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DAMIA (1889-1978)

Publié le 31/10/2016 à 10:10 par kmalden
DAMIA (1889-1978)

                            Damia reste pour la postérité la "tragédienne de l'écran". Toute de noir vêtue, le masque douloureux d'une femme qui se mesure avec le destin et les yeux clairs perdus dans quelque infini, Damia n'interprète pas des chansons, mais fait de chacune un drame poignant. Quiand elle entonne "Les goélands", cette admirable chanson de Lucien Boyer, sa voix rauque se balance en même temps que les ailes du grand oiseau. Les accents de cette mélopée suscitent, sous nos yeux, la vision de l'oiseau "au large essor" et, à la fin, la voix pleine de sanglots se brise au moment d'évoquer le sort funeste du goéland: " (...)Ne tuez pas le goéland (...) car c'est l'âme d'un matelot Qui plane au-dessus d'un tombeau Et pleure...pleure!". Et, littéralement, Damia en son noir fourreau est devenue cette âme échappée des flots qui, avec l'oiseau qui l'a recueillie, jette au loin son "cri sauvage".

                             Damia avait ce don miraculeux d'insuffler aux pires goualantes une sensibilité et une émotion  qu'on n'eût pas soupçonnées. Comme Fréhel ou Berthe Sylva, Damia voit la vie comme une longue géhenne, marquée par un fatum impitoyable. Dans cette vie sans joie, privée de la lumière de l'espoir, chacun ne peut que souffrir et faire souffrir l'autre. Amateurs de "coco", poursuivis par le "mouise", les hommes ne peuvent que sombrer dans une déchéance sans rémission. "J'suis dans la dèche Je n'en peux plus J'voudrais dormir J'ai même plus de crèche J'ai l'coeur tout vide Les mains toutes rêches (...)", chante Damia avec le désespoir de ceux qui sont revenus de tout. Et, au bout de ce désespoir, il n'y a que la nuit, le néant de qui n'a plus la force de vivre: "Tiens l'eau qui coule en bas (...) Elle clapote (...)ça cogne là, dans ma pauvre caboche Hop! Dans la flotte! Qu'est-ce que ça fout!". Et il faut entendre le sanglot convulsif qui enveloppe ce "qu'est-ce que ça fout!", cri pathétique de détresse et d'agonie nihiliste. Alors qui s'étonnera d'entendre la dame en noir pleurer son amour dans ce "Sombre dimanche" , célèbre chanson hongroise, qui fut interdite un temps à Budapest, car elle aurait poussé les gens au suicide? "Je suis restée toute seule et j'ai pleuré tout bas En écoutant hurler la plainte des frimas (...) Je mourrai un dimanche où j'aurai trop souffert(...)".

                            Damia travaillait chaque expression de son beau visage de statue grecque, chaque mouvement de ses bras, qui mimaient le vol d'un oiseau ou la démarche cassée d'une vieille femme, et se servait de la lumière des projecteurs pour donner plus d'intensité et de vie à ses interprétations.

                           C'est le grand Max Dearly qui, privé pour un temps de Mistinguett, donna sa chance à Damia, vers 1910. Elle chante peu après au Petit Casino, en robe rouge et chargée de bijoux. Mais ce n'est pas son style et elle revient bien vite à sa tenue de pierreuse, sa bientôt célèbre robe noire. Puis, elle se produit dans des revues, notamment aux côtés de Maurice Chevalier. Mayol l'engage au Concert qui porte son nom. Sa science de l'éclairage et de la mise en scène, elle la doit en partie à la grande danseuse Loïe Fuller, avec laquelle elle part en tournée lors de la Première guerre mondiale.

                      Le succès vient peu à peu et le public finit par comprendre que Damia n'est pas une diseuse comme les autres. Dans la plupart de ses chansons, elle incarne, au sens fort du mot, des personnages qu'elle sculpte dans un imaginaire si suggestif que, bientôt, on a le sentiment aigu de leur présence. Dans "La suppliante", elle devient sous nos yeux cette "pauv' 'tite vieille" qui demande au Seigneur de pouvoir prier sur la tombe de son fils disparu à la guerre et qui, devant le silence de Dieu, lui adresse cette plainte déchirée, "C'est donc pas toi l'Consolateur". Et, dans "La chaîne" elle habite aussi, avec une émotion frémissante, cette amante désespérée et revenue de tout, qui se condamne, avec son amant, au sort funeste de "deux forçats de l'amour, Rivés au boulet et qui traînent L'infamie de leur chaîne".

