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Ce blog me permet de transmettre le message de l'Islam, pour éveiller les âmes à plus de compréhension du monde qui nous entoure et ranimer les mémoires trop endormies sur divers sujets. Les musulmans aspirent à voir une Oumma beaucoup plus unie et soudée bien au-delà de nos divergences.

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Date de création : 10.06.2013
Dernière mise à jour : 04.12.2024
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REPONSE A NEHILI

Un petit service Khadijamine:je cherche la biographie de Ânes Ibnou Malak.

       
Dans Les droits de la mère sur ses enfants par Nehili le 03.01.2017

 

REPONSE DE KHADIJA

 

L’Imam Mâlik naquit à la fin du premier siècle hégirien et son âme retourna à Allah environ vingt ans avant la fin du deuxième siècle. La première moitié de sa vie s’écoula sous le Califat des Omeyyades, alors que la seconde témoigna des premiers épisodes du Califat Abbasside.

Il vécut ainsi à une période mouvementée de l’Histoire islamique où émergèrent de nombreux courants de pensée religieux et politiques. Sous les Omeyyades, le Califat islamique bien guidé fut transformé en un système monarchique. Cela généra discordes, conflits et instabilité, d’autant plus que le nouveau système instauré fut teinté d’un "nationalisme arabe". Dans ce contexte, les non-arabes subirent des injustices et les descendants du noble Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) connurent de dures épreuves sanglantes et de regrettables oppressions.

En 132 A.H., après avoir démantelé les structures du pouvoir Omeyyade, le Califat des Abbassides vit le jour. Le conflit s’attisa alors entre les Abbassides et les Alawites, malgré les liens de parenté qui les liaient... Comme pour réagir au nationalisme arabe qui avait émergé sous les Omeyyades, divers nationalismes non-arabes se développèrent sous les Abbassides. C’est alors que les courants de pensée se multiplièrent, divers groupes religieux montèrent sur scène et l’ouverture sur la philosophie grecque, les pensées persanes ou indiennes s’élargit par le biais de diverses traductions.

Les frontières du monde islamique s’étaient largement étendues à cette époque, la vie matérielle voyait son cercle s’étendre et la nécessité d’apporter des réponses religieuses à des questions originales se faisait croissante, compte tenu de la diversité des peuples ayant embrassé l’islam.

Les opinions juridiques se multiplièrent et deux principales écoles ou méthodologies se dégagèrent.

La première méthodologie, celle des gens du hadith, prônait l’application stricte et rigoureuse du Coran et de la Sunna, mettant l’accent sur la lettre et la narration. Cette école eut de nombreux adeptes et trouva une terre fertile dans le Hijâz en général, et à Médine en particulier. En effet, cette méthodologie était en harmonie avec la vie à Médine, la ville du Prophète : une ville fortement attachée aux enseignements du Prophète et ayant préservé sa simplicité et son climat sain. Médine se dressa longtemps comme un rempart devant les idéologies sociales et politiques étrangères issues des nombreuses conquêtes islamiques et du contact avec de nouveaux peuples et de nouvelles cultures.

La deuxième méthodologie, l’école de l’opinion, plus interprétative que la précédente, prônait également l’attachement, le respect et l’application du Coran et de la Sunna, mais mettait davantage l’accent sur le rôle de l’intellect dans l’appréhension et l’interprétation des énoncés ainsi que dans la déduction des jugements légaux selon les règles de cette discipline. Cette école s’était fortement répandue en Irak qui était, à cette époque, le foyer scientifique musulman le plus actif. L’Irak était fort d’une histoire scientifique riche ; le recours à la recherche et à l’analyse rationnelle était devenu familier dans l’environnement irakien, confronté à diverses cultures, notamment la culture persane où foisonnaient les idéologies et les philosophies.

 

L’Imam Mâlik naquit et vécut à Médine. Il fut ainsi influencé par la vie et l’esprit de cette honorable ville. Il naquit à l’époque de l’Omeyyade Al-Walîd Ibn Abd Al-Malik et retourna à Allah sous le règne de l’Abbasside Hârûn Ar-Rashîd. Ainsi fut-il témoin du Califat Omeyyade et du Califat Abbasside et des luttes qui les opposèrent. Il fut également témoin des luttes entre les Abbassides et les Alawites, du mouvement des Khârijites, et des polémiques ayant opposé les Sunnites aux Shî'ites.

