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TÉMOIGNAGE - L'un des rescapés de l'accident de Puisseguin : "On se dit qu'on ne reprendra plus jamais le car"

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C'est l'un des rares survivants à accepter encore de témoigner, trois ans après avoir brisé une vitre du car pour se sauver, dans la catastrophe de Puisseguin en 2015. Raymond Silvestrini confie qu'il culpabilise toujours mais qu'il a entamé "une deuxième vie auprès d'une autre rescapée".

© Radio France - Stéphanie Brossard

Trois ans après l'accident de car de Puisseguin, le 23 octobre 2015, dans sa maison de Petit-Palais, Raymond Silvestrini raconte qu'il n'est plus réveillé au beau milieu de la nuit par le même cauchemar et les mêmes images de car en flammes. Qu'il a également arrêté les somnifères, grâce à elle, "son médicament". Pudiquement, il confie, ému, que, du drame, est née une belle histoire. "J'ai comme compagne depuis quelques mois, une rescapée aussi qui a été brûlée au visage. Et c'est beaucoup mieux à deux. On se réconforte. Voilà quoi... La vie reprend".

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"Comme une deuxième vie"

Lui a perdu sa femme, deux belles-sœurs et un oncle, dans l'accident. Elle, son père, deux sœurs et une tante. "On se dit, pourquoi on n'est pas resté avec eux ?" Silence. "Mais maintenant on est là. C'est une deuxième vie." Ce sentiment de culpabilité, d'autres rescapés n'arrivent pas à s'en défaire. Traumatisés, ils sont "pas des fantômes mais presque", qui "s'empêchent de vivre"

Raymond Silvestrini veut continuer à témoigner, "même si c'est douloureux", parce qu'il faut tirer les leçons de ce drame. "J'aimerais voir un jour un système automatique d'ouverture des portes dans les cars. Lors de l'accident, je m'en suis sorti en cassant une vitre parce que l'une des deux portes était bloquée"

L'un des huit rescapés de la catastrophe de Puisseguin, Raymond Silvestrini dans sa maison de Petit-Palais
L'un des huit rescapés de la catastrophe de Puisseguin, Raymond Silvestrini dans sa maison de Petit-Palais © Radio France - Stéphanie Brossard

"A quand les résultats de l'enquête ? Forcément, on se pose des questions"

Il s'impatiente aussi de ne pas voir l'enquête bouclée. "Ça fait trois ans déjà. Et les experts parlent très peu de l'incendie qui a démarré très vite et très fort après le choc. Forcément je me pose des questions. J'ai l'impression qu'on nous cache une part de la vérité. Parce que j'ai respiré un gaz toxique. C'était foudroyant". Trois ans que les investigations ont démarré (le Bureau Enquête Accident a rendu ses conclusions à l'été 2017). Et 20 longs mois que des expertises judiciaires complémentaires ont été réclamées par les avocats des parties civiles qui ont estimé que les premiers rapports étaient "trop sommaires"

Une autre question hante Raymond Silvestrini. "Je ne sais pas si on arrivera un jour à reprendre le car ?" C'est pour cette raison qu'il ne se rend plus au club du troisième âge, "toutes les sorties se font en car !" Il occupe sa retraite, à la chasse, et à échanger quelques balles de tennis, avec ses petits enfants, même si son dos le fait toujours souffrir. Conséquence de l'accident.

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