                     Parfois, Damia sortait des petits matins blêmes et des nuits de cafard. Elle s'efforçait à la joie et dansait, dans "La guinguette a fermé ses volets", sur les trilles d'un accordéon faubourien. Et puis il y a cet amour vache, cette passion masochiste et malsaine qui, comme Mistinguett, attachent Damia aux brutes qui la maltraitent: "(...)Y'm cogne, y'm démolit, y'm crève, Mais qu'voulez-vous, Moi j'aim' ça". Tout un programme!

                   Après la guerre, le répertoire de Damia paraît bien démodé et la chanteuse prend une semi retraite. Ce qui ne l'empêche pas de se produire à Pleyel en 1949 et d'apparaître, en 1954, sur la scène de l'Olympia, avec, en première partie, un certain Jacques Brel.

                   Cette grande artiste fit quelques apparitions au cinéma.

CARRIERE AU CINEMA:

-"Le lys de la vie" (1920), de Loïe Fuller et Georgette Sorrère-Rôle d'une femme de la mer.

-"Napoléon" (1927), d'Abel Gance-Rôle de la "Marseillaise".

-"Sola" (1931), d'Henri Diamant-Berger-Rôle de Sola.

-"Calais-Douvres" (1931), de Jean Boyer et Anatole Litvak-Rôle de la chanteuse.

-"Tu m'oublieras" (1932), d'Henri Diamant-Berger-Rôle d'Estelle.

-"La tête d'un homme" (1933), de Julien Duvivier-Rôle de la femme lasse.

-"La mauvaise prière" (1935), court-métrage de Maurice Cloche.

-"Napoléon Bonaparte" (1935), d'Abel Gance-Rôle de la "Marseillaise".

-"Les perles de la couronne" (1937), de Sacha Guitry-Rôle d'une femme du peuple.

-"Traqués dans la nuit" (1956), de Robert Darène-Rôle de la mère de Goubbiah.

-"Notre-Dame de Paris" (1956), de Jean Delannoy-Rôle de la mendiante.

                        On demanda bien sûr à cette grande chanteuse de chanter au cinéma. Ce qui lui valut d'incarner Marianne à deux reprises, dans deux versions du fameux "Napoléon" d'Abel Gance. Coiffée du bonnet phrygien, le bras tendu vers le frontière disputée, et sur fond de drapeaux tricolores claquant au vent, Damia entonne une vibrante Marseillaise. Elle chante aussi dans "Calais-Douvres"", de Jean Boyer.

                      On lui confie aussi de petits rôles, des personnages éphémères, le plus souvent privés d'identité: la femme fatiguée de "La tête d'un homme", de Duvivier, la femme du peuple des "Perles de la couronne", de Guitry ou encore, dans son dernier rôle à l'écran, la mendiante du "Notre-Dame de Paris" de Jean Delannoy. A noter aussi sa participation, aux côtés de René Clair, à un court-métrage oublié de son amie, la danseuse Loïe Fuller.

                     Mais certains cinéastes lui confièrent des personnages plus fouillés. Ainsi obtint-elle le rôle titre dans le "Sola" d'Henri Diamant-Berger, où elle incarnait une star déchue de la chanson, échouée dans un cabaret de Singapour, et partagée entre sa passion d'un jeune commissaire et l'amour suicidaire que lui voue un jeune homme tombé sous le charme de sa voix. La même année, le réalisateur lui offre un autre rôle principal, toujours celui d'une célèbre chanteuse qui, au soir de sa vie, veut confier sa fille aux deux imprésarios qui ont fait sa gloire.

                   En 1956, après vingt ans d'absence, Damia revient brièvement au cinéma pour deux films, dont un de Robert Darène, "Traqués dans la nuit", où elle interprète la mère de Jean Marais.

                  Damia eut même la curiosité de monter une fois sur les planches.

CARRIERE AU THEATRE:

-"Le procureur Hallers" (1927), de Louis Forest et Henry de Gorsse, d'après Paul Lindau-Théâtre de l'Odéon.

                  Dans cette pièce de l'homme politique, journaliste et dramaturge Louis Forest, Damia reprend le rôle créé, en 1914, par Jane Marnac.