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"Soit on part, soit on craque" : des démissions en cascade aux Bains municipaux de Strasbourg

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C'est un malaise profond que décrivent de très nombreux salariés des Bains municipaux de Strasbourg, tous postes confondus. Des conditions de travail compliquées, un sous-effectif chronique et surtout un gros problème de dialogue avec la direction dont le management est jugé brutal.

Le grand bassin des bains municipaux de Strasbourg
Le grand bassin des bains municipaux de Strasbourg © Radio France - Olivier Vogel

Moins d'un an et demi après la réouverture, très attendue, des Bains municipaux rénovés à Strasbourg, le lieu mythique, fleuron du patrimoine de la ville, fait face à des départs volontaires en cascade. Vingt-deux salariés, tous secteurs confondus, ont jeté l'éponge depuis la réouverture selon les salariés eux-mêmes, soit les trois-quarts de l'équipe.

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France Bleu Alsace a recueilli de nombreux témoignages de ces salariés, démissionnaires ou encore en poste. Tous mettent en évidence une équipe de direction dans sa tour d'ivoire et des méthodes de management qui brisent le personnel. "Un mal être, une situation pesante, les employés partent les uns après les autres, un vrai massacre" regrette Béatrice* qui travaillait à l'espace bien-être et qui a démissionné.

"On ne savait plus comment faire"

"Ils poussent les gens vers la sortie, s'ils peuvent couler les gens ils vont le faire" raconte Séverine*, une femme de ménage de 48 ans qui elle aussi a préféré jeter l'éponge. "J'ai travaillé dans les collèges, les lycées, je n'ai jamais eu de problèmes, mais ce que j'ai vu aux Bains, en un an et demi, j'ai jamais connu ça. Moi mon travail me plaisait, j'aimais bien l'ambiance, l'équipe, les maîtres-nageurs, c'est comme une petite famille en fait, j'ai l'impression qu'ils (ndlr, l'équipe de direction) sont jaloux quand les gens se mélangent, on a l'impression qu'il faut qu'il y ait une guerre, sinon ça va pas". "Il fallait dire oui à tout, on serrait les dents, on ne savait plus comment faire" raconte Josée*, une jeune salariée qui elle aussi a préféré partir.

Il y a aussi ceux qui restent et qui souffrent en silence, comme ce jeune homme, Rémy*, qui a "pris sur lui pour tenter de relativiser", ou l'un de ses collègues, Mathias*, qui pointe un sous-effectif qui conduit régulièrement à devoir fermer le petit-bassin. Beaucoup évoquent aussi une propreté qui laisse parfois à désirer.

Bracelets à énergie positive et astrologie

De nombreux salariés, ou ex-salariés, s'interrogent aussi sur l'organisation d'événements festifs en soirée et se disent aussi choqués de voir le développement, à l'entrée du bâtiment, de la vente d'objets divers, de la plante en plastique au mug en passant par les bougies ou les bracelets à énergie positive. "Les Bains sont gérés par des personnes qui pensent fête, événements, avoir de l'influence, organiser des trucs cool, mais pas des personnes vraiment terre à terre" résume Jules*, un salarié, dans un long message adressé à France Bleu Alsace.

Plusieurs témoignages évoquent en outre une directrice, Colette Audebert "qui s'enferme souvent dans son bureau pour réaliser des thèmes astraux". Parallèlement à ses activités de directrice des bains municipaux de Strasbourg, Colette Audebert gère également un site internet, "Astro Feminae" et une "Moon Academy", qui proposent des prestations ou événements astrologiques payants en lien avec la "magie de la lunaison", ce qui fait dire à l'une des salariées que la directrice est "souvent dans la lune".

"Ni plus ni moins qu'ailleurs"

Les Bains municipaux de Strasbourg sont gérés par le groupe Equalia, dans le cadre d'une délégation de service public pilotée par la Société publique locale Deux rives. La ville de Strasbourg est propriétaire des bâtiments. La directrice du site, Colette Audebert, et son adjoint, Juan Negrillo relativisent. Ils ne nient pas une forme de turn-over mais "ni plus ni moins qu'ailleurs". Ils affirment que la société Equalia emploie aux Bains municipaux de Strasbourg "trente quatre salariés, dont cinq membres de la direction". Et selon les deux dirigeants, "70% des salariés sont restés depuis la réouverture du site".

Des problèmes similaires dans deux autres sites gérés par Equalia

Equalia gère, selon son site internet, "une soixantaine d’équipements ludo-sportifs, regroupant des espaces aquatiques, bien-être, forme, des patinoires et des bases de loisirs". La société s'est vue retirer sa délégation de service public à Nîmes en 2018, et à Vire dans le Calvados, au début de l'année. Dans ces deux centres aquatiques, les maîtres-nageurs s'étaient mis en grève pour dénoncer leurs conditions de travail, un sous-effectif et une absence de dialogue avec leur direction.

A Strasbourg, la Société Publique Locale des 2 rives a demandé des explications à la direction des Bains municipaux et affirme rester attentive à la situation.

*Les prénoms ont été modifiés

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