalade de droite à gauche. Quelques rochers brisés faciles et me voilà au sommet de le Tour Sallière à 11h. Le panorama est absolument fabuleux, sans doute le plus beau du secteur avec celui du Tenneverge. Je fais une petite pause, mais décide de descendre rapidement. L'idée initiale était de faire une traversée via la face Nord-Ouest, mais je préfère finalement aller le plus vite possible pour rentrer tôt à la maison. La descente jusqu'à l'Epaule me prend quasi autant de temps que la montée. Il faut dire que ce terrain délité impose beaucoup de prudence et fatigue nerveusement. Une fois à l'Epaule, je fais une pause sandwich avant de filer en bas pour rejoindre le parking à 13h.
Voilà une journée idéale pour terminer cet été sur une note positive. Il y a encore de quoi faire dans le secteur, mais c'est un bel objectif de plus en moins...
J’avais cet itinéraire en tête depuis ma visite de la rampe Sud en 2019. La principale source de questionnement restait ce ressaut qui barre l’itinéraire à mi-parcours. À priori, le bas et le haut sont vraiment rando, mais quid de ce ressaut ? Le compte-rendu de Pascal avait le mérite de montrer une photo. Mais comme pour toutes les autres trouvées ça et là sur le net, elles ne sont bonnes qu’à sous-estimer ou sur-estimer la difficulté. Après avoir passé des années à me bousiller les yeux sur les photos et la carte IGN. Après avoir fait des repérages aux jumelles, dont une il y a une semaine lors d’une visite de l’arête Est. Après avoir finalement regardé l’itinéraire depuis le haut, j’ai décidé qu’il était temps d’aller voir ça en vrai plutôt que de faire des plans sur la comète.
Départ à 9h de la Fétuière, où le parking est déjà bien plein. L’impératif horaire est d’être rentré peu après midi dans la Vallée de l’Arve. Il va falloir marner un peu ! Il fait déjà bien chaud, même en forêt, et c’est en sueur que j’arrive aux Chalets d’Oche. Il y a déjà plusieurs groupes en route pour le sommet, via la voie normale. Pour ma part, j’emprunte le sentier en direction du Col Planchamps. Contrairement à 2019, je décide de ne pas remonter directement vers la rampe en passant par le pierrier. Dans mes souvenirs, cela avait été plus que fastidieux. Cette fois-ci, je remonte sur le sentier du col, jusqu’au premier lacet bien prononcé à droite. En suivant une trace de bouquetin vers l’Ouest, j’arrive beaucoup plus facilement au pied de la rampe qui mène à la grotte.
La remontée de la rampe est bien moins agréable que dans mon souvenir, en raison sans doute d’une végétation plus dense. Une fois au pied du couloir d’accès, je m’équipe avec le casque et le piolet et quitte l’itinéraire de la rampe Sud. Le couloir monte à droite vers le fameux ressaut. Tout est encore bien rando pour le moment, même s’il faut déjà se monter concentré pour éviter une glissade. Le centre du couloir n’est qu’un pierrier croulant infâme, aussi j’utilise plutôt les rives, et notamment la croupe Est pourvue de bonnes marches herbeuses.
J’arrive enfin sous le ressaut. À première vue, il n’y a rien d’insurmontable, mais il est vrai que le passage, d’une petite dizaine de mètres, n’engage pas plus que ça. Je commence l’escalade, en suivant une ligne herbeuse en ascendance vers la droite. C’est du II chablaisien, mélange de rocher, de terre et d’herbe. Le rocher est globalement très solide et adhérent. J’utilise beaucoup le piolet que je plante dans l’herbe entre les passages rocheux. L’expérience prouve que cela reste la seule assurance valable dans ce genre de terrain. Après un petit regard en arrière qui invite à la concentration, une seconde traversée, vers la gauche cette fois, me permet de déboucher sur les pentes herbeuses faciles au-dessus du ressaut. La tension descend un peu, car je sais que le crux est derrière moi, même si le topo hivernal parlait encore de quelques pentes raides plus haut.
Je me trouve sur la petite vire herbeuse et joliment aérienne, que le topo indique de suivre vers la droite pour arriver à l’angle du pilier qui barre le passage à droite du ressaut. Là encore, il n’y a rien de difficile mais il ne faut pas glisser. La vire mène à un dévaloir qui surplombe une petite paroi. Je le traverse très prudemment et retrouve une pente herbeuse. La suite de l’itinéraire se dévoile enfin. À priori, ce n’est qu’un long couloir herbeux jusqu’au sommet, avec deux sorties possibles à droite et à gauche du sommet. Comme le topo l’indiquait, les pentes herbeuses qui suivent sont parfois très raides (50° environ), mais heureusement on arrive toujours à louvoyer à droite et à gauche pour trouver le meilleur passage.
L’ambiance est très sympa et on a vraiment le sentiment d’être écrasé par les contreforts qui descendent du sommet. Néanmoins, j’avais préféré la rampe Sud, et notamment la vire menant à la sortie au-dessus du refuge. Mais ne boudons pas notre plaisir, cette face Sud est tout de même sublime. La remontée du couloir se fait assez vite, et je décide de sortir par la gauche (Ouest). J’observe quelques randonneurs sur le voie de descente à l’Est du sommet. À priori, je suis encore incognito pour le moment. J’ai la désagréable surprise de trouver le haut du couloir jonché de débris de verre. "Près des cîmes, loin des cons" il paraît...
Environ 50 mètres sous la sortie, je trouve un dernier ressaut très facile (du II) qui s’escalade sans problème. Une dernière pente herbeuse, et je sors à proximité du point où j’étais venu observer la sortie de l’itinéraire la semaine dernière. Il est 10h40 quand j’arrive au sommet. Il n’y a qu’un solitaire avec moi. Quelques photos rapides, et je descends par la voie normale du refuge. De retour au parking à 11h40, je me refais l’itinéraire dans la tête. Difficile de faire un classement objectif, mais si je devais le faire, alors Trépertuis est sans doute la plus belle façon de monter à la Dent, avec la rampe Sud en deuxième position et cette face Sud directe pour fermer la marche.
