Sahîh Al-Bukhârî & Muslim

Ka'b Ibn Mâlik dit : Le femme de Hilâl Ibn Umayya se présenta au Prophète ﷺ et lui dit : " Messager d'Allah ! Hilâl est vieux et n'a pas de serviteur pour l'aider. Est-ce que tu vois d'inconvénient à ce que je reste pour le servir ? " Il ﷺ dit : " Je n'y vois pas d'inconvénient, mais tu ne dois pas avoir de rapport intimes avec lui ". Elle dit : " Par Allah ! Il n'a plus envie de rien et il est à ce jour effondré en larmes depuis le début de cette affaire ".

Ka'b dit : Quelques uns des miens me dirent : " Pourquoi ne demanderais-tu pas au Prophète ﷺ une dérogation pour garder ta femme, comme il l'a fait pour l'épouse de Hilâl, pour l'aider ? " Je dis : " Par Allah ! Je ne lui demanderai pas cela. Je ne peux présumer de sa réaction si je lui demande de garder ma femme vu mon jeune âge ".

Je restai ainsi 10 jours jusqu'à atteindre en tout 50 depuis que le Prophète ﷺ avait interdit aux gens de nous adresser la parole. Alors que j'étais sur le toit d'une de nos chambres et après avoir accompli la prière du Fajr, dans l'état décrit par Allah en détresse, sentant la terre, si vaste qu'elle fut, se rétrécir autour de moi, j'entendis une voix provenant du Mont Sala', crier à tous poumons : " Ô Ka'b Ibn Mâlik ! Reçois la merveilleuse nouvelle ". Je me prosternai alors en soujoûd et compris que le voile de ma détresse venait de se lever et que le Prophète ﷺ avait autorisé l'annonce de l'acceptation de mon repentir par le Seigneur, quand il avait accompli la prière de Fajr.

Les gens s'empressèrent de nous annoncer la bonne nouvelle. Les uns allèrent informer mes 2 compagnons. Un cavalier au galop  vint vers moi et un coureur des Banî Aslam grimpa sur le mont et la voix fut plus rapide que le cheval. Dès que Hamza Al-Aslamî celui qui me contacta vocalement vint à moi, j'ôtai mon habit et je le vêtit avec. Je jure que je n'avais rien d'autre avec moi à offrir. J'allai emprunter deux habits d'Abû Qatâda et je me précipitai pour me présenter devant le Prophète ﷺ. Les gens me recevaient sur mon chemin avec leurs meilleurs vœux pour le pardon que Allah m'avait accordé.

Ka'b Ibn Mâlik dit : J'arrivai à la mosquée. Le Prophète ﷺ étais assis entouré de gens. Talha Ibn Ubayd Allah se leva et vint à ma rencontre à vive allure, il me serra la main et me félicita. Je jure qu'aucun parmi les muhâjirûn ne se leva pour moi en dehors de Talha. Par Allah, je n'oublierai pas cela de lui. Quand je saluai le Prophète ﷺ, alors que son visage rayonnait de joie, il me dit : " Sois heureux du meilleur jour de ta vie depuis que ta mère te mit au monde ". Je dis : " Messager d'Allah ! Est-ce de toi que j'ai le plaisir de ce bonheur ou de la part du Seigneur ? " Il ﷺ me dit : " C'est de la part d'Allah ".

D'habitude, quand le Prophète ﷺ était réjoui, son visage s'épanouissait, on aurait dit un quartier de lune et nous le constations. Quand je m'assis auprès de lui, je lui dis : " Messager d'Allah ! Il est de mon repentir de me dessaisir de tout mon avoir en aumône à Allah et à Son Prophète ". Le Prophète ﷺ me dit : " Il vaudrait mieux pour toi d'en garder une partie ". Alors, Ka'b dit au Prophète ﷺ : " Je retiens ma part de Khaybar. Messager d'Allah ! Allah ne m'a sauvé que parce que j'ai dit la vérité. Et comme pour sceller mon repentir je m'engage à ne dire que la vérité pendant tout ce qui me reste à vivre ".

