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Urgences débordées : "La conséquence pour le patient est catastrophique" selon Samu Urgences de France

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Samu Urgences de France dénonce une "maltraitance institutionnelle" après la publication mardi d'une enquête sur le fonctionnement des services au cours de l'été. Selon Marc Noizet, le président de Samu Urgences France, invité de France Bleu Alsace, la prise de risque pour les patients est réelle.

L'entrée d'un service d'urgences.
L'entrée d'un service d'urgences. © AFP - Thibaut Durand

Deux services d’urgences sur trois ont fonctionné en mode dégradé au moins une fois cet été, révèle une enquête de Samu Urgences de France"Un chiffre accablant, il faut véritablement que l’Etat prenne ses responsabilités", dénonce Marc Noizet, le président de Samu Urgences France, également chef des urgences au groupement hospitalier de la région de Mulhouse, invité de France Bleu Alsace ce mercredi matin, au lendemain de la publication de l'enquête.

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Le mode dégradé signifie, selon cette enquête, que 202 services d'urgences, parmi les 331 consultés, ont fermé une ligne médicale au moins une fois durant l'été. Parmi ces fermetures, deux sur cinq (41%) l'ont été de manière continue et ont été fréquentes pour plus du tiers (37%). Au ministre démissionnaire de la Santé qui affirme que cet été s’est mieux passé que d’habitude, Marc Noizet répond : "Non, c’est le troisième ministre sur trois étés consécutifs qui nous dit que finalement la situation n’est pas si grave que ça", déplore-t-il. Il ne croit pas non plus le nouveau Premier ministre quand celui-ci dit qu’il fera de ce sujet sa priorité : "C’est une parole de réassurance comme l’ont fait d’autres Premiers ministres à leur prise de fonction".

"Maltraitance institutionnelle"

"La conséquence pour le patient est catastrophique" souligne Marc Noizet, "ce qui nous fait dire nous Samu Urgences de France, que c'est une maltraitance institutionnelle". Selon des études françaises et internationales, "plus vous restez longtemps sur un brancard aux urgences, plus les complications de votre maladie et des complications liées au fait de rester allongé sans bouger augmentent". L'urgentiste souligne aussi les "complications infectieuses" liées au fait de ne pas être "protégé du milieu qui vous entoure". "Si le patient a plus de 75 ans", ajoute Marc Noizet, "et qu'il est obligé de rester une nuit sur un brancard, par rapport à ceux qui ont pu avoir un lit d'hospitalisation, la mortalité augmente de 46 %".

"Cet été, sur tous les services d'urgences du Grand Est", ajoute le médecin, "on a eu une augmentation de 27 % des patients qui ont dû rester plus d'une nuit sur un brancard aux urgences". Dans le Bas-Rhin, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg, "ont des véritables difficultés de fonctionnement", "ils ont une très grosse équipe de urgentistes, mais n'arrivent pas à recruter suffisamment pour armer toute leur ligne". Wissembourg, Haguenau, Saverne "sur une plus petite partie" et Sélestat "ont également rencontré des problématiques de fonctionnement".

Appeler le 15 avant de se rendre aux urgences

Pour Marc Noizet, la problématique première, c’est "la démographie médicale en médecins urgentistes qui n’est plus à même de répondre aux besoins sur le territoire français". "On a globalement 30% des postes qui sont vacants en France", relève-t-il, "et on continue de fonctionner avec l’intégralité des services d’urgences comme si on avait l’intégralité des effectifs".

Parmi les solutions proposées par Samu Urgences France, il y a le principe de d'abord de passer par le 15 (ou 115) avant de se rendre aux urgences. "En passant par le Samu 15, vous avez un médecin régulateur qui va évaluer votre problème de soin et qui va vous dire le meilleur endroit pour votre problématique de santé, c’est tel endroit, il vous aide à trouver la solution. Et cette solution ce ne sont pas toujours les urgences" , insiste Marc Noizet, "c'est une procédure qui permettrait de "diminuer de 15 à 20% l'activité aux urgences et donc de donner plus de rapidité de prise en charge et de qualité de prise en charge pour les patients qui nécessitent véritablement d’être pris en charge aux urgences".

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