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Centrale nucléaire du Blayais : l'État n'en fait-il pas assez dans la distribution des comprimés d'iodes ?

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Plusieurs associations girondines dénoncent un dispositif insuffisant dans la distribution de pastilles d'iodes aux habitants qui résident dans le secteur de la centrale nucléaire du Blayais. Les services de l'État n'informeraient pas suffisamment la population et la mettraient en danger.

En 2019, la pharmacie Lartigau à Saint-Aubin-de-Blaye n'a distribué qu'une centaine de comprimés sur les 4.000 disponibles
En 2019, la pharmacie Lartigau à Saint-Aubin-de-Blaye n'a distribué qu'une centaine de comprimés sur les 4.000 disponibles © Radio France - Justine Claux

En Gironde, sept associations interpellent l'État sur la distribution de pastilles d'iodes. La Sepanso, Estuaire pour tous, Greenpeace ou encore l'UFC-Que Choisir estiment que le dispositif n'est pas au point et met en danger la population qui réside dans le secteur de la centrale nucléaire du Blayais. L'alerte intervient alors qu'une nouvelle campagne de distribution commence ce lundi 16 septembre, les particuliers qui habitent dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale (y compris en Charente-Maritime) sont invités à récupérer une pastille d'iode, qui protège la thyroïde contre une contamination radioactive en cas d'incident nucléaire, dans l'une des neufs pharmacies mobilisées en région Nouvelle-Aquitaine.

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Mais les services de l'État n'ont pas suffisamment prévenu la population en amont, selon les associations, et la campagne risque de se solder par un échec. "L'État n'est pas cohérent, les habitants n'ont pas reçu de bon de retrait individuel à leur domicile, dénonce Patrick Maupin, vice-président de la Sepanso Gironde, en charge du dossier. Ça leur permet normalement d'aller l'échanger contre un comprimé en pharmacie". L'absence de prévention est également dénoncée par la pharmacie Lartigau à Saint-Aubin-de-Blaye.

Cinq pharmacies du Blayais sont mobilisées pour distribuer des pastilles d'iodes à la population
Cinq pharmacies du Blayais sont mobilisées pour distribuer des pastilles d'iodes à la population © Radio France - Justine Claux

"Je n'en ai jamais entendu parler"

La plupart des habitants de la commune ignorent qu'ils ont la possibilité de récupérer ces fameuses pastilles d'iodes. "Je ne savais pas, je n'en ai jamais entendu parler", assure Marlène, une cliente de l'officine. La mère de famille se sent pourtant concernée par le risque nucléaire, elle envisage même de déménager, par mesure de sécurité, pour s'éloigner de la centrale nucléaire. "Ça nous inquiète pour la santé des enfants", explique-t-elle.

Les pharmaciennes ne sont pas étonnées par la situation, à chaque campagne de distribution, elles peinent à écouler leur stock. En 2019, lors de la dernière campagne, moins d'une centaine de pastilles d'iodes ont été distribuées sur les 4.000 disponibles à Saint-Aubin-de-Blaye. "Franchement, j'ai dû délivrer trois ou quatre boîtes à tout casser, personne n'en demande, il nous reste encore des stocks des années précédentes et on continue d'en recevoir, ça va finir par périmer", déplore Marion, préparatrice à la pharmacie Lartigau.

Plus de campagne d'information à l'école ?

Aurore Lartigau, qui gère la pharmacie, dénonce l'absence de campagne d'information à destination de la population : "Les gens ne sont pas du tout informés, ils sont beaucoup moins au courant qu'il y a quinze ou vingt ans, on a besoin de faire de nouvelles campagnes". "Avant, il y avait des campagnes d'information dans les écoles, confirme Martine, enseignante à la retraite. On nous expliquait les précautions à prendre pour vivre dans le Blayais et nous, on faisait suivre l'information aux parents et aux enfants, aujourd'hui, ce n'est plus le cas, je le vois bien avec mes petits-enfants". Les associations recommandent aux services de l'État d'envoyer directement les comprimés d'iodes dans les boîtes aux lettres des résidents. "Ce serait une bonne chose pour s'assurer que tout le monde y ait accès", estime également Aurore Lartigau.

En 2019, date de la dernière campagne, moins de 20% de la population avait retiré sa pastille d'iode en pharmacie, soit 24.000 personnes sur les 60.000 concernées. Cette année, le taux de retrait risque d'être encore plus faible, la distribution ne concernant que les riverains qui habitent dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale, et non de 20 kilomètres comme l'exige la réglementation. "La raison avancée, c'est que les personnes qui se situent dans un rayon de 10 à 20 kilomètres ont déjà bénéficié de la distribution en 2019", explique Patrick Maupin, vice-président de la Sepanso Gironde. "C'est complètement ridicule, renchérit la pharmacienne Aurore Lartigau. Il faudrait donner accès aux pastilles d'iodes à toutes les personnes qui le souhaitent, on sait bien qu'en cas d'incident, ça ne va pas s'arrêter à dix kilomètres". L'alerte lancée par les associations intervient dans un contexte délicat pour la centrale nucléaire du Blayais qui a fait l'objet de sévères critiques de la part de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) pour son exercice 2023.

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