Passer au contenu
Publicité

La précarité: une réalité pour de très nombreux étudiants de l'Université de Lille

Par

En ce début d'année universitaire, la lutte contre la précarité des étudiants reste une priorité pour l'Université de Lille dont 49% sont boursiers. Interview d'Emmanuelle Jourdan-Chartier, vice-présidente en charge de la vie étudiante et du campus.

Une étude a montré que 33% des étudiants de l'Université de Lille sont en situation de précarité alimentaire
Une étude a montré que 33% des étudiants de l'Université de Lille sont en situation de précarité alimentaire © Maxppp

France Bleu Nord: Quelle est la proportion des 80.000 étudiants de l'Université de Lille touchés par la précarité?

Emmanuelle Jourdan-Chartier: Il y a deux études de l'Université de Lille qui nous permettent de toucher du doigt l'ampleur du phénomène. La première, qui est sortie il y a 18 mois montre que 33 % de nos étudiants sont en précarité alimentaire. Ça veut dire qu'ils vont sauter un repas ou restreindre leurs courses, restreindre ce qu'ils mangent pour des raisons économiques. Ça donne une idée de l'ampleur du phénomène. Et la deuxième étude portait elle sur la vulnérabilité, à la fois économique mais également psychologique et sociale. L'étude a montré qu'il y avait l'année dernière 44 % des étudiants qui étaient en situation de vulnérabilité. C'est une hausse de onze points par rapport à l'étude similaire qui avait été faite avant le Covid. Donc c'est un phénomène qui est massif et global des étudiants qui vont bien surveiller toutes leurs dépenses, avoir d'importantes difficultés de logement, ne pas pouvoir manger à leur faim. C'est vraiment un problème de très grande ampleur, particulièrement à l'Université Lille. Cela peut s'expliquer par le fait que l'on a un pourcentage de boursiers plus important, de 49% contre environ 35% pour la moyenne nationale. Et on a en particulier un nombre très élevé de boursiers échelon cinq,  six et  sept, c'est à dire les boursiers qui viennent des milieux les plus défavorisés et qui vont être le plus susceptibles d'être en difficulté.

Publicité

Quels sont les impacts de cette précarité sur la vie de ces étudiants?

Ce sont des étudiants qui doivent travailler. Donc la première répercussion, c'est qu'ils sont coincés entre, d'un côté,  l'impératif de travailler, parce que sans ça, ils ne payent pas leur loyer et, de l'autre côté, l'impératif d'aller en cours, de réussir leur année, leurs études, leurs examens, etc. Donc ça fait une pression très forte. Ça génère aussi parfois la nécessité de s'absenter, de ne pas pouvoir préparer son travail, etc. Et puis c'est aussi très difficile de se concentrer sur ce qu'on doit faire en TD quand on doit parallèlement réfléchir à ce qui reste à manger dans le frigo, si on met du chauffage ou si on met pas du chauffage, si on renonce à des heures de transport pour venir travailler à pied parce que vraiment il faut faire des économies. Donc c'est évident que ça a un impact très important sur la réussite étudiante et c'est à ce titre là que nous souhaitons nous en occuper, parce que notre rôle, c'est justement de permettre à l'ascenseur social de fonctionner, parce que c'est notre mission de service public et ça ne peut pas être le cas quand on a des étudiants en grande précarité.

Vous appelez les étudiants rencontrant des difficultés à se manifester le plus rapidement possible?

Plus ils viennent tôt, mieux c'est. C'est plus facile de les aider parce que, par exemple, quand on a des impayés de loyer très importants, c'est beaucoup plus difficile pour rattraper le train en marche. C'est également plus facile parce qu'ils n'ont pas accumulé de difficultés académiques, qu'ils n'ont pas décroché de leur parcours, qu'il est encore temps de mettre en place un ensemble d'aides. On peut aider un étudiant en lui donnant une aide financière, mais également en lui donnant par exemple accès à l'épicerie solidaire qui va lui permettre de diminuer considérablement ses frais alimentaires, de courses, etc. Donc j'incite les étudiants à venir nous voir dès qu'il y a une difficulté, il ne faut pas attendre, il faut aller au bureau de la vie étudiante, que ce soit d'ailleurs une difficulté sociale, économique, psychologique. Il faut venir nous voir avant que les choses deviennent écrasantes. L'Université dispose d'un certain nombre d'aides, financières et matérielles, pour aider les étudiants en situation de précarité.

Comment être mieux soigné en France ?

Consultation citoyenne France Bleu X Make.org. Déserts médicaux, qualité des soins, formation et salaires des soignants, accompagnement des malades, pénuries de médicaments… ces sujets qui concernent la santé en France sont au cœur de l’actualité et de l’attention d’une immense majorité de citoyens. Partagez vos solutions, faites des propositions et donnez votre avis sur celles des autres.

Publicité

undefined