Dimanche 26 juin 2022. Nous démarrons à 8h30 du Col de l’Encrenaz avec Alexis. C’est notre première rando ensemble depuis cet hiver. Comme à chaque fois, l’approche est l’occasion de partager nos expériences récentes. Pas mal d’alpinisme pour Alexis. Beaucoup de repérages dans ce secteur du Roc d’Enfer pour moi.
L’approche du sommet Est me semble d’ailleurs encore plus longue que le mois dernier. Nous laissons le sentier du Col Ratti à la mi-montée, pour nous diriger vers la grande face herbeuse qui mène à l’épaule à l’Est du sommet Est. La montée est raide et l’herbe est encore bien trempée des orages de la veille. Les mollets chauffent bien, mais nous trouvons pas mal de traces de chamois qui nous facilitent la tâche. J’ai une super caisse et Alexis aussi semble en forme. Après l’épaule, nous traversons vers le sommet Est, et avons le loisir d’observer une harde de bouquetins juste sous la Pointe du Replan.
La dernière pente, bien que raide, est vite avalée, et nous débouchons au sommet Est à 9h45. Nous nous équipons en alpi, et descendons de quelques mètres en versant Ouest pour trouver le rappel. Après une descente de 25 mètres, nous débouchons sur un petit collet, juste derrière un gendarme. Je vais voir rapidement sur celui-ci, mais la traversée semble compliquée. Nous décidons de faire au plus simple en descendant de quelques mètres dans les pentes herbeuses du versant Sud pour contourner la difficulté.
La suite de l’arête se traverse sur un fil aérien mais facile, alternance de passages rocheux et herbeux. Nous contournons un deuxième gendarme par la gauche avant de buter sur un troisième.
Une petite désescalade en rocher suspect, mais finalement correct, sur la gauche, nous permet de rejoindre la large crête herbeuse qui monte en direction du Roc d’Enfer.
Je sais qu’une bonne partie des questions sont derrière nous, mais il reste encore le ressaut et la pente finale, sujets des interrogations les plus sérieuses. Dans le pire des cas, il sera possible de sortir par l’écharpe de la face Sud pour retrouver la voie normale, mais la traversée en sera forcément moins esthétique.
À mesure que nous approchons du sommet, la crête se fait plus raide et après quelques passages rocheux faciles, nous atteignons le pied du ressaut qui barre l’accès à la dernière pente. Celle-ci semble assez facile depuis notre point de vue actuel. Alexis s’encorde et passe en tête, car il est nettement plus compétent que moi dans la pose des protections, et en escalade en règle générale.
Il tente d’abord de passer tout droit, sans succès. Une deuxième tentative dans une cheminée plus à gauche n’a pas plus de réussite. Le rocher est globalement solide, mais extrêmement compact. Impossible de poser un friend, même le plus petit.
L’escalade ne semble pourtant vraiment pas difficile, mais monter 15 mètres en libre sans protections, c’est un peu trop d’engagement pour nous. Après un bon 1/4 d’heure à essayer dans tous les sens, nous signons le but et nous décordons.
Mais Alexis se ravise, se réencorde, et décide de passer au mental. Il monte, il monte, il monte. Il tente dix fois de poser des friends. Pas une fissure à l’horizon. Finalement, il sort sur une plate-forme au-dessus du ressaut de 15 mètres et poursuit dans la pente mixte. Il parvient enfin à poser un friend dans une petite fissure.
Environ 25 mètres d’escalade, certes facile, mais sans aucune protection. Chapeau l’artiste ! Le milieu de la corde vient de passer, et Alexis décide de poursuivre encore pour tenter d’atteindre une zone rocheuse. Il sort son petit piolet à pitonner et tente de dégager des fissures par ci par là, mais ne trouve rien de bien approprié. Par pure flemme, nous avions balancé la corde dans le sac après le rappel, ce qui donne un dialogue savoureux dont on a le secret :
Bref après une dizaine de mètres, Alexis place enfin un second friend douteux. 25 mètres plus haut, il atteint la zone rocheuse et pitonne tant bien que mal pour poser un relai.
Je peux enfin le rejoindre enfin, en bon couard assuré depuis le haut. Finalement, le ressaut passe très bien (facile à dire quand on n’est pas en tête et sans protections) et l’escalade est plaisante et ludique.
J’atteins la plate-forme et peut enfin découvrir la dernière pente, qui semblait facile depuis le pied du ressaut. Elle est en réalité proprement immonde. Des graviers, de la terre, de l’herbe, des racines, du rocher, le tout aggloméré de façon plus ou moins solide et tout ça bien raide (un bon 45° voir plus). Chapeau à Alexis pour avoir remonté ça à poil. Même en second, je prends bien le temps d’assurer ma grimpe, et utilise à plusieurs reprises le piolet, les racines ou les herbes. C’est moche, mais ça marche !
Une fois que j’ai rejoins Alexis, il me laisse l’honneur de faire les derniers mètres en tête. Après une traversée de quelques mètres à droite sur une banquette rocheuse, je remonte droit vers le sommet le long d’une petite croupe rocheuse. Je plante le piolet dans l’herbe de la main gauche, monte d’un petit mètre sur la croupe à droite, récupère le piolet et recommence. Tout ça pour dire que le piolet reste une bonne assurance dans ce genre de terrain où les protections classiques sont quasi inutilisables.
Après quelques minutes, j’arrive au sommet de la croupe, marqué par une écaille rocheuse et poursuis sur les pentes herbeuses sommitale jusqu’au sommet. Il est 12h et nous décidons de descendre au plus rapide par la Golette, sans enchaîner avec la traversée intégrale. Après un 1h15, nous sommes de retour au parking, bien heureux d’avoir réalisé ce petit projet. Encore merci et bravo à Alexis pour avoir assuré dans le dur.
