Au CHU de Nancy, une centaine de lits fermés cet été pour faire face au manque d'effectif
Depuis début juillet, une centaine de lits sont fermés au CHU de Nancy. Les congés des soignants ont été préservés, mais ils ne peuvent pas tous être remplacés, faute d'effectif. L'activité sera donc ralentie pour permettre de faire tourner l'hôpital. Une problématique qui touche toute la région.
Dans le secteur de neurochirurgie de l'hôpital central à Nancy, 11 lits sur 23 sont fermés depuis le début de l'été. Le personnel de ce service est donc appelé à être dispatché dans le reste de l'hôpital pour prêter main forte, là où les bras manquent. "C'est assez surprenant et déstabilisant", confie Marine, une infirmière assise dans la salle de pause. "Ca peut être la neurologie, l'ORL, l'ophtalmo. On n'est pas du tout formé à ça dont ça met un peu en difficulté", confie-t-elle. A l'étage en dessous, Pauline, infirmière en neurologie accueille parfois des collègues dans cette situation. "On doit prendre le temps de tout leur expliquer, et c'est assez lourd".
Au total cet été, l'hôpital va fermer une centaine de lits, plus de trois fois plus qu'habituellement. "On ferme des lits tous les étés car l'activité ralentit, mais cette année c'est assez conséquent", reconnaît Bernard Dupont, le directeur du CHU. En temps normal déjà, l'établissement connaît un manque d'effectif important avec près de 90 postes d'infirmiers vacants actuellement, mais la période des congés accentuent cette situation.
Les vacances des soignants préservées
Pour la direction comme pour les soignants, il n'était pas question de remettre en cause les congés d'été du personnel. "Ils sont épuisés, ils en ont besoin, et on ne sait pas ce qu'il en sera à la rentrée pour le Covid, on a besoin de soignants en forme", insiste Bernard Dupont. Mais cette année, le recrutement des soignants est très difficile, et l'absentéisme est plus important que d'habitude. "Certaines infirmières partent aussi en libéral", ajoute le directeur du CHU. Conséquence de ce triple phénomène, les hôpitaux connaissent une très forte pénurie de main d'œuvre.
On arrive tout simplement à la limite de nos ressources humaines. - Ophélie Opferman, infirmière et représentante CFDT au CHU de Nancy
"Il y a d'une part plus d'arrêts que d'habitude, parce que les soignants sont complètement vidés, et d'autre part, les agents à qui on propose de faire des heures supplémentaires refusent, parce qu'ils ne peuvent plus", insiste la syndicaliste. Les syndicats s'inquiètent alors de l'évolution de la situation sanitaire cet été. "S'il y a une quatrième vague à l'hôpital d'ici la rentrée, on ne pourra tout simplement pas y faire face".
Une situation globale
Ce problème est récurrent, mis en exergue par la crise du Covid. "Ce qui est inquiétant, c'est que nous sommes tous confrontés à ces problèmes dans le territoire", avance Bernard Dupont.
Entre le sud de la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, il manque quasiment 300 infirmiers, et cet été, entre 450 et 500 lits seront fermés, c'est conséquent et ce n'était pas le cas les années précédentes. - Bernard Dupont, directeur du CHU de Nancy
La question de l'attractivité et de la fidélisation des personnels est au cœur de cette problématique. Les hausses de rémunération promises par le Ségur de la Santé espèrent y répondre. "Sauf que les effets, on les ressentira peut-être dans trois ans... Et ce n'est pas qu'une question d'argent", conclut Ophélie Opferman.
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