Les Ruses de Satan - Ibn Qayyim

Comme le cœur est doté de deux puissances :

1. La puissance de la connaissance et du discernement,
2. La puissance de la volonté et de l'amour,

Sa perfection et sa réforme consistent en son emploi de ces deux puissances dans ce qui lui profite, le réforme et lui procure le bonheur. Sa perfection consiste en effet en ce qu'il utilise la puissance cognitive pour percevoir la vérité t la connaître et pour la distinguer du faux. Elle consiste aussi en ce qu'il utilise la puissance de la volonté et de l'amour pour chercher la vérité, l'aimer et la préférer au faux.

• Celui qui ne connaît pas la vérité est un égaré.
• Celui qui connaît la vérité, mais lui préfère autre chose, encourt la colère divine.
• Celui qui la connaît et la suit jouit du bienfait divin.

Or Allah ﷻ nous a ordonné de Lui demander, dans nos prières, de nous guider sur la voie de ceux qu'Il a comblés de Ses bienfaits, non pas de ceux qui font l'objet de Sa colère, ni des égarés. Si l'égarement caractérise particulièrement ceux qui n'ont pas respecté fidèlement les enseignements de Jésus (paix sur lui), c'est parce qu'ils sont un peuple ignorant. Quant à ceux qui font particulièrement l'objet de la colère divine, ce sont ceux qui n'ont pas respecté fidèlement les prescriptions de Moïse (paix sur lui), car ils sont un peuple entêté. Notre communauté est celle qui jouit des faveurs divines.

Sufyân Ibn Uyayna a dit :

" Les dévots de notre communauté qui dégénèrent ont des points communs avec ceux qui n'ont pas suivi fidèlement Jésus (paix sur lui). Les savant de notre communauté qui dégénèrent ont des poins communs avec ceux qui n'ont pas respecté fidèlement les prescriptions de Moïse (paix sur lui) ".

(Ibn Taymiyya dans Tafsîr sitt Suwar p.450)

Dans le Musnad d'Ahmad et chez At-Tirmidhî, on trouve que Adî Ibn Hâtim rapporte que le Prophète ﷺ a dit :

" Ceux qui ont dévié de la voie de Moïse (paix sur lui) font l'objet de la colère divine et ceux qui n'ont pas respecté fidèlement les prescriptions de Jésus (paix sur lui) sont des égarés ".

(Ahmad 4/378, At-Tirmidhî 2956 et 2954, Tabarâni dans Al-Mu'jam Al-Kabîr 17/98-99 et authentifié par Albâni)

Allah ﷻ a réuni ces deux principes (la puissance cognitive et la puissance volitive) dans bon nombre d'endroits de Son Livre. Voici quelques exemples :

Allah ﷻ a dit :

" Et si Mes serviteurs te questionnent à Mon sujet, qu'ils sachent que Je suis tout proche et que J'exauce les requêtes de celui qui Me supplie lors de ses invocations ; qu'ils Me répondent donc à leur tour par l'obéissance et qu'ils croient en Moi et ce afin qu'ils suivent la bonne voie ".

(Coran 2:186)

Il a réuni dans ce verset la réponse positive à Son rappel (puissance de la volonté) et la foi en Lui (puissance de la connaissance).

Il a dit à propos de Son Messager ﷺ :

" Ceux qui auront cru en lui, l'auront tenu en haute considération, l'auront soutenu et auront suivi la lumière descendue avec lui, ceux là auront le succès ultime ".

(Coran 7:157)

Il a dit :

"Alif, Lâm, Mim ! Voilà le Livre que nul doute n'entache. C'est un guide pour ceux qui sont emplis de crainte pieuse ; ceux qui croient à l'invisible, qui accomplissent la prières " jusqu'à Sa parole : " Ceux là ont le succès ultime ".

(Coran 2:15)

Il a dit au milieu de cette sourate Al-Baqara :

" Mais la piété véritable est celle de celui qui croit en Allah et au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes, qui donne de son bien, malgré l'amour qu'il en a, aux proches, aux orphelins, aux pauvres, au voyageur coupé de toutes ressources, aux mendiants et pour l'affranchissement des esclaves, qui accomplit la prière et donne la zakât " jusqu'à la fin du verset.

(Coran 2:177)

Il a dit :

" Par le temps, l'homme est certes dans la perdition, exception faite de ceux qui croient, effectuent les œuvres salutaires, se conseillent mutuellement la vérité, se conseillent mutuellement la patience ".

(Coran 103:1-3)

Allah a juré par le temps, qui est le réceptacle des actes gagnants et des actes perdants, que tout être est dans la perdition, à l'exception de celui qui a perfectionné sa puissance de connaître par la foi en Allah et la puissance d'agir par la mise en pratique de Ses prescriptions. Il s'agit là d'une perfection personnelle. En plus de cela, le serviteur doit veiller à ce que les autres soient parfaits en leur recommandant ces vertus, notamment la vertu qui en constitue l'élément essentiel, à savoir : la patience. Ainsi, il se perfectionnent lui-même par l'apprentissage du savoir utile et l'accomplissement de l'œuvre pie et il perfectionne autrui en lui enseignant tout cela et en lui recommandant de patienter dans cette voie. C'est pour cette raison qu'Al-Shâfi'î a dit :

" Si les gens méditaient la sourate Al-Asr, elle leur suffirait ".

(Ibn Kathîr dans son Tafsîr 8/3852)

Ce sens se répète souvent dans le Coran. Dans plusieurs endroits du Coran, Allah ﷻ annonce que les bienheureux sont ceux qui ont connu la vérité et l'ont suivie et que les malheureux sont ceux qui ont ignoré la vérité et se sont égarés loin d'elle ou ceux qui l'ont contredite et ont suivi autre chose.

Il faut savoir que ces deux puissances ne s'arrêtent jamais de fonctionner dans le cœur. Si le cœur n'utilise pas sa puissance cognitive dans la connaissance dela vérité et sa perception, il l'utilisera forcément dans la connaissance de ce qui convient à ses passions. De même s'il n'utilise pas sa puissance volitive et pratique dans l'accomplissement de ce qu'implique la vérité comme actes, il l'utilisera dans ce qui est contraire à celle-ci. En effet, l'homme est par nature un être qui quête et qui projette comme a dit le Prophète ﷺ :

" Les noms les plus véridiques sont Hârith (quêteur) et Hammâm (projetant) ".

(Ahmad 4/345, Abû Dawûd 4950 et authentifié par Albâni)

Al-Hârith est celui qui quête et qui œuvre et Al-Hammân est l'être qui veut (murîd). En effet, l'âme est animée par la volonté et son mouvement volontaire est l'une des implications nécessaires de son essence. Or, la volonté nécessite une chose voulue par l'âme et bien distincte à son regard. Si elle ne conçoit pas la vérité, ne la cherche pas et ne la veut pas, elle concevra forcément le faux, le cherchera et le voudra.

Source : Les Ruses de Satan 1/59-61 d'Ibn Al-Qayyim