Samedi 16 avril 2022. Direction Val d'Isère pour profiter du week-end de Pâques, aux frais de la princesse, dans l'appartement de mes potes Jean et René, accompagnés de Marc. La météo est au beau fixe pour les deux jours, avec seulement quelques nuages annoncés pour ce samedi. L'objectif du jour est la Grande Sassière, sommet que j'avais visité en été il y a quelques années de cela. La journée s'annonce très longue, et je crains un peu cet itinéraire. Moins en raison des difficultés techniques, que du dénivelé et de la longueur associés à l'altitude.
Départ à 7h30 avec une première mauvais surprise devant la route du barrage du Saut, bloquée par une barrière à 1950 mètres. J'avais anticipé cette éventualité à la lecteur des nombreux cr visibles sur le Net, mais c'est un premier coup au moral. Voilà 300 mètres de dénivelé supplémentaires ajoutés au programme. Nous balançons le barda sur le dos et entamons la montée sur la route goudronnée avec les baskets. Les chaussures de ski restent sur les sacs. Finalement ça monte bien et vite, mais les lombaires et les épaules en prennent un coup. Nous trouvons la neige à un kilomètre du barrage et décidons de poser les baskets un peu plus loin.
Après un heure de montée, nous débouchons au niveau du replat du parking d'été. La première vue sur l'itinéraire est un peu décourageante, avec beaucoup de sections sèches entre les névés. A l'évidence, il va falloir porter pas mal ! Là encore, nous savions à quoi nous en tenir après avoir vu les images des webcam de Tignes, mais c'est toujours décevant lorsque les craintes se concrétisent...
Le début de la montée est assez efficace, puisque nous trouvons un bon névé qui serpente entre les pentes herbeuses avant de s'interrompre vers 2300 mètres. Nous portons sur 50 mètres de dénivelé, pour trouver un nouveau névé et entamer la traversée vers l'Ouest, qui doit nous permettre de contourner l'arête empruntée par la voie normale d'été. A partir d'ici, les portages se succèdent et commencent à rapidement nous énerver. Après une section pénible dans des éboulis, nous atteignons finalement une zone d'enneigement continu. Commence alors une longue traversée ascendante vers le Nord pour rejoindre le centre de la Grande Combe qui doit nous donner accès au Glacier de la Sassière. Le moral remonte et j'avance à un bon rythme, souvent loin devant les autres. Comme à chaque fois, impossible pour moi de ralentir. Je suis trop impatient de déboucher sur le glacier et anticipe déjà les difficultés possibles de la suite. Et comme à chaque fois, je vais le payer, mais on en reparlera plus tard...
Au sommet de la Grande Combe, deux possibilités s'offrent à nous. Un petit collet à gauche mène au Glacier de la Sassière. Mais pour le rejoindre il faut remonter une mince rampe neigeuse au-dessus d'une petite barre. De notre point de vue, le passage semble bien raide. Nous choisissons donc de remonter la pente de droite qui mène à l'arête de la voie normale, qui semble nettement plus facile et que je connais déjà. Marc fait la trace jusqu'à l'arête où nous mettons à nouveau les skis sur le sac. Après un peu de crapahute facile dans les rochers, nous atteignons le dernier tiers de l'arête, entièrement en neige. Jean ouvre la marche avec les crabes et la pioche. Le passage fait un petit 40° et la pente plonge sur une petite barre. La neige va très bien à cramponner et le passage se remonte tranquillement. Une fois sur le petite bosse qui surmonte l'arête, nous remettons les skis pour rejoindre le glacier via une petite descente. Il est déjà 12h30, mais le ciel est toujours bleu et je suis soulagé de voir la Sassière aussi proche. Dans mes souvenirs, la sortie de l'arête laissait place à une interminable traversée vers le sommet.
J'entame le remontée du glacier, parfaitement bouché, pendant que les autres s'équipent avec les baudars. Le vent s'est bien levé et je commence à coincer physiquement. Les jambes vont très bien, mais c'est ailleurs que ça pèche. D'expérience, je connais parfaitement cette sensation d'essoufflement et de mal de bide. Mal des montagnes ? Je sais simplement que je suis assez sensible à l'altitude, et que j'ai souvent eu ce genre de coup de moins bien au-dessus des 3000 mètres. Rétrospectivement, j'aurai dû prendre le temps de manger un truc et de vider une gourde. Et peut-être d'avoir un rythme moins soutenu quelques heures auparavant. Je ralentis le rythme pour laisser les autres me rejoindre, et nous décidons d'éviter l'arête Ouest de la voie normale, totalement sèche, pour rejoindre l'arête Nord, moins raide, et où nous avons vu évoluer deux personnes qui sont désormais au sommet.
Alors que nous entamons la traversée ascendante vers le petit col entre la Grande et la Petite Sassière, les deux personnes observées plus tôt commencent la descente du glacier à skis. Ils s'arrêtent à notre niveau et nous discutons un peu. L'arête Nord est en neige et passe parfaitement. Bonne nouvelle ! Ce regain d'énergie sera de courte durée et la suite de la traversée sera un calvaire pour moi. Nous coinçons tous plus ou moins, mais je suis bon dernier et m'arrête tous les 50 mètres pour m'effondrer sur les bâtons et reprendre mon souffle. Marc, qui semble plus en forme, est arrivé au col et pose les skis. Un coup de vent embarque le tout, et un ski part dans la pente du glacier. René et Jean arrivent au col 5 minutes avant moi. Les derniers mètres sont très difficiles pour moi. Il est 14h lorsque j'atteins enfin le col, et il reste encore 200 mètres de dénivelé sur l'arête pour atteindre le sommet.