 

Généalogie et naissance de l’Imam Mâlik

Il s’agit de l’un des quatre pôles de la jurisprudence islamique, Mâlik Ibn Anas Ibn Mâlik Ibn Abî Âmir Ibn Amr Ibn Ghaymân Ibn Khathîl Ibn Amr Ibn Al-Hârith.

Son arrière grand-père, Abû Âmir Ibn Amr, fut un Compagnon du Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) Il participa à toutes les batailles du temps du Messager d'Allah, exception faite de la grande bataille de Badr.

Son grand-père, Mâlik Ibn Abî Âmir, fut un grand Successeur qui rapporta des hadiths sur l’autorité du Commandeur des Croyants Umar Ibn Al-Khattâb, de Talhah, de la Mère des Croyants Aïcha, de Abû Hurayra et de Hassân Ibn Thâbit (qu'Allah les agrée tous). Il fut l’un des quatre hommes ayant porté le Commandeur des Croyants Uthmân Ibn Affân (qu'Allah l’agrée), à sa tombe. Il fut l’un des scribes qui inscrivirent le Coran lorsque Uthmân réunit les codex du Coran. On rapporte en outre que le  Cinquième Calife bien-guidé , Umar Ibn Abd Al-Azîz, lui demandait conseil.

Quant au père de Mâlik, Anas, l’histoire ne nous apprend que peu de choses sur lui. Nous savons toutefois qu’il vécut à Dhû Al-Marwah, une oasis dans le désert au nord de Médine, et qu’il gagnait sa vie en fabriquant des arcs. Selon l’opinion la plus solide, sa mère s’appelait Al-Ghâliyah Bint Shurayk Al-Azdiyyah.

L’Imam Mâlik naquit en 93 A.H, à Dhû Al-Marwah. Il vécut ensuite à Al-Aqîq, une vallée dans les alentours de Médine, puis s’installa à Médine, la ville où repose le Messager bien-aimé (Salla Allah 'alayhi wa sallam).

 

Enfance et apprentissage des sciences islamiques

Dans son enfance, l’Imam Mâlik mémorisa le Noble Coran, puis apprit les hadiths prophétiques et les verdicts religieux [fatwâ] des Compagnons. Il étudia la jurisprudence de l’école de l’opinion et s’initia à la réfutation des courants déviants. Il se montra brillant dans l’acquisition des sciences islamiques et se distingua par son excellente mémoire.

Sa mère lui recommanda dans son enfance de se faire le disciple du Successeur, le Hâfidh Abû Uthmân Rabî'ah Ibn Abî Abd Ar-Rahmân Al-Qurashî, pour puiser dans son savoir. Rabî'ah (qu'Allah l’agrée), était surnommé "Rabî'at Ar-Ra'y" pour sa rigueur et son intelligence dans l’interprétation et le raisonnement par analogie. Les savants sont unanimes quant à son éminence en matière de science et de jurisprudence. Yahyâ Ibn Sa'îd dit de lui : "Je n’ai vu plus sensé que Rabî'ah." Le jeune Mâlik apprit la jurisprudence interprétative de l’école de l’opinion auprès de Rabî'ah et, plus tard, lorsque Rabî'ah décéda, Mâlik prononça ces mots nostalgiques : "La saveur de la jurisprudence disparut depuis la mort de Rabî'ah."

L’étape suivante de l’apprentissage de l’Imam Mâlik fut marquée par son initiation auprès d’un grand nombre de Cheikhs. Selon l’Imam An-Nawawî, il eut 900 maîtres dont 300 successeurs, les autres étant des Successeurs de Successeurs. L’Imam Abd Ar-Rahmân Ibn Hurmuz Al-A'raj figurait parmi ses maîtres les plus distingués. Mais parmi ses cheikhs, nous pouvons également citer Nâfi, le noble Successeur affranchi de Abd Allah Ibn Umar, le grand Imam Jafar Ibn Muhammad Al-Bâqir, le juriste et savant mémorisateur Yahyâ Ibn Sa'îd Al-Ansârî le Juge de Médine, et le prédicateur aux exhortations vibrantes, Salamah Ibn Dînâr Abû Hâzim As-Sûfî.

