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Le village martyr de Marsoulas commémore les 27 victimes du massacre méconnu du 10 juin 44

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C’est un massacre méconnu. Comme à Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, une colonne allemande de la division Das Reich entrait dans ce village du Comminges et tuait 27 habitants, hommes, femmes et enfants. 75 ans après, les descendants perpétuent la mémoire.

Comme à Oradour, des panneaux indiquent les endroit où les habitants ont été massacrés par les SS de la colonne Das Reich
Comme à Oradour, des panneaux indiquent les endroit où les habitants ont été massacrés par les SS de la colonne Das Reich © Radio France - Olivier Lebrun

75 ans après, un village martyr se souvient. C'est un massacre méconnu qu'a vécu Marsoulas, village du Comminges (Haute-Garonne).

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Le 10 Juin 1944, à 8 heures du matin, une colonne allemande de la division Das Reich à la recherche d'un groupe de résistants entre dans le village et massacre sauvagement 27 habitants, hommes, femmes et enfants. Contrairement à Oradour-sur-Glane, la tragédie de ce village martyr a longtemps été occultée, car les habitants voulaient se tourner vers l'avenir et la reconstruction.

Les enfants de l'école de Marsoulas devant le monument aux 27 victimes du massacre du 10 Juin 1944
Les enfants de l'école de Marsoulas devant le monument aux 27 victimes du massacre du 10 Juin 1944 © Radio France - Olivier Lebrun

Des femmes, des enfants fusillés dans les rues, dans les maisons

« Audoubert Jeannette – 22 ans », devant le monument au mort de ce village des Pyrénées, les enfants de Marsoulas égrènent les noms des 27 habitants tombés sous les balles des soldats allemands ce 10 Juin 1944.

Dans la foule, Geneviève Saint Germès, l’une des dernières survivante de la tragédie, elle avait 12 ans quand la division Das Reich est entrée dans le village. Deux résistants du maquis venaient de jeter des grenades sur la colonne de soldats SS remontant vers la Normandie. Les représailles sont immédiates. « Je me rappelle, il y avait la mitrailleuse sur la place et on était en face. C’est une triste journée vous savez ». Ce jour-là, Geneviève a pu s’enfuir dans les bois. « C’est en revenant un peu plus tard que j’ai vu que les gens avaient été massacrés. » dit cette dame qui a aujourd’hui 87 ans.

Geneviève Saint Germès avait 12 ans ce 10 Juin 1944, c'est l'un des dernière survivante du massacre
Geneviève Saint Germès avait 12 ans ce 10 Juin 1944, c'est l'un des dernière survivante du massacre © Radio France - Olivier Lebrun

Les soldats SS remontent très vite dans le village. Maison par maison, se sont des mitraillages, des cris, le massacre des enfants, les tentatives de fuite, les fusillades et les exécutions sommaires.

Dans les rues du village, des panneaux indiquent là où les habitants sont tombés sous les balles des soldats allemands.

Pauline Castex est abattu sommairement alors qu'elle fermait les volets de sa maison
Pauline Castex est abattu sommairement alors qu'elle fermait les volets de sa maison © Radio France - Olivier Lebrun

Les descendants et le devoir de mémoire

Aldo Casteix est là, son arrière grand-mère, Pauline Casteix n'a pas échappé au massacre. Les allemands l’ont exécuté alors qu’elle était entrain de fermer un volet de sa maison. « La division Das Reich ne montait pas sur Marsoulas, mais ça a commencé ici près de l’église par un jet de grenades des maquisards, ils sont rentrés dans toutes les maisons, et tous ceux qu’il ont trouvé, ils les ont assassinés, femmes, enfants. Cela reste un village martyr, c’est pour ça qu’il faut continuer à conserver cette mémoire. C’est un devoir pour moi que de venir ici, et de garder cette mémoire intacte jusqu’à la fin. »

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« J’ai vu passer la colonne allemande, c’est mon premier souvenir, j’avais 5 ans » se souvient Jean Galès. « J’en ai 80 aujourd’hui. Cela peut se renouveler à tout moment si l’on y prend pas garde, si on entretient pas la mémoire, les jeunes ont tendance à oublier. 

Ce jour-là, on a vu des soldats tuer n’importe qui, comme ça, presque par plaisir.

De nombreux habitants de la région viennent se souvenir de cette tragédie qui reste un traumatisme dans le pays
De nombreux habitants de la région viennent se souvenir de cette tragédie qui reste un traumatisme dans le pays © Radio France - Olivier Lebrun

Un massacre longtemps occulté

Isabelle Garcia Ribet a écouté le récit de sa mère et de sa grand-mère qui ont échappé au massacre en se cachant dans leur maison.

Institutrice, elle perpétue le récit de cette tragédie auprès des jeunes, pour ne pas oublier. Une tragédie longtemps occultée à Marsoulas.

Ici, le choix à la différente d’Oradour a été de mettre un couvercle dessus et de passer à autre chose. 

On n’en parlait pas, c’était trop douloureux. Ils ont fait le choix de reconstruire, et de ne pas en parler. C’est pourquoi c’est un massacre qui n’a pas été trop connu, parce qu’ici , ils ont fait le choix de se redresser et de repartir de l’avant. Et c’est maintenant nous les générations suivantes qui souhaitons en parler. C’est pour ça qu’on est là nous les sentinelles, les descendants pour expliquer aux enfants, et pour dire « plus jamais ça ».

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Pour perpétrer cette mémoire, les enfants de l’école de Marsoulas ont peint une fresque pour la paix sur le mur du village, pour ne pas oublier, et pour rappeler l’horreur de toutes les guerres.

Les enfants de l'école de Marsoulas ont peint un fresque pour la paix
Les enfants de l'école de Marsoulas ont peint un fresque pour la paix © Radio France - Olivier Lebrun

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