Marc chausse les skis de Jean et descend chercher son ski. A notre grande surprise, il le retrouve environ 300 mètres plus bas. Sacré coup de chance ! En attendant son retour, nous faisons le pause casse-croûte. Dans ma tête, il est déjà évident que le sommet ne sera pas pour aujourd'hui. Il faudrait remettre les crampons et je n'ai plus d'énergie. Même si la pause repas fera du bien, je pense qu'il est un peu tard pour monter, et ce d'autant plus que de sacrés bancs de nuages commencent à envahir le glacier. Ils vont et viennent, mais à certains moments on ne voit plus à dix mètres. Marc nous rejoint et j'en profite pour monter sur le petit promontoire situé derrière le col. Le Mont Blanc est caché par la Petite Sassière. Dommage !
Après avoir mangé, nous entamons la descente du glacier. La pause repas a été salutaire et j'ai retrouvé mes jambes. La neige est excellente sur cette partie et nous envoyons de grandes courbes, en prenant toutefois soin de rester proches de notre trace de montée. Nous decidons de rejoindre le petit collet que nous avions évité plus tôt. La descente de la langue neigeuse sera plus évidente que celle de l'arête, qui nécessiterait de remettre les crampons. Le passage est raide et la neige a déjà bien chauffé, mais cela passe sans trop de problèmes. La suite est moins agréable à mesure que l'on perd de l'altitude. La neige devient une soupe inskiable alors que nous abordons les névés de la face sud, juste au-dessus du barrage du Saut. Après plusieurs déchaussages, nous retrouvons le replat du parking d'été et récupérons nos baskets. La dernière partie de la descente est anecdotique. Jean, René et Marc terminent sur la route, alors que je m'épargne le dernier lacet en rechaussant les skis sur un névé pourri qui me ramène à la voiture à 17h30. C'est la fin d'une belle journée de ski de Printemps. Je suis forcément un peu déçue de ne pas avoir été au sommet, d'autant plus que les nuages sont finalement restés discrets sur la fin de l'après-midi. Mais on ne peut pas gagner à chaque fois...
Mercredi 8 mars 2022. Je profite d'une matinée de libre pour aller traîner les spatules du côté du Praz-de-Lys et réaliser un vieux projet d'enchaînement entre Marcelly, Couennasse et Haut-Fleury. Rien de bien fantastique ou d'inédit donc, mais je me suis toujours limité au seul Pic du Marcelly jusqu'ici. Le but de ce matin est d'enchaîner les trois versants Nord.
Je démarre à 9h sous un soleil déjà bien chaud. Les conditions anticycloniques perdurent depuis presque deux semaines, et j'ai un peu peur de la qualité de la neige aujourd'hui. Ma dernière visite au Marcelly, réalisée il y a 8 jours de cela en pleine poudre, semble déjà loin. La montée démarre tranquillement sur l'itinéraire aménagé de la station qui monte en direction du petit plateau situé sous le Marcelly. La station s'anime tout doucement, et seul un autre randonneur me suit de loin. Une fois sur le plateau, je rejoins rapidement le pied de la face Nord-Est du Marcelly, déjà bien ensoleillée sur sa partie basse.
La trace de montée est efficace et j'avance à bon rythme. Je pète à nouveau une rondelle sur un bâton (la deuxième cette saison...) à mi-hauteur de la face. De là à dire que je suis un bourrin...L'autre randonneur me dépasse et je galère un peu dans les dernières conversions sous le sommet, là où la pente, un peu plus raide, est labourée par les passages et encore bien gelée. Ce sont surtout les conversions à gauche qui me gênent à cause de ce bâton nu qui s'enfonce plus que de raison. Je rejoins finalement le sommet à 9h57 et suis un peu déçu de ne pas avoir été plus vite.
Après un rapide coup d’œil panoramique, j'entame la descente. La neige est encore relativement bonne, avec une poudre tassée bien agréable à skier et ce en dépit des multiples passages qui ont transformé le Marcelly en vulgaire hors-piste. Je repeaute au niveau du plateau à 10h15 et reprends l'itinéraire de randonnée de la station qui monte vers le Lac de Roy. Au niveau du petit col qui permet de descendre sur le Chalet de Roy, j'hésite un instant à monter directement à la Couennasse par l'arête Est. Finalement, je décide de rester sur l'itinéraire classique du versant Nord, et entame la traversée vers l'Ouest pour rejoindre celui-ci.
N'ayant jamais réalisé la Couennasse en hiver, je décide de couper au plus court, en suivant une trace qui remonte au plus vite vers l'arête. La montée est très efficace, et en quelques Z, je débouche sur l'arête Est, à mi-chemin entre le col passé précédemment et le sommet principal. Je mets les skis sur le sac et remonte l'arête à pieds jusqu'à l'antécime Est (1921 mètres). En poursuivant vers la dépression qui me sépare du sommet principal, j'ai la surprise de me retrouver face à un ressaut rocheux aérien d'environ 5 mètres. Rien d'insurmontable en été, mais là, avec les chaussures de ski, je n'ai pas vraiment confiance et décide de ne pas me lancer dans une désescalade aujourd'hui. Il est déjà 11h, alors tant pis pour le vrai sommet. Direction le Haut Fleury !
La descente en versant Nord est excellente, avec de belles portions de poudre encore immaculées entre les vernes. Je repeaute pour la dernière montée et me dirige vers la piste bleue du Lac. Je commence à caler physiquement et paie sans doute mon départ trop rapide. Je remonte à côté de la piste et rejoins rapidement le pied du Haut Fleury. Après avoir mis les skis sur le sac, je remonte le long de la crête Sud pour rejoindre le sommet à 12h. La descente sous le gazex est nettement moins bonne que les deux précédentes, en raison notamment du trop grand nombre de passages. Mais ça reste néanmoins sympathique. Je termine tranquillement sur les pistes et termine mon petit tour à 12h15, bien content d'avoir pris l'air avant d'aller au boulot.
