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Un séjour pour adultes handicapés interrompu en Dordogne pour éviter des "événements graves"

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La préfecture de Dordogne a mis fin à un séjour de vacances adaptées pour des personnes handicapées à Villamblard (Dordogne) fin juillet. Selon les services de l'État, une série de manquements entraînaient un risque "d'événements graves".

La préfecture a décidé d'arrêter le séjour prématurément.
La préfecture a décidé d'arrêter le séjour prématurément. © Radio France - Evelyne Gaillard

Le séjour dans le Périgord devait durer deux semaines, il a finalement été interrompu à mi-parcours après la publication d'un arrêté de la préfecture. Le samedi 27 juillet, un groupe de personnes adultes handicapées accompagnées de plusieurs encadrants et une directrice de séjour arrivent en car dans un centre de vacances privé de Villamblard (Dordogne), le "Centre d'accueil nature loisirs et sport". Le séjour était organisé par l'entreprise jurassienne "Escapades adaptées", basée à Villette-lès-Dole, spécialisée dans les séjours pour personnes adultes handicapées.

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Un contrôle deux jours après leur arrivée

Au programme des deux semaines de vacances en Dordogne : une visite de l'aquarium du Bugue, de la ville de Périgueux, d'une ferme pédagogique, baignade au lac de Nantheuil et une journée à Jacqou Parc.

Deux jours après le début du séjour, les services de la préfecture et l'ARS (Agence régionale de santé) se présentent à l'entrée du centre de vacances à Villamblard pour un "contrôle". La préfecture explique que la personne responsable de l'organisation du séjour a effectué un signalement la veille de leur visite pour dénoncer "des risques graves pour la santé, l'intégrité ou le bien-être physique et moral des personnes handicapées majeures". Les services de l'État précisent à France Bleu que selon le signalement, "les vacanciers étaient reçus dans des locaux inadéquats, avec un taux d'encadrement insuffisant".

Pas de protocole canicule, ni de diplôme de secourisme pour les animateurs

La préfecture de la Dordogne a constaté une "absence de protocoles chutes, intoxications, accidents, réorientations des vacanciers, rapatriement ou évacuation [...] et canicule". Par ailleurs, les animateurs envoyés par Escapades adaptées n'ont pas pu prouver qu'ils possédaient une trousse de secours adaptée, ni de diplôme de premiers secours. Un constat qui, selon la préfecture, "fragilise la démonstration de l'adéquation de l'équipe aux risques associés aux handicaps des vacanciers".

La directrice s'en va en cours de séjour

L'arrêté préfectoral note également "une absence d'éclairage de nuit, de rampe adaptée pour les escaliers [...] et l'inadéquation des plans inclinés d'accès en dur [qui] engendre un risque d'accident pour les personnes en fauteuil roulant ou ayant des troubles de la stabilité et une perte de mobilité et d'autonomie".

Plus de contrôle depuis le drame de Wintzenheim en août 2023

La propriétaire du centre de vacances était présente lors de ce contrôle, mais n'y a pas assisté, "ils m'ont dit que le contrôle concernait les organisateurs", explique Laurence Lemoine. Installée en Dordogne depuis vingt ans, elle louait ses locaux pour la deuxième fois depuis le début de l'été à cet organisme. "Je n'avais pas travaillé avec eux [Escapades adaptées] avant ces séjours. Ils étaient en autonomie, ils avaient même leur propre cuisinier."

Les changements rapides mais "insuffisants" pour la préfecture

La propriétaire tient à préciser qu'elle est "en dehors" de cet incident et indique qu'elle a déjà reçu des personnes adultes handicapées pour ce genre de séjour : "J'ai les agréments ! Oui, j'ai une ampoule extérieure à changer et une barre à installer, je vais le faire, mais ce n'est pas à cause de ça que le séjour s'est arrêté." Une propriétaire qui relève toutefois que le séjour semblait très bien se dérouler, "on les voyait chanter et danser".

À l'issue de ce contrôle, une nouvelle directrice de séjour a été nommée. Elle est arrivée sur le site le jeudi 1er août, et le reste de l'équipe encadrante a été renforcé dès les heures qui ont suivi le passage des agents, des changements que la préfecture n'a considérés comme "suffisants pour assurer la sécurité et la sérénité des vacanciers".

"Une problématique de comportement dans l'équipe"

À la fin du document de quatre pages, la préfecture indique "qu'il est nécessaire de mettre fin rapidement au séjour pour éviter que ne se produisent des événements graves dans ce centre de séjour", en précisant que "les locaux et sanitaires [sont] inadaptés aux handicaps" et note "une problématique de comportement dans l'équipe" et une "incapacité à assurer la sécurité et le bien-être moral des vacanciers". Le groupe de vacanciers et les encadrants ont quitté le site ce lundi 5 août au matin.

La préfecture précise à France Bleu Périgord que  "depuis le drame de Wintzenheim d'août 2023 [dans lequel onze adultes handicapés sont morts dans l'incendie d'un gîte qui n'était pas aux normes] ,le nombre de contrôles est en augmentation et les pièces demandées aux organisateurs de séjour de vacances adaptées organisées ont été élargies". En dehors des signalements, la préfecture de Dordogne assure contrôler au moins deux séjours de ce genre chaque année.

L'entreprise "Escapades adaptées" n'a pas donné suite à nos sollicitations.

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