Je jure, dit Ka'b que jamais personne ne fut mis à l'épreuve de dire toujours la vérité autant que moi depuis que j'en fis la promesse au Prophète ﷺ. Jamais je ne dis volontairement un mensonge depuis cet engagement à ce jour, j'espère que Allah m'en préserve le restant de mes jours.

Allah le Très Haut a révélé :

" Allah a pardonné au Prophète, à ses compagnons d'exil et à ceux qui l'ont accueilli à Médine. Ce sont eux qui l'ont suivi aux heures les plus sombres, quand certains allaient presque faillir à leur devoir. Allah leur a pardonné : Il est plein de mansuétude, si clément. Allah pardonna aux 3 guerriers qui n'avaient pas suivi leurs compagnons et qui, bientôt dans leur détresse, sentirent la terre, si vaste qu'elle fut se rétrécir autour d'eux et leur poitrine se resserrer : ils ne trouvaient plus aucun refuge contre Allah, sinon Allah lui-même. Allah revint envers eux de Ses rigueurs, Il les amena à se repentir sincèrement. Allah est si plein de mansuétude, si Clément. Croyant ! Craignez Allah et joignez-vous à ceux qui sont loyaux ".

(Coran 9:117-119)

Je jure par Allah, dit Ka'b Ibn Mâlik, que jamais aubaine ne fut aussi bénéfique pour moi, après que Allah m'ai guidé à l'Islam, que celle de dire la vérité au Prophète ﷺ et que je ne lui ai pas menti comme l'avaient fait les autres qui l'avaient fâché lors de la ghazwa et courir à ma perdition comme eux, les menteurs.

Allah, que Son Nom soit glorifié, révéla à sujet de ceux qui avait présenté des motifs mensongers au Prophète ﷺ les pires choses dite à quelqu'un. Allah le Très Haut dit :

" Ils n'auront de cesse, à votre retour, de vous accabler de leurs serments : ils pensent pouvoir ainsi éluder vos reproches et détourner d'eux votre attention. Qu'il en soit ainsi. Détournez-vous de ces être immondes, auxquels pour ultime séjour sera affecté la Géhenne, en rétribution de leurs forfaits. Se concilier vos bonnes grâces, voilà ce à quoi ils visent par leurs serments. Mais s'ils trouvent grâce à vos yeux, seront-ils jamais en grâce auprès d'Allah ? Allah ne saurait agréer des scélérats ".

(Coran 9:95-96)

Ka'b dit : Notre cas, nous les 3 était différent de celui des autres qui n'avaient pas participé volontairement à l'expédition militaire, ceux dont le Prophète ﷺ avait reçu les excuses quand ils lui avaient juré de dire la vérité et à qui il serra la main en guise d'acceptation et pour qui il demanda le pardon de Allah. Notre cas, dans l'arbitrage fut reporté par le Prophète ﷺ jusqu'à ce que Allah ait révélé Sa sentence, est une spécifique à nous 3 et non à tout le groupe. Car Allah dit : " Allah pardonna aux 3 guerriers qui n'avaient pas suivi leurs compagnons " mais pas ceux dont Il a dit : " Mais s'ils trouvent grâce à vos yeux, seront-ils jamais en grâce auprès d'Allah ? Allah ne saurait agréer des scélérats ". Car Allah nous vise nous 3 qui avions fait défaut à l'expédition et pour qui la sentence fut portée à la juridiction suprême d'Allah et ne touche pas ceux dont le Prophète ﷺ a accepté les motifs de leur désistement.

(Sahîh Bukhâri 4418, 2757, 2947-2950)

Ce hadith souligne l'importance du repentir qui doit être accompli après chaque péché. En effet, le repentir est signe de soumission à Allah et constitue le moyen par lequel le serviteur cherche Son agrément. De ce fait, lorsque le serviteur commet un péché, il ne doit pas perdre l'espoir en la Miséricorde d'Allah, mais doit impérativement se repentir.