Mercredi 23 Février 2022. Nous démarrons du parking des Troncs à 8h30 avec Bernard. C'est la seconde fois que je viens ici cet hiver, après un joli tour de la Petite Miaz il y a deux semaines de cela. L'objectif du jour est le Col des Verts. C'est un peu un plan trouvé à la dernière minute. Le BRA est un peu bâtard aujourd'hui, avec un risque 3 au-dessus de 1800 mètres. Les versants Sud et Sud-Ouest sont conseillés en raison des forts vents des derniers jours, et il convient évidemment d'éviter les fortes pentes. Mais la dernière chute de neige étant assez récente, nous avons craint d'avoir à descendre dans une neige infâme, le soleil ayant tapé fort la veille. Avec le Col des Verts, nous aurons à priori une combe Ouest bien abritée, et relativement safe si l'on met de côté les derniers mètres plus raides.
Comme souvent dans le secteur, l'approche est relativement longue. Nous suivons une bonne trace dans les bois pour rejoindre le Chalet de Plattuy où la Pointe Percée se dévoile enfin. Il y a de belles quantités de poudre, encore bien légère dans les parties abritées du soleil la veille. Une longue traversée nous mène au Chalet du Planey où nous hésitons. La montée vers le Refuge Gramusset peut être un peu piégeuse, avec beaucoup de ruptures de pentes entre les différentes bosses qui parsèment l'itinéraire. De plus, nous avons pu voir de loin que la neige a été bien travaillé par le vent dans cette partie. Finalement, nous décidons de suivre la trace la plus directe, qui monte sous le câble transporteur du refuge.
Après un bon ¼ d'heure, nous dépassons un couple. Mine de rien, nous n'avions encore croisé personne, ce qui est assez étonnant dans ce secteur. La trace est peu efficace, mais elle a le mérite d'éviter toutes les pentes les plus raides, quitte à exagérer parfois certains détours pour éviter telle ou telle bosse. Je ne vais pas me plaindre, car c'est toujours plus simple que d'avoir à tracer. Nous reprenons deux autres randonneurs solitaires un peu avant d'arriver au refuge Gramusset. Le soleil tape fort, mais le vent de Nord est toujours glacial. La trace ne passe pas par le refuge et monte au contraire vers la Pointe Percée. Je comprends rapidement, en voyant le traceur du jour entamer la remontée de la face Ouest.
Il va donc falloir désormais se sortir un peu les doigts et tracer ! Fort heureusement, le col est en vue et il ne reste plus grand chose. Après une petite traversée de niveau pour rejoindre le centre de la combe des Verts, je rejoins une trace venant de la rive gauche (du côté de la Pointe des Verts). L'effort aura été assez bref ! Après un petit conciliabule avec Bernard, nous décidons de suivre la trace en laissant un bon écart entre nous. Un sondage au bâton ne me donne pas de raisons de m'inquiéter, mais la surface de la neige a été bien travaillé par le vent. Et comme dans le doute y a pas de doute, on prend quelques précautions.
Après une dizaine de minutes, nous faisons une nouvelle pause pour aviser de la suite. La trace monte à gauche de la combe, en direction d'un rocher isolé. Le traceur a poursuivi en piolet-crampons vers les Cheminées de Sallanches. Je poursuis donc jusqu'à rejoindre ledit rocher. Sur le dernier Z, la neige change un peu de consistance et me semble moins safe. Il reste environ 50 mètres de dénivelé pour rejoindre le point 2595 à gauche de la combe des Verts. Mais ces pentes sont aussi les plus raides et ont déjà bien chauffé. Il est 12h, et nous décidons d'arrêter ici pour aujourd'hui.
Les premiers virages sont excellents, dans une neige bien revenue. Nous avons la combe pour nous, avec le luxe de pouvoir tracer les premières traces. Arrivés au centre de la combe, nous nous retournons pour voir le traceur des cheminées descendre et nous dépasser. Nous poursuivons en restant bien à gauche pour longer les pentes vers la Pointe des Verts et les parois Nord de Chombas. Toute cette portion est fantastique, avec 30 centimètres de poudreuse bien légère. Plus bas, c'est un peu moins bon dès que l'on retrouve des pentes qui ont pris le soleil la veille. Un petit couloir sympathique nous permet de rejoindre la fin de la descente réalisée il y a deux semaines à la Petite Miaz. Ce qui avait été un beau combat dans de la trafolle toute gelée la dernière fois, est aujourd'hui un passage bien plaisant avec encore de la poudreuse sur le haut. Le bas est forcément plus dégueulasse, avec une grosse poudre cartonnée inskiable. Le retour sur les pistes de fond est anecdotique. Nous sommes plus que déçus en bien par ce hold-up inattendu. Avoir une combe des Aravis pour nous seuls, cela n'arrive pas chaque année !
Dimanche 13 Février 2022. Avec René, nous rejoignons Bernard sur le parking de « La Pellaz » à Morsullaz. L'objectif du jour est le Tour de la Pointe Blanche, un vieux projet maintes fois reporté ou avorté en cour de route. Nous démarrons à 8h dans un froid bien mordant. La remontée de vallon du Bronze semble toujours aussi longue. Étrangement, nous sommes seuls alors que c'est habituellement l'autoroute dans ce secteur. Un zef pas possible vient nous cueillir alors que nous débouchons sur l'arête de Chevry. Les crêtes fument de tous côtés, et particulièrement au niveau du Col de Balafrasse, porte d'entrée de notre deuxième et dernière descente du jour.
