Passer au contenu
Publicité

"L'hôpital l'a mis dehors sans aucune consigne" : en Dordogne, elle porte plainte après le décès de son mari

Par

Le mari de Lucia Communaud est mort à leur domicile au mois de septembre, trois jours après être sorti de l'hôpital. Il avait été admis pour un infarctus. Elle a décidé de porter plainte en dénonçant des manquements dans la prise en charge de son époux.

Lucia Communaud a porté plainte avec son avocate au mois de janvier. Le parquet a ouvert une enquête.
Lucia Communaud a porté plainte avec son avocate au mois de janvier. Le parquet a ouvert une enquête. © Radio France - M. B.

Lucia est assise à la table de sa cuisine, les mains jointes sur une tasse de café. Face à elle, le comptoir du séjour. C'est là qu'elle a retrouvé son mari, le 11 septembre dernier, à leur domicile d'Eglise-Neuve-de-Vergt. Il venait de sortir de l'hôpital depuis trois jours, après un grave infarctus qui l'avait conduit en soins intensifs. C'était la première fois qu'elle le laissait à la maison, une heure et demie à peine, pour un rendez-vous à Périgueux.

Publicité

"Ma fille m'a appelée pour me dire qu'elle n'arrivait pas à le joindre", raconte Lucia. "J'ai tout de suite pris ma voiture. Plus ça ne répondait pas, plus je roulais vite. Quand je suis arrivée à la maison, c'était comme un cauchemar. Je l'ai secoué, j'ai commencé un massage cardiaque avec le SAMU au téléphone. Les secours sont arrivés, ils ont essayé pour me faire plaisir, mais j'avais bien vu qu'il était déjà mort".

Renvoyé chez lui deux jours et demi après son infarctus

Son mari Bernard, conducteur de travaux de 61 ans, avait fait un premier infarctus six jours plus tôt. Hospitalisé en urgence à Périgueux, opéré pour poser trois stent sur son cœur, il passe deux jours et demi en soins intensifs. Puis il est renvoyé chez lui : "C'était le vendredi. Mon fils est allé le chercher. Le médecin a dit à mon mari de reprendre une vie normale, de faire du sport, et qu'on le recontacterai pour prendre rendez-vous dans un centre de rééducation. C'est tout".

"On n'était pas du tout inquiets quand il est sorti de l'hôpital", se souvient aujourd'hui son fils Jonathan : "Jamais ils ne nous ont dit que son cas était si grave." Son père est mort le lundi suivant. "Deux jours et demi en soins intensifs et on met quelqu'un dehors sans aucune consigne ? Il y a un problème", dit aujourd'hui Lucia. Elle a décidé de porter plainte contre X, avec l'aide d'une avocate parisienne, pour homicide involontaire.

"Je veux savoir si on aurait pu éviter la mort de mon mari"

Me Caroline Boyer met en avant les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui dit que la durée d'hospitalisation en pareil cas est de cinq à sept jours. Le médecin généraliste de la famille écrit aussi, dans un courrier, qu'il est "connu de longue date qu'un infarctus du myocarde peut [...] entraîner des troubles du rythme cardiaque dans les jours qui suivent" et "nécessite donc une surveillance rapprochée, soit en milieu hospitalier, soit en centre de rééducation, ce qui n'a pas été le cas".

"Je veux juste savoir si on aurait pu éviter la mort de mon mari. Je ne veux pas que ça arrive à d'autres", dit simplement Lucia. Le jour du décès de Bernard, l'hôpital appelle son portable pour proposer un rendez-vous pour la rééducation : "Je leur ai dit : mon mari est décédé. Le lendemain, ils ont rappelé pour proposer un autre rendez-vous. Quelques jours après, le centre de rééducation m'appelait parce qu'ils l'attendaient".

"Aucune anomalie" relevée, répond l'hôpital

Le médecin de famille tente ensuite plusieurs fois de joindre le cardiologue de l'hôpital, sans jamais y parvenir. Ce n'est que quand Lucia demande par courrier recommandé le dossier médical de son époux qu'un cardiologue la rappelle : "Il voulait savoir pourquoi je demandais le dossier médical, il ne s'est même pas présenté. Il m'a dit : on ne sait pas de quoi il est mort".

Contacté par France Bleu Périgord, l'hôpital de Périgueux répond qu'il n'a relevé "aucune anomalie" dans la prise en charge du mari de Lucia. "Lorsque le service a appris le décès du patient, le cardiologue a contacté la famille et a pu donner toutes les explications souhaitées". La direction assure que "la famille n'a pas sollicité l'établissement, ni par une réclamation ni pour une demande de médiation". Le parquet de Périgueux, sollicité, indique qu'une enquête a été ouverte à la suite de la plainte de Lucia : "Elle est actuellement en cours", indique le procureur, et confiée à la gendarmerie de Périgueux.

Comment être mieux soigné en France ?

Consultation citoyenne France Bleu X Make.org. Déserts médicaux, qualité des soins, formation et salaires des soignants, accompagnement des malades, pénuries de médicaments… ces sujets qui concernent la santé en France sont au cœur de l’actualité et de l’attention d’une immense majorité de citoyens. Partagez vos solutions, faites des propositions et donnez votre avis sur celles des autres.

Publicité

undefined