Législatives 2024 : sans majorité absolue, le RN tentera "d'aller chercher un certain nombre de députés" d'autres partis

Pas de gouvernement RN sans majorité absolue à l'Assemblée nationale. Si Jordan Bardella avait catégoriquement annoncé avant le premier tour qu'il refuserait Matignon dans une telle situation, le discours a depuis légèrement évolué. "Il est évident que nous ne pouvons accepter d'aller au gouvernement si nous ne pouvons pas agir. Si on ne peut pas changer la politique qui est menée, ce serait la pire des trahisons que nous pourrions faire à nos électeurs", a assuré Marine Le Pen ce mardi matin sur France Inter.

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Mais si le parti s'approche du seuil des 289 députés, avec "par exemple 270 députés", le RN cherchera à attirer "un certain nombre de députés, des députés par exemple divers droite, divers gauche, LR, qui ont exprimé par le passé une proximité avec nous", a-t-elle nuancé.

Les désistements rendent "moins vraisemblable l'hypothèse d'une majorité absolue"

Une évolution dans le discours qui n'a pas échappé à Bruno Cautrès, enseignant à Sciences Po et chercheur CNRS au CEVIPOF et invité ce mardi sur franceinfo. Jordan Bardella avait auparavant "un discours de premier tour pour mobiliser fortement les électorats du Rassemblement national, et les électeurs de droite qui peuvent être par le Rassemblement national. Donc c'était clairement un objectif de mobilisation, analyse-t-il. Là, il y a des désistements qui rendent un peu moins vraisemblable l'hypothèse d'une majorité absolue".

Or, "le Rassemblement national ne peut pas expliquer à ses électeurs tellement mobilisés, tellement motivés, que s'il gagnait les élections législatives, il n'entendrait pas gouverner le pays. Donc effectivement, on voit le discours s'adapter, notamment à cette nouvelle donne qui est liée au désistement".

Sur les alliances possibles, si l'enseignant envisage mal des députés de gauche s'associer avec le RN, il souligne que "Jordan Bardella a axé sa campagne principalement sur ce qu'il appelle des mesures d'urgence. Est-ce que ces mesures d'urgence sont plus susceptibles qu'un vaste programme de réformes  de lui attirer des soutiens dans certains groupes de l'Assemblée nationale, notamment du côté des Républicains ? Il faudra effectivement poser cette question".

Mais du côté du parti à la flamme, cette hypothèse d'aller à Matignon sans majorité absolue n'est pas forcément vue d'un bon œil. "S'il nous manque ne serait-ce qu'un seul élu pour avoir la majorité, nous serons à la merci du bon vouloir d'un 289ᵉ député qui ferait basculer la majorité", expliquait à franceinfo un conseiller du RN.

"Je ne serai pas une Première ministre bis"

Ce mardi sur France Inter, Marine Le Pen affirmait par ailleurs que le gouvernement que pourrait diriger Jordan Bardella est "prêt". "Il sera complet, compétent, il sera constitué de gens du RN, de gens qui ont participé du combat électoral et des gens de la société civile", détaille-t-elle.

Elle-même n'en fera pas partie et ne compte pas non plus briguer le poste de présidente de l'Assemblée nationale. Ni même œuvrer en coulisses, assure-t-elle : "Je ne serai pas une Première ministre bis", insiste Marine Le Pen.