Paul Verlaine ( 1844-1896 )

Publié le 23/09/2024 à 12:46 par poeguy Tags : fleur

       APRES TROIS ANS

 

   Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,

Je me suis promené dans le petit jardin

Qu'éclairait doucement le soleil du matin,

Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle

De vigne folle avec les chaises de rotin ...

Le jet d'eau fai toujours son murmure argentin

Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,

Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,

Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

Même j'ai retrouvé debout la Velléda,

Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,

_ Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

Paul Verlaine

( 1844_1896 )

Poèmes saturniens