Zâd Al-Ma'âd - Ibn Al-Qayyim

Maintenant, quel est le jugement de cette question et est-ce que le jeûne ininterrompu est permis, interdit ou déconseillé ? A ces interrogations, les gens donnent trois dires divergents :

1) Le jeûne ininterrompu est permis, si on est est capable. Ce dire appartient à des Anciens et c'est Abd Allah Ibn Zubayr et quelqu'un d'autre qui le rapportent. Ainsi, Abd Allah Ibn Zubayr jeûnait les jours sans interruption. Selon l'allégation des tenants de ce dire, le Prophète ﷺ avait fait faire aux compagnons un jeûne ininterrompu et lui avec eux, en même temps qu'il leur avait défendu de faire le jeûne ininterrompu, comme indiqué par Abû Hurayra dans les deux Sahîhs : " Il a défendu de faire le jeûne ininterrompu, et il a dit : " Je ne suis pas dans votre situation ". Quand ils ont refusé d'arrêter, il leur a fait et lui avec eux, prolonger le jeûne interrompu d'un jour, puis d'un jour, puis d'un jour.

C'est cela son jeûne ininterrompu qu'il avait fait avec ses compagnons, suite à sa défense de faire le jeûne ininterrompu. De plus, si la défense avait le sens de l'interdiction, ses compagnons n'auraient pas refusé d'arrêter et il n'aurait pas approuvé ensuite le jeûne ininterrompu, pour eux.

Les tenants de ce même dire ajoutent : " Quand les compagnons ont fait le jeûne ininterrompu après sa défense de le faire, en même temps qu'il savait et approuvait, il a fait savoir qu'il voulait la miséricorde et l'allègement pour eux ". Aïcha (qu'Allah soit satisfait d'elle) avait dit : " Le Messager d'Allahﷺleur a défendu de aire le jeûne ininterrompu, par miséricorde pour eux ".

2) D'autres disent : " Il n'est pas permis de faire le jeûne ininterrompu ". Parmi les tenants de ce dire, il y a Malik, Abû Hanifa, Chafi'î et Thawry. Ibn Abd Albir dit qu'ils ne l'ont permis à personne. Moi, je dis : " Chafi'î dicte qu'il est déconseillé, alors que ses disciples divergent en deux avis : Il est déconseillé, dans le sens de l'interdiction. Il est déconseillé, dans le sens de la dispense.

Ceux qui l'interdisent arguent de la défense faire par le Prophète ﷺ disant : " La défense commande l'interdiction ". Ils disent : " Le dire de Aïcha " par miséricorde pour eux " n'empêche pas qu'il soit pour l'interdiction, il la conforme. C'est parce qu'il avait de la miséricorde pour eux qu'il l'avait interdit pour eux. Bien plus, toutes ses défenses qu'il avait dictées pour la communauté sont une miséricorde, une magnanimité, une protection. Ils dirent encore : " Quant au jeûne ininterrompu qu'il leur avait fait faire, suite à sa défense de le faire, il n'est pas une confirmation pour eux ". Comment cela pût être, alors qu'il le leur avait défendu ? C'était plutôt un reproche et aussi une correction exemplaire. Il avait supporté d'eux le jeûne ininterrompu, suite à sa défense, pour montrer l'intérêt de la défense. Si les dégâts du jeûne ininterrompu et la sagesse de sa défense s'étaient manifestés à eux, ils seraient plus enclins à le délaisser. Ils disent aussi : " Le Messagerﷺ avait dit : " Si je vous ordonne une chose, faites en ce que vous pouvez. Si je vous défends une chose, évitez la ".

Ils disent : " Le Messager ﷺ avait déclaré dans son hadith que le jeûne ininterrompu était propre à lui, puisqu'il avait dit : " Je ne suis pas dans votre situation ". Si le jeûne interrompu leur était permis, il ne serait pas propre au Messager ﷺ. Ils disent : " Les deux Sahîhs mentionnent par l'intermédiaire de Umar Ibn Al-Khattâb, le dire du Messager : " Quand la nuit arrive par là et que le jour s'en va par là et que le soleil se couche, le jeûneur rompt le jeûne ". Les deux Sahîhs mentionnent à peu près la même chose, par l'intermédiaire du hadith de Abd Allah Ibn Abû Awfa. Ils disent alors : " Il l'avait soumis de droit à la rupture, avec l'entrée du temps de la rupture du jeûne, même si on ne rompt pas le jeûne et cela rend légalement impossible de faire le jeûne ininterrompu ".

Ils disent : Le Messager ﷺ avait dit : " Ma communauté demeure dans la religion  ou ma communauté demeure bien dans la mesure où ils hâtent la rupture du jeûne ". Dans le Sunan, Abû Hurayra rapporte que le Prophète dit : " La religion demeure dominante dans la mesure où les gens hâtent la rupture du jeûne ; les juifs et les chrétiens la retardent ". A nouveau dans le Sunan : " Allah Tout Puissant et Très Haut dit : " D'entre mes serviteurs, celui que j'aime le plus est celui qui hâte plus que les autres la rupture du jeûne ". Cela commande qu'il est déconseillé de retarder la rupture du jeûne. Qu'en serait-il donc si on délaissait la rupture du jeûne ?

3) Qui est le plus modéré des dires, énonce que le jeûne ininterrompu est permis, du point du jour jusqu'au suivant point du jour. C'est ce qu'on a retenu d'Ahmad et Ishaq. Ces derniers rapportent qu'Abû Saïd Al-Khudry le dire du Prophète ﷺ : " Ne faites pas de jeûne ininterrompu. Que celui d'entre vous qui veut le faire le fasse jusqu'au point du jour ". Hadith cité par Al-Bukhâri. C'est le plus modéré jeûne ininterrompu et le plus facile pour le jeûneur. Il est en vérité, à la place du dîner, sauf que ce dîner est reculé. Le jeûneur a un repas, dans le jour et la nuit. S'il mange au point du jour, c'est qu'il le transfère du début à la fin de la nuit. Toutefois, Allah est plus savant.

Source : Zâd Al-Ma'âd d'Ibn Al-Qayyim