Après une rapide traversée du plateau, nous descendons vers le Pas de Chèvre où nous croisons un ancien qui se dirige aussi vers le Col du Rasoir. Le passage est en bien meilleure condition qu'il y a trois semaines, avec une neige froide bien différente du béton rencontré ici à la mi-janvier. Nous débouchons dans la cuvette au pied de la Combe de Sosay. Le vent a bien travaillé toutes les pentes alentours et un petit sondage au bâton montre la présence d'une petite couche fragile caché sous la neige tombée il y a deux jours. Je laisse partir Bernard sur une centaine de mètres pour laisser un peu de distance entre nous. René fait de même derrière moi. La remontée de la combe est efficace malgré une trace compliquée, qui s'effondre sous nos pas. Nous croisons un skieur solitaire un peu avant le col. Il semble bien galérer pour effectuer des virages dans cette poudreuse soufflée et cartonnée. Nous atteignons le Col du Rasoir à 10h45. Le vent souffle fort et nous ne tardons pas trop. Je m'engage sur l'arête du Rasoir pour éviter les zones rocheuses dégarnies à l'aplomb immédiat du col. Le vent est vraiment costaud et je prends bien mon temps pour éviter de benner d'un côté ou de l'autre.
Nous descendons la combe du Rasoir dans une neige un peu changeante mais plutôt agréable, surtout dans les parties les plus chaudes. Nous croisons quelques personnes qui montent vers le Rasoir, mais je suis encore une fois surpris de voir aussi peu de monde dans le secteur pour un dimanche. Nous repeautons au niveau du replat sous les couennes Sud de Pointe Blanche. Le plan initial était de reprendre la voie normale du Lac de Peyre pour éviter les pentes raides qui devaient avoir déjà bien chauffée. Mais maintenant que nous sommes dessous, la petite combe qui remonte immédiatement à l'Est de la Pointe Blanche semble peu enneigée et déjà bien tracée. Le risque étant limité, nous décidons donc de gagner du temps en passant au plus direct.
Le vent ne se calme pas, et la montée au soleil n'est finalement pas si insupportable que ça. Bernard fait la trace sur le bas et je prends le relai à la moitié de la montée. Le vent se renforce à mesure que nous approchons de l'arête qui monte vers le Passage Pellier. L'arrivée sur celle-ci se fait dans un boucan pas possible avec un vent hurlant et bien froid. Plusieurs groupes se trouvent au-dessus du Lac de Peyre et remontent également vers le Col de Balafrasse. Il est 12h30 et je suis bien content de notre rythme. Je traverse vers celui-ci en coupant au plus court. La traversée ascendante est compliquée. Il y a des accumulations bien visibles et la neige fout le camp sous les skis. Après environ 200 mètres, je suis soulagé de retrouver des zones durcies par le vent juste sous le col. Une fois celui-ci atteint, je tente tant bien que mal de m'abriter derrière un rocher, mais le vent souffle définitivement trop fort. Je me dépêche de m'équiper pour quitter cette horrible turbine et descend sur quelques mètres dans la combe de Sotty.
Le transport éolien étant très fort, il semble évident que la descente qui va suivre s'annonce délicate. Nous choisissons logiquement de passer un par un. J'ouvre la marche et me trouve rapidement au centre du couloir. Mes skis passent immédiatement à travers une énorme plaque qui part sur quelques mètres. Les premiers virages ne sont guère rassurants et tous les voyants sont au rouge. Le vent a complétement plaqué le couloir. J'essaye de passer sur les rives, un peu plus dégarnies. Le BRA à 2 m'avait laissé espérer une descente safe, mais les versants Nord étaient bien annoncés comme les plus piégeux. Après un cinquantaine de mètres, j'atteins le milieu du couloir où je peux m'échapper à gauche sous une zone rocheuse plus raide et totalement sèche. Bernard et René me rejoignent chacun leur tour. Nous nous accordons sur le fait que cette descente daube du cul, aussi bien au niveau du risque que des conditions de ski.
Je poursuit le descente dans le bas du couloir, un peu meilleure (ou moins pire c'est selon). La Combe de Sotty qui fait suite au couloir est juste immonde, avec une belle croûte qui impose de faire des immenses courbes. Une fois en bas, nous nous amusons de constater qu'à trois skieurs, nous avons réussi à pourrir l'intégralité de la combe sur une très grande largeur. Nous retrouvons enfin le soleil, mais la neige reste dégueulasse à cause du vent, et ce dans toutes les orientations. Nous trouvons enfin 100 mètres de bonne poudre juste avant de retrouver le fond du vallon du Bronze. Nous retrouvons le parking, bondé, à 14h pour mettre fin à cette belle journée en montagne. Ce vieux projet a enfin été mené à bien, et je suis bien heureux malgré le ski très médiocre du jour, et tout cela en ayant tout de même conscience d'avoir grillé un petit joker aujourd'hui.
Dimanche 24 octobre 2021. Je retrouve Alexis au parking de « La Lanche » pour un vieux serpent de mer que je voulais visiter depuis un bon moment, la Tête des Trois Hommes.
La mise en jambe s'annonce interminable avec, comme toujours dans ce secteur, une approche longueeeeeeee au possible. C'est finalement une bonne chose, parce que ça caille franchement ce matin (1° au départ). Comme toujours, Alexis et moi profitons de l'approche pour échanger sur nos expériences récentes. Ayant visité le secteur cet été, j'ai eu tout le loisir de repérer le sentier qui mène à la croupe herbeuse sous la Tête des Trois Hommes. La remontée de celle-ci est bien raide, et nous atteignons le couloir d'attaque à 11h, après deux heures d'une approche plutôt commode, ce qui nous change un peu des terrains merdiques.
La remontée du couloir se fait rapidement et sans difficultés. J'avais lu tout et n'importe quoi sur le parcours de l'arête, aussi avons-nous la corde dans le sac en cas de nécessité. Les premiers mètres sont très faciles, et nous progressons sur un joli lapiaz proposant quelques pas de II pas bien méchants. L'arête est parfaitement équipée, avec des points régulièrement espacés. Nous rejoignons une plate-forme où l'arête se redresse brusquement. Je passe en tête et décide de m'encorder par sécurité. Finalement, cela s’avérera inutile. Je m'écarte du fil pour progresser dans un petit couloir. L'escalade impose quelques pas de III très faciles dans un rocher très solide.