 

Mâlik enseignant

L’excellence de l’Imam Mâlik lui permit d’enseigner et de diffuser la science dès sa jeunesse. On dit même qu’il commença à enseigner à l’âge de dix sept ans. Il choisit la Mosquée du Prophète pour tenir son cercle de science. Plus précisément, il choisit, dans la Mosquée de Médine, l’endroit où se tenait le Calife Juste Umar Ibn Al-Khattâb. C’est là que s’asseyait le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam). Les cours de l’Imam Mâlik ne furent transférés chez lui que plus tard, à cause de sa maladie.

La profusion de sa science attira une foule très nombreuse, sa renommée s’étendit et il occupa une place distinguée dans le cœur des habitants de Médine.

En matière de jurisprudence, Mâlik puisait dans le Noble Coran, exigeant que l’exégète ait une excellente maîtrise de la langue arabe. Puis il s’appuyait sur le hadith et la Sunna, avec une grande minutie dans l’authentification des narrations. Il considérait la pratique des gens de Médine comme un argument législatif.

Ce noble savant prolongeait la réflexion et la méditation avant d’émettre une fatwâ ou un avis juridique. Il disait : "Parfois, on me fait part d’une question et je passe toute la nuit à la traiter." Il arrivait qu’une personne vienne le consulter pour une question juridique et reparte avec pour toute réponse de l’Imam : "Laisse-moi, je dois y réfléchir". La précipitation n’avait aucune place dans ses verdicts. Il en est ainsi pour tous les nobles savants qui pensent en permanence au Jour où ils comparaîtront devant Allah.

Le scrupule de l’Imam Mâlik transparaît aussi dans sa parole : "La chose la plus éprouvante pour moi c’est d’être interrogé sur une question du licite ou de l’illicite, car il s’agit de trancher dans la religion". C’est ainsi que l’Imam Mâlik passa des années sans avancer une opinion sur certaines questions complexes et ambiguës. Il dit : "Voilà une dizaine d’années que je réfléchis à une question, sans arrêter une opinion".

Plus encore, quand l’Imam était questionné sur une chose qu’il ne savait pas, il répondait sobrement : "Je ne sais pas". Lorsqu’une personne insistait en lui disant : "Je suis venu jusqu’à toi de mon lointain pays pour te poser cette question et voici que tu me réponds que tu ne sais pas, toi le grand Imam de Médine. Que vais-je dire aux miens ?" Et l’Imam, imperturbable, de répondre : "Dis-leur que Mâlik ne sait pas".

 

Famille de l’Imam Mâlik

La femme que choisit l’Imam pour l’accompagner dans sa vie n’était pas une femme libre. Il épousa une esclave. On rapporte que l’Imam Mâlik avait beaucoup d’estime pour son épouse et eut d’elle trois fils - Muhammad, Hammâd et Yahyâ - et une fille, Fâtima, appelée Umm Al-Banîn. Umm Al-Banîn connaissait l’ouvrage de son père, Al-Muwattâ, par coeur et avait une connaissance des sciences islamiques supérieures à celle de ses frères. Lorsqu’un élève de Mâlik lisait un passage d’Al-Muwatta dans son cercle d’enseignement, Fâtima se tenait derrière la porte et signalait chaque erreur de lecture en frappant à la porte. Entendant cela, Mâlik demandait au lecteur de reprendre le passage où il s’était trompé.

 

Quelques principes de l’école malékite

La source première sur laquelle s’appuyait l’Imam Mâlik dans sa jurisprudence fut le Noble Coran. C’est dans les versets de la Sage Révélation qu’il cherchait les jugements légaux et les preuves juridiques. Il estimait que toute personne qui se penchait sur l’interprétation des versets coraniques devait absolument avoir une grande maîtrise de la langue arabe, la langue de la révélation. "Si on m’amène un homme qui interprète le Coran sans être savant en langue arabe, je le punirai très certainement", disait-il. Par ailleurs, il ne tenait pas compte des israélismes [Les israëlismes sont des traditions et des idées juives que certaines personnes bien ou mal intentionnées ont tenté au cours de l’histoire d’incorporer dans l’Islam et dans la Sunna, bien qu’étant en contradiction avec ceux-ci] en matière d’exégèse.

