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"On m'a dit que ce n'était pas vital" : un père raconte le calvaire de sa fille, victime d'une péritonite

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La prise en charge tardive d'une adolescente souffrant d'une péritonite a failli virer au drame en début de semaine. Refoulée des urgences de l'hôpital de Saintes, Léna a été opérée à Rochefort après une nuit de souffrance. Son père est en colère.

Il faut régulièrement solliciter le 15 avant une admission aux urgences de l'hôpital de Saintes
Il faut régulièrement solliciter le 15 avant une admission aux urgences de l'hôpital de Saintes © Radio France - Gérald Paris

La colère d'un père face à la souffrance de sa fille. Laurent Jacquaud habite à Bussac-sur-Charente près de Saintes. Il a poussé un coup de gueule sur sa page Facebook en racontant le calvaire vécu par Léna, sa fille âgée de 12 ans. Une information révélée par nos confrères du quotidien Sud Ouest et que France Bleu La Rochelle s'est fait confirmer. Dimanche dernier, l'adolescente est prise d'une vive douleur au ventre. Le papa décide de se rendre à la maison médicale de l'hôpital de Saintes. Le médecin pense à une gastro-entérite.

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Retour à la maison. Dans la nuit, la douleur devient insupportable. Le père de famille se rend aux urgences de l'hôpital de Saintes, mais on lui dit de passer par un opérateur du 15 pour une éventuelle admission. "Là, il est 1h du matin, on est dehors, il fait froid, il n'y a personne aux urgences et je lui dis de nous envoyer quelqu'un. Il me laisse entendre que ce n'était pas forcément vital. 'Si ça peut vous rassurer, j'envoie un fax à Rochefort, allez à Rochefort, me dit le gars avec un air un peu supérieur".

À ce moment-là, Laurent Jacquaud a deux options. Rentrer chez lui avec des risques pour la vie de sa fille ou se rendre à Rochefort, ce qu'il fait. "Ils n'ont pas mis longtemps à comprendre le problème, ils ont palpé, ils se sont regardés et se sont dits 'mais qu'ont-ils fait à Saintes ?' Ils n'ont pas pris en charge ma fille". Diagnostic : une appendicite péritonite. L'intestin a éclaté. Léna est mise sur le bloc opératoire en urgence à 9 heures du matin. Elle est sauvée.

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"Soit il revoit sa façon de travailler, soit il change de métier"

Au lendemain de cette nuit d'angoisse, le père de famille poste sur message sur sa page Facebook. Il ne décolère pas. "Ce qui est complètement fou et abject, c'est le traitement que j'ai eu au téléphone et que ma fille a été laissée par terre en souffrance dans le froid. Elle aurait pu clamser (sic) dans la voiture avec moi. C'est dingue d'en arriver là et d'être laissé à l'abandon sans que personne réagisse, pour une urgence vitale."

Laurent Jacquaud en veut beaucoup à l'assistant de régulation médicale du 15 : "Que cette personne - et le système qui va derrière - se dise 'bon là, j'ai fait une connerie, ou je vais revoir ma façon de travailler, ou je change de métier carrément', mais qu'il ne mette pas en danger la vie des gens honnêtes qui n'abusent pas du système. J'ai essayé de trouver des solutions avant de débarquer à l'hôpital à 1h du matin. Dès dimanche, elle aurait pu rester à l'hôpital, si le médecin de garde avait décelé cette appendicite."

"Je me mets à la place du papa" - Docteur Grentzinger

La direction de l'hôpital de Saintes a été informée du cas de Léna. Elle comprend la colère des parents tout en rappelant un problème récurrent de sous-effectif et la difficulté à recruter. Le docteur Alain Grentzinger est le président de la commission médicale de l'établissement. "Je me mets à la place du papa et je comprends parfaitement sa colère et sa réaction. La situation qu'il a rencontrée est malheureusement liée à la désorganisation en mode dégradé, c'est la réalité du fonctionnement des hôpitaux et du nôtre en particulier, lorsque les effectifs médicaux ne permettent pas une couverture complète de l'activité des médecins."

La direction du Centre hospitalier de Saintes estime qu'il faudrait huit équivalents temps plein pour un fonctionnement normal en pédiatrie, au lieu de cinq actuellement.

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Concernant la non prise en charge de Léna aux urgences saintaises, le docteur Grentzinger précise : "Dans le cas présent, je n'ai pas à juger évidemment de la qualité de la régulation, ce que je peux vous dire c'est que l'équipe de chirurgie d'astreinte et l'équipe de pédiatres de garde n'ont pas été informées de l'arrivée du papa et de l'enfant puisqu'il a été régulé. Et comme la procédure le prévoit, en accord avec l'ARS, il a été envoyé sur l'hôpital de Rochefort, où la prise en charge a été poursuivie." Contactée par France Bleu La Rochelle, la direction de l'Agence Régionale de Santé indique que "les enregistrements de cette régulation seront demandés pour vérifier une éventuelle défaillance dans la communication".

Si tout va bien, l'adolescente pourra rentrer chez elle dimanche prochain. S'ensuivra alors un mois de convalescence. Laurent Jacquaud espère que cette hospitalisation épique et traumatisante n'aura pas un impact psychologique trop fort sur sa fille. Léna lui a confié ne plus jamais vouloir aller à l'hôpital de Saintes.

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