Je rejoins le fil lorsque l'arête redevient plus ou moins horizontale. Je peux enfin voir l'arête dans son développement intégral jusqu'au sommet. A priori, nous avons déjà fait la portion la plus « difficile ». Alexis me rejoint et je poursuis en tête sur une belle portion horizontale. La progression est toujours très facile, et après une petite brèche, je me retrouve au pied de la pente sommitale. L'arête disparaît ici dans une large pente de pierrailles. Nous nous décordons et poursuivons facilement vers le sommet que nous atteignons à 12h.
Le panorama est sensationnel, mais nous restons un peu sur notre faim face à cette arête. L'itinéraire reste tout de même magnifique et assez ludique. Après une bonne pause repas, nous entamons la descente qui s'annonce comme la principale difficulté du jour. Une marque jaune indique le départ du couloir Nord-Est. Le topo et les cr s'accordent sur son côté casse-gueule et piégeux. Les premiers mètres ne nous déçoivent pas et rien ne tient, que cela soit sous les pieds ou dans les mains. Nous progressons prudemment, en prenant bien le temps de tester les prises. L'ambiance dans le couloir est sympathique, et la progression demande finalement un peu de réflexion pour ne pas s'engager dans quelques impasses qui donnent sur des barres rocheuses. Après une bonne trentaine de minutes, nous débouchons sur une vaste terrasse herbeuse au pied du couloir. Rétrospectivement, celui-ci est bien plus difficile et dangereux que l'arête empruntée à la montée.
Nous louvoyons un peu entre de petites barres pour rejoindre la cuvette de la Combe des Nants. Une sente à moutons efficace nous ramène sur le sentier de l'aller. Nous profitons de la descente pour faire quelques photos des belles couleurs automnales. Une journée idéale en montagne de plus !
Samedi 25 septembre 2021. Je me retrouve avec Alexis au parking des Chalets de Chevenne pour une escapade au Mont Chauffé. Alexis envisage d'emprunter la Vire au Char à Foin, un itinéraire assez aérien sur lequel les seuls informations disponibles viennent de sorties hivernales en techniques de glace...
N'étant toujours pas à 100% dans la tête, j'ai préféré annoncer la couleur d'entrée. Nous avons convenu de nous retrouver au sommet du Mont Chauffé, que je vais rejoindre en empruntant la face des Crottes. Cet itinéraire n'est à priori pas majeur et propose peu de difficultés. Mais c'est un truc que je voulais visiter dans l'optique d'un futur projet.
Nous partons à 8h40 et rejoignons rapidement la bifurcation où nous devons nous séparer. Le début de la montée vers le Chalet de la Raille, qui devrait être une formalité, me semble bien longue. J'ai des vertiges et doit m'arrêter plusieurs fois. Impossible de regarder le sol. Je dois avancer en regardant loin devant. Je suis habitué à ces petits désagréments en début de randonnée, que je mets toujours sur le compte de crises d'hypoglycémie. Après un petit ¼ d'heure de chauffe, la machine semble enfin décidée à se mettre en route. Je rejoins une petite barre rocheuse que le sentier contourne par la gauche, via un pas équipé facile. Peu après, j'atteins le Chalet de la Raille et m'engage sur une trace discrète qui m'amène au pied de la face des Crottes.
La première vue sur la face me confirme l'impression de facilité de l'itinéraire. A gauche d'une jolie paroi se trouve le couloir qui permet d'accéder aux pentes supérieures. La remontée de celui-ci est une formalité, avec un grimpette très facile et ludique. Le sentier remonte ensuite une grande pente herbeuse, pour rejoindre l'arête à l'Est du Petit Chauffé. Cette portion est un peu étrange. On est tenté de rejoindre directement l'arête, mais le balisage rouge indique de rester en contrebas, pour entamer une longue traversée ascendante vers la gauche. Je débouche finalement sur l'arête, avec une superbe vue sur le couloir de Chevenne, que j'avais envisagé comme une possible voie de descente. J'essaye d'observer et d'écouter si quelques bruits me parviennent de celui-ci, mais aucune trace d'Alexis, qui doit sans doute être déjà engagé sur la vire en versant Nord.
Le court parcours de l'arête me mène à un ressaut en II, facile mais joliment aérien. Derrière celui-ci, je rejoins la voie normale du Chauffé et dépasse la sortie du couloir de Chevenne, qui ne fait pas très envie. J'hésite un peu pour la suite, ne me rappelant plus trop où est le passage dans la paroi, que je n'ai fait qu'une seule fois, et à la descente. Finalement, je regarde au plus logique et trouve le bon passage tout à droite. La suite me semble moins longue que dans mes souvenirs, et je suis au sommet à 10h. Juste le temps de descendre un peu vers la sortie de la vire au Char à Foin, où j'entends raouater, pour voir Alexis remonter la cheminée de sortie. Il me confirme que l'itinéraire est assez facile, mais qu'un où deux pas de grimpe sont très engagés au dessus du vide de la face Nord. Aucun regret pour moi, je n'avais de toute façon pas la tête à ça aujourd'hui.
Après une courte pause au sommet, nous entamons la descente. Nous décidons de visiter le couloir de Chevenne. Comme observé un peu plus tôt, le départ du couloir est bien foireux. Le terrain est raide et tout se casse la gueule, un peu comme dans les dégueuloirs à mortine du Haut-Giffre. Après 15 mètres, ça se calme un peu et nous avons l'occasion d'observer plusieurs bouquetins à quelques pas de nous. La suite de la descente est plutôt plaisante et efficace. On met un peu les mains, avant que le couloir ne s'élargisse pour laisser place à une large combe. En bas du couloir, nous trouvons une belle vipère. Nous rejoignons la voiture à midi, et convenons que ce couloir de Chevenne doit être un sacré beau coin à visiter en hiver. En dépit de l'itinéraire peu ambitieux du jour, je suis bien content de cette belle journée sans prise de tête. Et puis randonner avec Alexis est toujours gage d'un agréable moment entre potes.