Mais la maîtrise de la langue, outil indispensable pour l’exégète, ne suffit pas à elle seule pour puiser les jugements divins dans le Noble Coran. La Tradition du Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) illustre les versets, les expose, les explique et en révèle le sens. C’est pourquoi l’Imam Mâlik voyait en la Sunna la deuxième source fondamentale de la Législation islamique, conformément à la Parole d'Allah :

" Prenez ce que le Messager vous octroie ; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en" (Coran 59:7)

"Quiconque obéit au Prophète, obéit à Allah"(Coran 4:80)

"[...] Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent" (Coran 16:44)

"Non !... Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils ne t’auront demandé de juger de leurs disputes et qu’ils n’auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu’ils se soumettent complètement [à ta sentence]" (Coran 4:65)

En outre, les verdicts religieux et les jugements juridiques émis par les Compagnons du Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam), occupaient une place importante dans la jurisprudence de l’Imam Mâlik. Il pensait en effet que la pratique des Compagnons doit être annexée à la Sunna. Aussi n’est-il pas étonnant de constater que le Muwatta de Mâlik compile, à côté des hadiths prophétiques, des verdicts des Compagnons. Il rapporta, par exemple, selon Abd Allah Ibn Umar, qu’un homme vint le voir et dit : "Ô Abû Abd Ar-Rahmân, j’ai accordé un emprunt à un homme et j’ai exigé qu’il me le retourne par une chose de plus grande valeur". Ibn Umar répondit : "Telle est l’usure (Ribâ)".

Lorsque l’Imam Mâlik manifesta un tel attachement à la Sunna du Prophète et à la guidance des Compagnons, il devint l’Imam de la Sunna à son époque et occupa une place très distinguée parmi les savants de l’Islam.

Il voyait dans le jugement légal émis par un compagnon une preuve solide et une branche de la Sunna. En effet, soit le compagnon a appliqué un jugement qu’il tient du Messager d'Allah, soit la situation se prêtait à l’ijtihâd, et l’ijtihâd du compagnon découle de l’aiguisement de son sens juridique grâce à l’éducation prophétique qu’il a reçue.

Par ailleurs, il prenait en considération les opinions de certains successeurs lorsqu’il s’assurait de leur science, de leur maîtrise de la jurisprudence et de leur éthique. Parmi ceux-là, citons Umar Ibn Abd Al-Azîz, Sa'îd Ibn Al-Musayyab, Ibn Shihâb Az-Zuhrî et Nâfi l’affranchi de Abd Allah Ibn Umar.

Le consensus juridique, Ijmâ', est une autre preuve législative considérée par Mâlik. On entend par consensus juridique l’accord des juristes et des savants musulmans sur une question donnée. A plusieurs occasions, l’Imam Mâlik introduisait un jugement juridique par : "L’opinion qui fait l’objet d’un consensus chez nous". Il entendait par cela : "la chose sur laquelle s’accordent les juristes et les gens de science, sans divergence".

Il semblerait que l’Imam Mâlik entende par "les juristes et les gens de science", les savants et les juristes de Médine. Lorsqu’il dit "L’opinion qui fait l’objet d’un consensus chez nous", il renverrait ainsi à l’opinion qui fait l’unanimité à Médine. C’est pour cette raison que certains savants affirment que le consensus juridique chez Mâlik, c’est la pratique des gens de Médine. La religion, ses fondements et ses branches, furent transmis et appliqués à Médine de génération en génération, depuis le temps des Compagnons. Ainsi, la pratique des savants et juristes médinois reflète avec fidélité ce qui fut transmis par les pieux prédécesseurs. C’est pour cette raison, que l’Imam Mâlik préférait le consensus des gens de Médine aux hadiths dits ahâd.

L’analogie juridique [Qiyâs], la préférence juridique [Istihsân] et la présomption de continuité [Istishâb] constituent également des preuves juridiques pour l’Imam Mâlik.

Le raisonnement par analogie [Qiyâs] consiste à appliquer pour un cas juridique non tranché par les sources législatives primaires le jugement prévu dans la législation pour un autre cas juridique, sachant que, au fond, la raison juridique qui motive le jugement dans le premier cas s’avère présente dans le second (*)

La préférence juridique istihsân peut se produire dans deux cas de figures. Le premier, c’est lorsque le mujtahid délaisse le recours à un raisonnement par analogie explicite au profit d’un raisonnement par analogie implicite. Le second cas de figure se présente lorsque le mujtahid favorise, pour un motif donné, un jugement exceptionnel par rapport à un jugement convenu. Si, par exemple, le dévoilement de la awrah est illicite, une exception sera faite à ce jugement pour des raisons médicales où le patient devrait exposer des membres de sa awrah au médecin. Dans ce cas de nécessité médicale, la préférence est donnée au jugement exceptionnel.

