Président d'honneur (à partir de 1966) de l'Association de la presse judiciaire, Frédéric Pottecher est sans doute le plus célèbre de nos chroniqueurs judiciaires. Il a toujours voulu faire du prétoire une sorte de théâtre, dont il avait aussi la passion. Avec sa belle voix grave et ses dons de comédien, il faisait vivre un procès avec une fougue qui n'excluait ni l'objectivité ni un sens inné de la justice. Mettant en scène  les protagonistes, il endossait tous les rôles, se glissant, avec la même conviction, dans la peau des juges et des accusés.  Il a suivi, pour le plus grand plaisir de ses auditeurs, les affaires les plus fameuses du dernier demi siècle, à commencer par le procès Pétain, pour la Radiodiffusion française. Il était là aussi pour commenter, avec sa truculence d'un autre âge et sa verve épique, les affaires Dominici, Christian Ranucci ou Patrick Henry.

Frédéric Pottecher n'était pourtant pas voué, dès le départ, aux chroniques judiciaires. C'était avant tout un journaliste, participant à des journaux comme "Comoedia" (de 1931 à 1938), spécialisé dans l'actualité théâtrale, ou "Paris Soir", en 1938-1939. Homme de plume, donc, mais aussi, et peut-être surtout, homme de communication, porté par un talent naturel à, transmettre l'émotion. C'est ainsi qu'il fait ses véritables débuts à la télévision en 1957; dès 1963, en plus de ses chroniques, il y réalisera des émissions aux sujets variés (les prisons, les hôpitaux...). Il poursuivra aussi ses activités à la radio, présentant, de 1969 à 1978, de nombreuses chroniques judiciaires sur Europe 1.

Une autre des passions de Frédéric Pottecher est, nous l'avons dit, le théâtre. Le virus lui a été transmis par son oncle, Maurice Pottecher, qui, en 1895, a créé le théâtre du peuple de Bussang, dans les Vosges. Cette expérience novatrice, qui voyait se mêler, sur la scène, acteurs amateurs et professionnels, a beaucoup marqué Frédéric Pottecher, qui sentit grandir en lui la vocation de comédien. Il appartint d'ailleurs, de 1927 à 1930, à la fameuse troupe dirigée par les Pitoëff. Rien d'étonnant donc à ce qu'il s'essaie, de façon bien fugitive au demeurant, au cinéma.

AU CINEMA.

-"Les bonnes causes" (1963)-Christian-Jaque : rôle du chroniqueur judiciaire.

-"Le couple témoin" (1977)-William klein : rôle de Pottecher.

-"Pentimento" (1989)-Tonie Marshall : rôle d'Etienne.

       Comme à tout journaliste qui voulait tâter du cinéma, on demandait à Frédéric Pottecher d'être lui-même. A cela, tout de même, une notable exception. Tonie Marshall lui confia en effet, en 1989, un véritable rôle de composition, celui d'Etienne, malicieux chauffeur de grande maison. Voilà ce que pensait Frédéric Pottecher de son expérience: "Tonie avait imaginé un personnage qui, paraît-il, me ressemble. J'ai accepté, car je trouvais amusant de faire du cinéma. En fait, il s'agit d'une variante de mon métier (...). On m'indique comment je dois être vraisemblable dans l'imaginaire (...). Si les méthodes du cinéma me semblent proches de celles du journalisme, la grande différence est que, dans notre métier, on doit courir tout le temps. Sur un tournage, pour mettre en place une image, on met un temps infini. Cette lenteur m'embête un peu". Frédéric Pottecher a aussi fait l'acteur à la télévision.

A LA TELEVISION.

-"Léon Blum à l'échelle humaine" (1981)-Pierre Bourgeade et Jacques Rutman.

-"Monsieur Benjamin" (1987)-Marie-Hélène Rebois : rôle du médecin.

          A noter un rôle, modeste mais réel, dans le téléfilm de Marie-Hélène Rebois, dont il est aussi le scénariste. Frédéric Pottecher a également écrit le scénario de deux téléfilms consacrés à des affaires judiciaires: "L'affaire Cleurie" (1976) (dans la série "Messieurs les jurés"), réalisé par Jacques Krier et "L'affaire Marie Besnard" (1986), avec Alice sapritch et mis en scène par Yves-André Hubert.

Enfin, Frédéric Pottecher qui, on l'a vu, aime écrire, a rédigé de nombreux ouvrages, qui mêlent souvent son amour du monde judiciaire et sa passion de l'Histoire, comme "Les grands procès", "Les grands procès de l'Histoire" ou "Les procès de Pétain". Il a aussi rendu hommage à son oncle et satisfait son goût du théâtre en consacrant plusieurs livres au théâtre de Bussang ( "Histoire du théâtre du peuple" par exemple).