Sept plages "à éviter" dans le Calvados, une association bretonne alerte sur la qualité de l'eau de baignade

Alors que l'été est arrivé, la plage va redevenir un endroit prisé pour des nombreuses personnes : nageurs, pêcheurs, promeneurs... Si l'Agence régionale de Santé réalise régulièrement des prélèvements pour connaître la qualité de l'eau sur les littoraux, l'interprétation des données est-elle assez juste ? Ce n'est pas le cas si on suit le raisonnement de l'association Eau et Rivières de Bretagne qui a réalisé une carte de la qualité des eaux de baignades en France.

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En se basant sur les prélèvements de l'ARS, l'association interprète les données d'une autre manière, si bien que sur 37 plages dans le Calvados, sept sont "à éviter"(Tracy-sur-Mer, Asnelles, Bernières-sur-Mer, Saint-Aubin-sur-Mer, Langrune-sur-Mer, Lion-sur-Mer et Houlgate), 21 "déconseillées", sept "peu risquées" et deux "recommandées" selon la grille retenue sur le site La Belle Plage qui publie le classement. Le département fait partie des plus mal classés.

Une perplexité qui n'efface pas l'inquiétude

Sur la plage de Saint-Aubin-sur-Mer, classée "à éviter", les nageurs et promeneurs ne se bousculent pas en ce 22 juin 2024. Une nageuse a décidé de braver la fraicheur des vagues. Une habituée des lieux, le froid ne lui fait pas peur, mais se renseigne-t-elle sur la qualité de l'eau ? "Alors non. Pour l'instant, j'ai confiance. Mais effectivement, une eau de mauvaise qualité, c'est quelque chose qui m'ennuierait au point d'essayer de faire en sorte que les choses changent pour pouvoir nager de nouveau", explique Sophie.

La nageuse a déjà connu des périodes d'interdiction de nage, notamment après d'importants phénomènes de pluie entraînant le débordement de stations d'épuration. Des interdictions prises par arrêtés préfectoraux après contrôle de l'ARS. Mais, pour l'association, le problème n'est pas ponctuel, mais se caractérise à l'échelle nationale et donc, ici, dans le Calvados.

Plus loin, sur le sable, t-shirt noir et short bleu, Pascal, promeneur et pêcheur à pied, se balade. "Parfois la mer est très sale. Avant, j'allais dans la Loire, on voyait qu'il y avait de la mousse. On savait que c'était chimique. Là, de temps en temps, on voit la mer qui est très sale, mais est-ce que ce n'est pas le reliquat d'une tempête ?"

Le promeneur se pose la question. Impossible de voir la pollution bactériologique à l'œil nu. Pascal s'est quand même déjà interrogé. "Ça fait X fois le soir, quand je fais cuire mon bouquet [sorte de crevette], que je me pose la question, je me dis est-ce que je ne fais pas une bêtise parce que ça attrape tout ce qu'il y a dans l'eau ?", détaille le promeneur.

Mêmes données, deux visions

Au début de cette histoire de qualité de l'eau, il y a le travail de Laurent Le Berre, un Breton qui, comparant la qualité des eaux affichée sur les plages et celle sur le site officiel des eaux de baignades, trouve des différences marquantes. Une histoire racontée par le magazine d'investigation Envoyé Spécial sur France 2. De son travail découle un procès. L'ARS de Bretagne a été condamnée en juin 2023 par le tribunal administratif de Rennes pour avoir "manipulé" les données.

L'administration devait alors corriger le tir et transmettre des données actualisées et non faussées. Souhaitant mettre en avant la tromperie, l'association Eau et Rivières de Bretagne a établi à l'échelle nationale sa propre cartographie des qualités des plages.

L'association exploite les mêmes données, mais ne rend pas compte de la même manière des résultats. L'ARS tient compte du dernier prélèvement réalisé. L'association regarde plusieurs prélèvements et compare les données aux seuils de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l'Agence nationale de la santé (ANSES). Créant ainsi deux cartes distinctes des plages.

"L’association Eau et rivières de Bretagne a réalisé un « classement » des eaux de baignade sur la base d’une méthodologie différente de celle utilisée pour le calcul du classement officiel défini au niveau européen dans la directive européenne 2006/7/CE et que la France est tenue de respecter comme chaque État membre", précise l'ARS de Normandie.

À charge du nageur, promeneur ou pêcheur de faire son choix en fonction des cartes.