Minhâj Al-Muslim-La voie du Musulman

Voici un autre exemple :

La plupart des Compagnons du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam avaient quitté la Mecque pour émigrer vers Médine. Mais lui il patienta et attendit jusqu'à ce qu'Allah lui permit de partir. Quelles furent alors les dispositions prises par lui ?

• 1 - Il choisit pour compagnon de voyage Abû Bakr (radiallallahou 'anhou), son meilleur ami.

• 2 - Il préprara les provisions nécessaires pour le voyage. La fille d'Abû Bakr, Asmâ les attacha à la monture avec une partie de sa ceinture qu'elle coupa en deux, ce qui lui valut le surnom de " La femme aux deux ceintures ".

• 3 - Il choisit une monture remarquable pour ce long et pénible voyage.

• 4 - Il élit un guide chevronné connaissant la route dans ses moindres recoins et difficultés pour le mener dans cette odyssée.

• 5 - Sa maison ayant été cernée par l'ennemi qui voulait l'empêcher de fuir, le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) chargea son cousin Alî Ibn Abî Tâlib (radiallahou 'anhou) d'occuper son lit pour dérouter l'ennemi qui guettait sa sortie pour se saisir de lui et le tuer. Il quitta ensuite sa demeure laissant son ennemi épier son lit à travers les fentes de la porte attendant qu'il se lève.

• 6 - Les païens le recherchèrent ensuite activement, lui et son Compagnon. Pour échapper à leur regard, le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) se réfugia avec son Compagnon dans le grotte de Thawr.

• 7 - Quand Abû Bakr (radiallahou 'anhou) lui dit : "Messager d'Allah ! Si l'un d'entre eux se baissait, il nous verrait sûrement !" Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) lui répondit : "  Abû Bakr, que penses-tu de deux personnes ayant Allah pour troisième compagnon ?"

Cet évènement met en exergue les vérités relatives à la foi et la remise confiante en Allah.

Il montre également que le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) ne reniait pas les causes secondes et ne s'appuyait pas entièrement non plus sur elles.

La dernière chose que le croyant fait c'est de s'abandonner à Allah et s'en remettre à Lui en toute confiance et quiétude d'âme.

Après avoir pris les dispositions pour assurer son salut, allant jusqu'à se tapir au fond d'une grotte sombre, infestée de vipères et de scorpions, le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) avec l'assurance du croyant et la certitude de l'homme confiant, dit à son Compagnon peu rassuré :

" Ne t'afflige pas, Allah est avec nous ! Que penses-tu de deux qui ont Allah pour troisième compagnon ? "

(Rapporté par Bukhâri)

Le musulman n'est ni innovateur ni trop zélé ; il puise sa vision des causes secondes dans l'orientation prophétique et l'enseignement muhammadien.

Quant au fait de compter sur soi, le musulman ne lui donne pas la même signification que ceux qui sont coupés de leur âme par leurs propres péchés.

Pour ceux là, compter sur soi revient à rompre avec Allah, car l'homme est capable à lui seul, de produire ses actes et de réaliser toutes ses richesses et acquisitions, Allah n'y étant pour rien. Allah est bien au-dessus de ce qu'ils imaginent !

En préconisant la confiance en soi dans l'acquisition des biens terrestres et la réalisation de toutes ses oeuvres, le musulman vise à n'être l'obligé que d'Allah Seul.

S'il est capable d'accomplir seul son travail, il n'en charge personne. S'il est en état de satisfaire seul son besoin, il ne recourt à nul autre qu'à Allah.

Ainsi son coeur s'attache à Allah Seul, le musulman n'aime pas et n'agrée point que son coeur soit lié à autre que Son Seigneur.

En se conduisant de la sorte, il ne fait que suivre le chemin des gens pieux et des véridiques.

En effet, il arrivait que la cravache tombât de la main de l'un d'entre eux alors qu'il était à cheval et il s'abstenait de demander à autrui de la ramasser pour lui, préférant descendre de sa monture pour la ramasser lui-même.

En recevant le serment d'allégeance d'un nouveau fidèle, le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) exigeait de lui d'accomplir la prière, de payer l'aumône légale [zakât] et de ne jamais rien demander à personne en dehors d'Allah.

Or, en observant cette conduite, c'est à dire en s'en remettant à Allah tout en comptant sur soi, le musulman nourrit sa foi et améliore son caractère en se rappelant de temps à autre, ces versets lumineux et ces hadiths qui sont la source de sa foi et de son caractère.

Allah dit :

" Place ta confiance en Le Vivant qui ne meurt jamais ".

(Coran 25:58)

Il dirent : " Allah nous suffit ; Il est le meilleur garant ".

(Coran 3:159)

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a dit :

" Si vous vous en remettiez à Allah comme il convient de s'en remettre à Lui, Il assurerait votre subsistance comme Il l'assure à l'oiseau qui part le matin affamé et revient le soir rassasié ".

(Rapporté par Tirmidhî)

En sortant de chez lui, le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) disait : " Au nom d'Allah ! Je me fie à Lui. Il n'y a de puissance ni de force qu'en Lui ".

Parlant des 70 000 personnes qui entrent au Paradis sans jugement et sans châtiment, il dit :

" Ce sont ceux qui ne font usage ni de ruqya [la ruqya consiste à employer des formules de guérison. La ruqya admise est celle dont les formules sont tirées du Coran et de la Sunna] ni de cautérisation, qui refusent de tirer présage du vol des oiseaux et qui s'en remettent à Allah ".

(Rapporté par Bukhâri et Muslim)

La voie du musulman p.276-281