Samedi 10 Juillet 2021. Je retrouve Alexis au départ du télésiège de Morsullaz pour une revanche (une de plus?) à la Voie du Temps au Grand Bargy. Cet itinéraire emprunte le grand cirque rocheux que l'on peut voir lorsque l'on monte au petit col situé au sommet du second couloir de l'itinéraire des Ranges. En 2012, un randonneur avait laissé un commentaire sur ma vidéo du Couloir des Ranges, indiquant être passé par ce cirque après avoir manqué la bifurcation à droite au-dessus de l'arrivée du télésiège. Il parlait d'un terrain très raide et exposé, mais était passé seul.
Il y a deux semaines, nous avons fait une première tentative avec Alexis. Hélas, nous avons emprunté un mauvais couloir, qui ne débouchait pas sur le cirque en question. En haut du couloir, nous avons renoncé devant une dalle en V, très difficile voir impossible à protéger. Cette sortie a surtout eu le mérite de me remettre face à mes démons. Tétanisé par la peur, j'ai eu beaucoup de mal à progresser dans des terrains où habituellement je me balade sans aucune difficulté. Le fait de devenir père y est sans doute pour quelque chose, car ces petits incidents se multiplient ces derniers temps. Comme toujours, j'ai laissé passer un peu de temps, réalisant au passage une petite sortie tranquille pour me remettre dedans (arêtes de la Pointe de Chavasse), en essayant de retrouver mes esprits.
Nous démarrons à 12h15. La remontée des pistes est comme toujours efficace, mais assez rébarbative. La vraie journée commence après la gare d'arrivée du télésiège de Morsullaz. Nous remontons derrière celui-ci, en suivant les cairns et le balisage de l'itinéraire des Ranges. Lorsque la trace traverse le couloir pour entamer la longue traversée en sous-bois vers les Ranges, nous quittons celle-ci pour monter droit dans le couloir, en direction d'un petit dévaloir bien visible du bas. La dernière fois, nous étions montés à droite, via quelques pas de II faciles mais exposés. Cette fois-ci, nous choisissons de passer par la gauche, là-même où nous sommes descendus en rappel. De mémoire, ce passage semblait plus commode. C'est vrai, jusqu'à une belle dalle complétement détrempée. Alexis passe en tête et me balance un brin de corde pour monter à l'arrache. La montagne « by fair means »...
Nous débouchons au pied du dévaloir, avec à droite le beau couloir surmonté d'une arche. Quelques gradins faciles nous amènent devant la principale difficulté de l'itinéraire. Une fissure verticale d'environ 10 mètres, annoncée comme un passage en IV par le topo. A droite, nous pouvons voir le couloir de notre précédente tentative avortée. D'ici, la fissure ne semble pas très difficile, mais elle est complétement détrempée, avec une belle résurgence et un rocher qui ressemble à une sacrée savonnette. Alexis passe en tête, et s'engage sur la paroi à droite de la fissure, complétement sèche. De toute façon, avec ma forme morale du moment je ne me vois pas passer ça en tête...
L'escalade se déroule sans trop de difficultés, jusqu'à mi-hauteur, où Alexis tente de traverser vers la gauche pour retrouver l'axe de la fissure. Mais le passage est trop difficile à protéger, et il se résigne à passer tout droit sur une dalle pas si facile que cela, si j'en juge par sa respiration. Après un bon moment hors de ma vue, il me donne le signal pour me lancer à mon tour. L'escalade est plutôt commode jusqu'à la dalle. Celle-ci est bien corsée (un bon Ve degré), du moins pour un randonneur. Je grogne, je tire, je pose les coudes, les genoux, agrippe une touffe d'herbe, et je passe enfin (avec un peu d'aide d'Alexis).
Nous nous trouvons désormais à côté d'un petit arbre. Une vire herbeuse exposée part à gauche pour rejoindre, via un petit pas de grimpe, le cirque rocheux qui doit nous permettre de rejoindre plus haut l'itinéraire des Ranges. Habituellement, je suis très à l'aise sur ce genre de terrain. Mais là, pas moyen de me sentir en confiance. Je demande donc à Alexis de poursuivre en corde tendue. Il accepte sans problème et passe en premier. Le passage de la vire est rendu compliqué par un petit amoncellement de pierres, juste avant de rejoindre le pas de grimpe. Je progresse avec prudence et débouche dans le cirque. Celui-ci est magnifique et très sauvage.
Alexis est déjà rendu plus haut, à l'endroit où les terrasses herbeuses laissent définitivement place aux gradins rocheux. Nous progressons toujours en corde tendue. Les gradins ne sont pas difficiles techniquement et on se trouve toujours dans des passages en II, ou dans un petit III sur de très courtes portions. Mais ils sont remplis de pierrailles et de graviers. J'ai encore du mal à être à l'aise ici. Nous remontons l'intégralité du cirque pour sortir sur la droite à un petit col. Un dernier pas de III un peu athlétique et exposé, et s'en est terminé de la grimpette. La vue sur le Lac Bénit est vertigineuse avec la perspective offerte par le cirque.
Nous décidons de ne pas poursuivre vers le sommet, mais de redescendre directement par le couloir des Ranges qu'Alexis ne connaît pas. Dans cet itinéraire, la descente est bien plus difficile que la montée, même si cela reste relativement rando. C'est aussi l'occasion de confirmer que l'itinéraire est beaucoup moins difficile et impressionnant que lors de notre visite hivernale avec Roland. Cela n'a rien d'une révélation, mais c'est toujours saisissant de voir qu'une pente herbeuse facile, traversée par un bon sentier et située à l'aplomb d'une barre rocheuse, peut se transformer en un toboggan très impressionnant en hiver.
Nous retrouvons rapidement le parking. Alexis a d'autres projets pour cet été et moi également. J'ai besoin de faire moins de montagne pour varier un peu les plaisirs. Surtout, je comptes me forcer à évoluer à nouveau seul pour regagner la confiance perdue dans ces terrains à chamois...