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Liquidation de Caddie : la fin d'une aventure industrielle et commerciale de près d'un siècle en Alsace et dans le monde

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La liquidation de l'entreprise Caddie a été prononcée ce mardi par le tribunal de Saverne. La société, ex-leader du chariot de supermarché, avait vu le jour en 1928.

Des chariots dans l'usine Caddie à Drusenheim.
Des chariots dans l'usine Caddie à Drusenheim. © AFP - FREDERICK FLORIN

Nous pousserons encore longtemps sans doute des chariots dans les supermarchés, mais en Alsace, ce mardi 16 juillet, quelque chose s'est cassé : l'entreprise Caddie a été placée en liquidation par le tribunal de Saverne, faute de repreneur. C'est donc la cessation totale d'activité pour cette entreprise presque centenaire : ses origines remontent à 1928. Retour sur l'ascension puis la longue agonie de ce fleuron industriel qui a connu quatre redressements judiciaires en douze ans.

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A l'origine : le fil d'acier

Le fondateur de Caddie s'appelle Raymond Joseph. Né en Moselle, il s'installe dans la banlieue de Strasbourg et crée en 1928 les Ateliers Réunis dans l'arrière cour d’une maison de Bischheim. Il fabrique des produits à partir de fil d’acier, dont des mangeoires à poussins, des paniers à oeufs ou à salade, des égouttoirs... Tous les ustensiles alimentaires de l'époque sont fabriqués en fil d'acier et l'entreprise prospère. En 1934, elle s'installe à Schiltigheim.

Lors d'un voyage aux Etats-Unis aux débuts des années 50, Raymond Joseph découvre les supermarchés et le chariot à roulettes dont il rapporte le concept en France. Son idée : fabriquer des chariots en Alsace. Les Ateliers Réunis deviennent Ateliers Réunis Caddie. Raymond Joseph crée le premier chariot français équipé d’une porte battante en 1957 et dépose la marque en 1959, inspirée du golf. Le 15 octobre 1958, c'est l'ouverture du 1er supermarché français à Rueil-Malmaison.

Une photo montre le logo de la société Ateliers Réunis Caddie.
Une photo montre le logo de la société Ateliers Réunis Caddie. © AFP - FREDERICK FLORIN

Caddie numéro 1 mondial

L’essor des grandes surfaces en France et dans le monde permet à Caddie de se développer et de devenir numéro 1 mondial. Au supermarché, on ne dit pas un chariot, mais un caddie. La société veille d’ailleurs jalousement sur la marque et l’usage de son nom. Elle dépose des variantes comme Caddy, Cadi ou Caddie City… jusqu’à 226 enregistrements pour 28 noms différents dans 67 territoires à travers le monde. Dans les années 90, elle réussit même à faire condamner Le Figaro qui avait employé le terme" caddie” de façon générique.

Les années 70 et 80 sont un âge d'or. En 1973, une deuxième usine ouvre à Drusenheim. L’entreprise familiale exporte vers 120 pays du monde, innove pour la grande distribution mais travaille aussi les milieux hospitaliers, l’hôtellerie, les bureaux, elle est leader du porte-bagage. Raymond Joseph dirige l'entreprise de façon paternaliste : en 1978, à l’occasion des 50 ans de l’entreprise, une fête est organisée au Palais des Congrès de Strasbourg. Il remet un louis d’or à chacun de ses employés.

Le déclin

La croissance mondiale avait fait le succès de Caddie, la mondialisation cause ses premières difficultés. A la mort du fondateur, en 1984, sa fille Alice reprend les rênes de l’entreprise, mais ne parvient pas s’adapter aux nouvelles données du marché. Elle veut produire en France quand son principal concurrent, l'Allemand Wanzl, se rapproche de ses clients sur les marchés d’Asie et d’Amérique et lui vole la vedette. Caddie abandonne provisoirement le chariot plastique, jugé pas assez fiable. De mauvais investissements, des coûts de production trop élevés, l'éparpillement entre plusieurs sites bas-rhinois plombent l’entreprise.

En 2011, Caddie emploie 550 personnes en France et produit 850.000 chariots par an, mais l’année suivante est celle du premier redressement judiciaire. L’entreprise est reprise par l’industriel Altia. Deux ans plus tard, deuxième redressement judiciaire. C'est à ce moment-là que Stéphane Dedieu, un ancien commercial de Caddie, rachète l'entreprise pour la relancer après un ultime plan social.

En 2017, pour ses 90 ans, Caddie ouvre les portes du site de Dettwiller au grand public. L'optimisme semble de mise : l'entreprise emploie 240 salariés, le chiffre d'affaires est en progression alors que l'entreprise est passée sous contrôle polonais. Caddie expose au Salon Euroshop 2017 son caddie géant, conçu en 1960 et homologué par le Guinness Book.

En 2015, Stéphane Dedieu pose à côté du caddie géant qui trône devant l'usine de Drusenheim.
En 2015, Stéphane Dedieu pose à côté du caddie géant qui trône devant l'usine de Drusenheim. © AFP - FREDERICK FLORIN

Mais en 2021, nouvelle crise : fin 2021 Caddie est à nouveau en cessation de paiement. Le PDG explique les difficultés de la société par la crise du Covid, les syndicats parlent de "mauvaise gestion". En 2022, le groupe Cochez, basé à Valenciennes, reprend l'entreprise, avec l'aide de fonds publics, mais l'entreprise n'est bientôt plus que l'ombre d'elle-même, avec 110 salariés seulement et de lourds impayés.

Ce 16 juillet, Cochez devait présenter une offre avec 15 salariés, mais le procureur n'a pas accepté qu'elle soit examinée. L'autre offre aurait pu émaner de l'ancien PDG, Stéphane Dedieu, mais il ne l'a finalement pas déposée.

Source principale : Caddie, itinéraire d'une icône française par Maxime Durand.

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