Un voile noir sur les portraits de l'Abbé Pierre chez Emmaüs Saint-Nazaire, "comme un deuil"

L'Abbé Pierre est désormais accusé par une vingtaine de femmes, parfois mineures au moment des faits, de viols et d'agressions sexuelles. Les témoignages se succèdent et sont chaque fois plus accablants. Dans la communauté Emmaüs de Saint-Nazaire, la plus grande de Loire-Atlantique, le visage du fondateur est devenu "insoutenable".

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"Tuer le père"

Les photographies, les portraits, les dessins, les tags, sur la fresque murale dans le hall et sur les camions, partout "on a dissimulé l'Abbé Pierre, il faut tuer le père pour avancer", résume le coresponsable, Raphaël Mounier. "Il faut dissocier le personnage de l'héritage, ici, on restera solidaire avant et après l'Abbé Pierre" confie Younès, salarié et ancien compagnon. Plus facile à dire qu'à faire, car il y a la tristesse et la rage. "Comme un deuil".

Et on sent une énorme émotion. Responsables, bénévoles, compagnons, tous sont à fleur de peau. "Un grand coup dans l'estomac qui fait mal", confie le président, Marc Ménager, les larmes aux yeux. "Pas question de mettre tout le monde dans le même sac, moi ici, je suis très heureuse", tient à dire Bélita en cuisine. "Sans Emmaüs, je serais où ? Très bonne question".

Toutes ces vies brisées qui se reconstruisent, cette chaîne de la solidarité qui est le ciment du mouvement, "on fera très bien sans l'icône. Il faut continuer. On n'a pas le choix". Les responsables l'assurent, les dons n'ont pas diminué. Pas pour l'instant.