Le capitaine Sébastien Frajon, 42 ans, déjà à bord du navire militaire en construction à Saint-Nazaire

"Certes, le BRF Jacques Stosskopf vient d'être mis à flot à Saint-Nazaire, il n'est pas terminé, mais nous partons dans neuf mois pour Toulon et il faut beaucoup de temps pour prendre en main ce genre de navire. C'est une montée en puissance progressive" raconte, volubile, le capitaine de frégate Sébastien Fajon qui vient officiellement de prendre les commandes du bateau. Il est aujourd'hui à la tête d'une trentaine d'hommes, ils seront 130 d'ici juin.

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Carburant, vivres, médicaments, outils et surtout munitions, à commencer par les missiles. Les BRF, bâtiments ravitailleurs de forces de la Marine nationale, apportent en mer un soutien logistique crucial au porte-avion Charles-de-Gaulle. Les BRF construits aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, dont le Jacques Stosskop est le deuxième modèle d'une série de quatre, sont des navires technologiquement à la pointe.

À bord du navire à Saint-Nazaire le jour, hébergés à Saint-Brévin la nuit

À bord du navire à Saint-Nazaire le jour, hébergés dans un camping à Saint-Brevin la nuit, de retour dans leurs famille le week-end. Une drôle de vie pendant neuf mois pour l'équipage et son capitaine.

Originaire de Perpignan, Sébastien Frajon a commencé dans l'Armée comme mécanicien avant de gravir les échelons. Ingénieur et commandant, le quadragénaire, qui s'est installé à Brest avec sa famille, a notamment dirigé le Bougainville, bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer du côté de la Polynésie. Il connaît bien aussi les BRF, il en était l'an dernier l'officier programme et a participé à la construction du Jacques Chevallier, le premier sorti des Chantiers de Saint-Nazaire au printemps 2023.

Ses trois enfants, âgés de 4 à 10 ans, suivent ses périples. "Merci le téléphone portable et les réseaux", sourit le capitaine, "mais que voulez-vous, le marin vit pour être au large !". Sauf que là, Saint-Nazaire, ce n'est pas le large. "Mais tout aussi passionnant. Assister à la naissance d'un tel navire, et prendre en main les techniques d'armement, c'est déjà l'aventure".

Le troisième BRF mis sur cale avant la fin de l'année

La collaboration entre la Marine et les Chantiers, elle, va se poursuivre à un rythme soutenu. Après le BRF Jacques Chevallier, parti au printemps 2023, le Jacques Stosskopf, le deuxième, est donc prévu pour juillet prochain. "La coque a été assemblée en 12 semaines, un temps records", se félicite le patron des Chantiers.

La construction du troisième BRF est d'ailleurs déjà en cours. "Le tronçon avant, fabriqué en Italie par Ficantieri, doit arriver ces prochaines semaines pour une mise sur cale ici à Saint-Nazaire avant la fin de l'année" précise le directeur général des Chantiers de l'Atlantique, Laurent Castaing. Le quatrième sera livré en 2029. Coopération franco-italienne sous le joug de l'OCCAR, Organisation Conjointe de Coopération en matière d'Armement.

Au total, c'est 1,7 milliard d'euros pour les Chantiers et Naval Group, représentant plus de huit millions d'heures de travail.

Et c'est sans compter avec la construction du futur porte-avion. "Elle a déjà bien commencé sur notre site d'Indret, à Nantes", confie Eric Pommellet, PDG de Naval Group qui rappelle que cette coopération entre les deux industriels permet à la France de développer une forme de souveraineté navale. "Du plus petit bateau au plus gros comme le BRF ou le porte-avion en passant par les frégates".

Une collaboration avec la Marine qui monte en puissance

"Même si elle a toujours existé, la collaboration est de plus en plus forte avec la Marine" reconnaît enfin Laurent Castaing. La preuve avec cette convention de partenariat signée ce vendredi où il s'agit d'organiser la reconversion professionnelle des militaires dans le secteur de la construction navale. Bref de recruter d'anciens marins pour construire les bateaux de demain.