Le Jardin des Sages - Ibn Hibbân

D'après Jâbir (qu'Allah soit satisfait de lui) le Messager d'Allah ﷺ a dit :

" Ménager les sentiments de son frère est une aumône ".

(Sahîh Ibn Hibbân 471)

Une personne sensée doit se montrer complaisante envers son entourage sans pour autant faire des concessions aux dépens de sa religion, car celui qui fait preuve de complaisance accomplit une aumône. Quand à celui qui fait des concessions aux dépens de sa religion, il commet un péché.

Le différence entre la complaisance et les concessions, c'est que l'homme doit consacrer son temps à déployer des efforts pour optimiser son temps de vie en se montrant complaisant tout en évitant de faire des compromis sur ses principes religieux. Ainsi, lorsqu'il adopte une attitude qu'Allah n'aime pas le voir adopter, il s'agit de concessions et non plus de complaisance. Une personne sensée évite donc de faire des concessions compromettantes étant donné qu'elle finit par délaisser bien des points et il pratique la complaisance, car elle participe à l'amélioration de son comportement et celui qui n'est pas complaisant provoque la lassitude de son entourage.

Ibn Al-Hanafiya a dit : " N'est pas sage celui qui n'entretient pas de bon rapport avec ceux qu'il est obligé de fréquenter, jusqu'à ce qu'Allah lui donne une alternative favorable ".

Une personne sensée doit se complaire dans son époque comme le nageur se complait dans l'eau courante. Celui qui fréquente les gens en voulant leur imposer sa façon d'être se complique la vie et n'obtiendra jamais leur amitié, car celle-ci ne s'obtient qu'en les aidant tout en les acceptant comme ils sont, sauf s'il s'agit d'un péché, le cas échéant, il n'y a plus d'écoute ni d'obéissance. Les hommes sont l'objet de passions diverses et de caractères variés. Ainsi, il est tout aussi difficile pour toi de te débarrasser de comportements naturels que pour les autres, il n'y a donc pas d'autres moyens d'acquérir leur sympathie que de les accepter tels qu'ils sont et de fermer les yeux sur leurs écarts sporadiques.

Al-Hassan a dit : " Ô fils d'Adam traite les autres de n'importe quelle manière dont tu souhaiterais être traité ".

Celui qui cherche à plaire à tout le monde cherche l'impossible. Quant à la personne sensée, elle cherche à plaire à ceux qu'elle ne peut éviter de fréquenter. Si l'époque la pousse à apprécier des choses relevant de faits qu'il dédaignait ou à dédaigner des choses qu'il appréciait, tant qu'il ne s'agit pas de péchés, cela relève de la complaisance. Combien ont fait preuve de complaisance et n'ont malgré tout pas été épargnés ? Que dire donc de ceux qui sont incapables de complaisance ?

Mu'âwiya a dit : " Si mon lien aux autres n'était qu'un cheveu, il ne se romprait jamais ".

On lui demanda : " Comment cela ?

Il répondit : " S'ils le tendent, je le relâche et s'ils le relâchent je te le rend ".

Celui qui ne ferme pas les yeux sur les désagréments des autres et n'arrête pas d'avoir des exigences à l'égard de leur comportement sera plus enclin à se rendre la vie difficile que facile, plus amené à s'attirer l'inimitié et la haine que d'être en mesure de leur demander des marques d'amitié et de mettre un terme à l'hostilité. Celui ne fait pas preuve de la même complaisance envers l'ami loyal qu'envers l'ami déloyal manque de résolution.

Abû Ad-Dardâ dit à son épouse Umm Ad-Dardâ : " Si je suis en colère, tu m'apaises. Si tu est en colère, je t'apaise. Le jour où nous ne serons plus comme cela, nous aurons tôt fait de nous séparer ".

Si une personne sensée est amenée à fréquenter des gens sans avoir confiance en leur amitié, ou sans pouvoir se fier en leur fraternité et qu'elle rejette l'une d'elles à cause d'un écart, elle se retrouvera seule sans personne pour lui tenir compagnie. Elle doit au contraire fermer les yeux sur les erreurs de l'ami sincère et ne pas débattre avec l'ami déloyal sur ses fautes. Car il devrait s'interroger sur la nature de leur amitié bien plus que des actes qui en découlent.

Alî a dit : " Ne recours jamais à la tromperie, car c'est un comportement de félon. Soit loyal dans tes conseils, qu'il s'agisse de corriger une faute ou d'encourager une bonne action. Aide ton frère en toute circonstance et suis le où qu'il aille ".

Source : Le Jardin des Sages & les Vertus des nobles Personnages ou le Livre du Bon Sens p.53-55 d'Abû Hâtim Muhammad Ibn Hibbân Al-Busti