Enfin, l’Istishâb stipule que le jugement légal relatif à une chose est conforme à son état dans le passé, aussi longtemps que rien ne prouve que cet état a changé, et que le jugement établi dans le passé est valide dans le présent, jusqu’à ce qu’une preuve motivant un changement soit avancée.

Mâlik prenait aussi en considération la réalisation de l’intérêt public [Al-Masâlih Al-Mursalah] et l’obstruction aux prétextes [Sadd Adh-Dharâ’i] (consiste à condamner de manière préventive ce qui mène au mal).

Par ailleurs, l’Imam Mâlik prenait en compte l’usage [Urf] et la coutume [Âdah]. Il s’agit de conventions relatives aux paroles, aux actes ou aux abstentions, répandues parmi les gens et consacrées par l’usage. Le recours à l’usage peut être fait par le savant à condition qu’il n’y ait pas de texte dans le Coran ou la Sunna tranchant la question et que cela n’entraîne pas de mal ou de nuisance.

Ce tour d’horizon rapide témoigne de la richesse des mécanismes juridiques de l’école malékite. Il convient de noter que la plupart de ces sources législatives sont également considérées dans les autres écoles juridiques sunnites.

 

Elèves de l’Imam Mâlik

Si les maîtres de l’Imam Mâlik furent très nombreux, il en fut de même pour ses élèves. Ce contact privilégié avec l’Imam Mâlik fut sans doute favorisé par sa présence à Médine, lieu de passage par excellence des pèlerins venus prier dans la mosquée du Prophète Muhammad et le saluer dans sa tombe illuminée. Pendant leurs séjours, de durées variables, les étudiants et les savants parmi les pèlerins, faisaient connaissance avec les savants de Médine et fréquentaient leurs cercles d’enseignement. La prééminence de l’Imam Mâlik à Médine fit de lui une référence incontournable pour tout savant ou étudiant vivant à Médine ou y séjournant provisoirement. Par ailleurs, la longue vie qu'Allah accorda à Mâlik explique aussi le nombre conséquent de ses élèves. La plupart des Imams dont l’étoile brilla du vivant de l’Imam Mâlik étaient ses élèves, originaires de diverses contrées.

Certains de ses maîtres parmi les Successeurs rapportèrent des hadiths de lui. C’est le cas notamment d’Az-Zuhrî, Ayyûb As-Sikhtiyânî, Abû Al-Aswad, Rabî'ah Ibn Abî Abd Ar-Rahmân, Yahyâ Ibn Sa'îd Al-Ansârî, Mûsâ Ibn Uqbah et Hishâm Ibn Urwah.

Certains de ses pairs rapportèrent aussi le hadith de lui, comme Sufyân Ath-Thawrî, Al-Layth Ibn Sa'd, Sufyân Ibn Uyaynah, Abû Hanîfah, Abû Yûsuf et de nombreux autres.

Parmi ses élèves citons enfin, le disciple de l’Imam Abû Hanîfah, Muhammad Ibn Al-Hasan Ash-Shaybânî, et l’Imam Ash-Shâfi`î.

 

L’épreuve de la prison

L’Imam Mâlik vécut sous le Califat des Omeyyades, puis celui des Abbassides. Les historiens rapportent qu’il fut flagellé, châtié et humilié sous le Califat de Abû Jafar Al-Mansûr, et avancent pour cela différentes raisons.

Selon une opinion, l’Imam Mâlik enseignait un hadith établissant qu’un serment prêté sous la contrainte est nul. Al-Mansûr n’aimait pas que ce hadith soit diffusé, de peur que ses adversaires en profitent pour se débarrasser de l’allégeance forcée qu’ils lui avaient prêtée. Il aurait ordonné à l’Imam Mâlik de ne pas enseigner ce hadith et le refus de Mâlik aurait entraîné le châtiment qu’il a subi.

Selon une autre opinion, similaire à la précédente, des gens auraient demandé à l’Imam Mâlik s’il était licite de s’allier à Muhammad Ibn Abî Abd Allah Al-Hasan pour se révolter contre les Abbassides, malgré l’allégeance qu’ils avaient prêtée à Abû Jafar Al-Mansûr... On rapporte qu’il expliqua que cette allégeance fut scellée de façon forcée et que celle-ci était, par conséquent, non avenue. Il leur aurait même recommandé de s’empresser de soutenir Muhammad Ibn Abî Abd Allah Al-Hasan... La nouvelle serait parvenue à Al-Mansûr qui fit venir Mâlik, en 147 A.H., et lui infligea l’épreuve du fouet au point que son épaule se déboita.

Selon une autre opinion encore, la raison de cette humiliation, c’est que Mâlik avait donné la prééminence à notre maître Othmân Ibn Affân par rapport à notre maître Alî Ibn Abî Tâlib, (qu'Allah les agrée tous deux).

Mais l’opinion la plus connue et la plus correcte à ce sujet, c’est que l’Imam Mâlik enseignait le hadith établissant que le serment prêté sous la contrainte est nul. Mais il parvint à Ja'far, gouverneur de Médine et cousin du Calife Al-Mansûr, que l’Imam Mâlik annulait l’allégeance qu’ils reçurent des gens. Certains proches de Ja'far lui recommandèrent d’agir avec prudence car l’Imam Mâlik jouissait d’un rang élevé auprès du Calife. Ja'far envoya des gens demander à l’Imam le jugement légal relatif au serment forcé, puis les prit pour témoins, fit venir Mâlik et ordonna qu’il reçoive soixante dix coups de fouet. La nouvelle se propagea à Médine comme le feu dans la paille et bientôt la ville allait entrer en ébullition sous la colère des Médinois indignés.

L’incident parvint rapidement au Calife, qui exprima à son tour son indignation et affirma ne pas être au courant de cela. Il démit son cousin de son poste de gouverneur et le fit venir de Médine à Bagdad à dos de chameau. En outre, il demanda à l’Imam Mâlik de bien vouloir venir à Bagdad, mais le juriste de Médine déclina cette demande. Le Calife envoya alors une lettre à Mâlik l’informant qu’il souhaiterait le voir à la prochaine saison de pèlerinage. L’Imam rencontra ainsi le Calife à Minâ. Al-Mansûr le voyant quitta l’endroit où il était assis, s’installa sur un tapis par terre et ne cessa de demander à l’Imam de s’approcher de lui, jusqu’au point où leurs genoux se touchèrent, pour ainsi manifester son affection pour le juriste médinois. Puis le Calife jura qu’il n’avait guère ordonné ce qui fut, qu’il n’était même pas au courant, et raconta son énorme indignation quand cette fâcheuse nouvelle agressa son ouïe. Il s’excusa auprès de l’Imam Mâlik et l’informa qu’il avait ordonné que Ja'far soit châtié et humilié. Mais l’Imam Mâlik loua Allah, salua son Prophète et dit au Calife qu’il pardonnait à Ja'far pour son lien de parenté avec le Prophète et son lien de parenté avec le Calife.

Puis la conversation se prolongea entre les deux hommes et le Calife aborda les récits des prédécesseurs et des savants, les sujets consensuels en matière de jurisprudence, et les questions qui font l’objet de divergences entre les juristes, au point que l’Imam Mâlik attesta de sa culture et de son intelligence.

A cette occasion, le Calife demanda à l’Imam Mâlik de rédiger un ouvrage, adoptant une voie médiane et consignant ce qui fit l’unanimité des Compagnons et des Imams parmi les savants. Il promit à l’Imam Mâlik de diffuser cet écrit dans les pays musulmans afin que les gens s’y tiennent.

 

Les ouvrages de l’Imam Mâlik

Le plus célèbre ouvrage composé par l’Imam de Médine, c’est Al-Muwatta. Il s’agit d’un ouvrage compilant des éléments de la Sunna purifiée, ainsi que certaines opinions juridiques émises par les nobles Compagnons, les Successeurs et autres savants parmi les pieux prédécesseurs.

On lui attribue quelques autres ouvrages et épîtres comme :

- Tafsîr Gharîb Al-Qur’ân Al-Karîm Interprétation des singularités du Noble Coran

- Kitâb As-Surûr Le livre de la félicité

- Une épître traitant de la Fatwâ, une autre traitant d’astrologie, et une troisième apportant une réplique aux Qadariyyah [adhérant à la doctrine de la prédestination et du fatalisme]

L’érudit, l’Imam Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî cita ces ouvrages et quelques autres dans Tazyîn Al-Mamâlik L’ornement des royaumes. Toutefois, des doutes subsistent quant à l’authenticité de leur attribution à Mâlik.

Mais le livre le plus précieux que ce juriste laissa à la postérité, c’est Al-Muwatta. L’attribution de ce livre à son auteur relève de la certitude. On relate que l’apparition de nombreuses sectes et la propagation de leurs croyances poussèrent l’Imam Mâlik à consigner la science qui lui était parvenue, avant qu’elle ne s’évanouisse de génération en génération ou qu’elle ne soit négligée ou oubliée. On rapporte aussi que ce livre fut rédigé à la demande du Calife Abbasside, Abû Ja'far Al-Mansûr. Le Calife voulait que Mâlik rédige un livre accessible où il adopterait une voie médiane et aisée, entre la rigueur outrancière et la souplesse excessive, dans les positions juridiques adoptées. Cela aurait motivé le titre même de l’ouvrage Al-Muwatta.

Mâlik rédigea cet ouvrage pendant plus de dix ans et ne cessa de le mettre à jour et de l’enrichir pendant près de quarante ans. Hârûn Ar-Rashîd lui proposa de l’accrocher à la Ka'ba, à la Mecque Honorée, pour témoigner de ses vertus et pousser les gens à s’y conformer. Mais l’Imam Mâlik déclina cette offre et justifia son refus en ces termes : "Ô Emir des Croyants, quantà accrocher Al-Muwattâ à la Ka'ba, [je ne le souhaite pas], car les Compagnons du Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) divergèrent dans les jugements dérivés et se dispèrent dans les pays, et chacun estime avoir raison".

C’est ce respect des divergences argumentées et solides en matière de jurisprudence qui poussa l’Imam Mâlik à se comporter ainsi. Plus encore, Mâlik vit en ces divergences, basées sur des preuves tangibles, une miséricorde pour les serviteurs d'Allah : "Ô Emir des Croyants, la divergence entre les savants est une miséricorde d'Allah envers cette communauté", dit-il.

Il convient de noter que cet ouvrage n’est pas un reccueil de hadith au sens classique du terme. Il s’agit d’un ouvrage de Fiqh où l’Imam Mâlik souhaita exposer les opinions qui relèvent du consensus dans la jurisprudence médinoise, s’appuyant sur des preuves issues de la Sunna considérée et appliquée à Médine. C’est dans cette perspective qu’il déclina les questions juridiques.

On rapporte que l’Imâm Ash-Shâfi`î dit : "Il n’y a sur terre de livre de science islamique plus correct que le Muwattade Mâlik." L’Imâm An-Nawawî cita cette parole et nota que "Cette opinion d’Ash-Shâfi'î est préalable à la rédaction des deux Sahîh d’Al-Bukhâri et de Muslim".

 

Décès de l’Imam

L’Imam Mâlik tomba malade pendant vingt deux jours. La nuit de son décès, Abû Bakr Ibn Sulaymân As-Sawwâf vint dans une assemblée lui rendre visite et s’enquérir de son état de santé : "Comment te sens-tu aujourd’hui ?", demanda-t-il au juriste de Médine. Mâlik répondit : "Je ne sais quoi vous dire. Demain, vous verrez du Pardon d'Allah ce que vous n’aviez pas prévu." Peu de temps après, l’Imam Mâlik rendit son âme bénie.

Il décéda à Médine le 14 Rabî Al-Awwal 179 A.H., selon l’opinion la plus correcte, et fut enterré au cimetière d’Al-Baqî. Puisse Allah l’agréer et nous faire profiter de sa science dans les deux demeures.

 

(*)Un exemple du raisonnement analogique fut mené par les savants pour interdire toute transaction depuis l’appel à la prière du vendredi jusqu’à la fin de celle-ci. En effet, le Législateur interdit explicitement la vente après l’appel à la prière du vendredi : "Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la prière du jour du Vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez toute vente.", Sourate 62, Al-Jumu'ah, verset 9. Or la raison d’être de cette interdiction c’est la distraction résultant de ce commerce ; distraction qui empêche le musulman d’accourir, immédiatement, à la mosquée pour écouter le sermon et accomplir la prière. Ainsi, toute transaction - le bail, le troc, etc. - ou oeuvre qui distrait le musulman d’accourir à la prière du vendredi devient, par analogie, répréhensible.