Les grosses entreprises aident les petites à s'installer dans le village de Viols-le-Fort

À Viols-le-Fort, trois commerces ont vu le jour ces deux dernières années, un salon de coiffure, un boucher et une librairie, installés au cœur du village qui compte 1.200 habitants. Des installations pour lesquelles la mairie a donné un coup de main sans débourser un centime grâce au mécénat d'entreprises.

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Une aide de 4.000 euros pour aider à la création de commerces

Le principe est simple : les grandes entreprises du territoire versent une somme comprise entre 3.000 et 5.000 euros à la mairie sur un compte dédié au mécénat. Ce don donne lieu à une déduction fiscale, sur le même modèle des dons faits aux associations.

Les petits commerçants peuvent ensuite bénéficier d'une enveloppe de 4.000 euros pour les accompagner et payer leurs frais divers. "C'est une aide précieuse, explique Anne Durand, la mairie de Viols-le-Fort. Quand on s'installe et qu'on est seul, c'est un peu vertigineux, c'est le grand saut dans le vide, alors 4.000 euros, ça aide un peu et cela montre à ceux qui veulent se lancer qu'ils ne sont pas seuls". Après dix années passées comme agent immobilier à son compte, Anne Durand sait de quoi elle parle.

Un juste retour des choses pour la société Focus Création

Parmi les donateurs, la société Focus Création qui fabrique des cheminées et poêles contemporains dans le monde entier. Le siège social abrite une quarantaine de salariés au cœur du village de Viols-le-Fort, là où Dominique Imbert, le fondateur de la marque, s'est installé il y a 50 ans, aidé à l'époque par la mairie.

"Notre aide aujourd'hui est un juste retour des choses, explique Jean-Marc Chalier, coprésident de Focus Création, lui-même originaire de la commune. Il y a 50 ans, la mairie a cédé pour un franc symbolique à un artisan artiste sans le sous (Dominique Imbert) la ruine dans laquelle nous sommes aujourd'hui pour qu'il puisse s'installer. Quand on voit ce que ça a créé, 40 personnes qui viennent chaque jour dans le village, ça génère une dynamique, c'est important".

Une aide qui ne se cantonne pas à du mécénat financier, ajoute Jean-Marc Chalier. "On donne aussi parfois des conseils, on peut imprimer certains documents, il nous est aussi arrivé de réceptionner des colis ou du courrier l'après-midi, quand La Poste était encore présente, c'est un partage, une aide, un accompagnement, c'est normal."

À deux pas, la toute nouvelle boucherie du jeune entrepreneur Pierre Michel et de ses salariés. Originaire de Viols-le-Fort, il reprend le commerce lorsque Serge, le patron, prend sa retraite. Les 4.000 euros de la mairie lui permettent de faire de l'embellissement du magasin, l'achat d'étagères et de fournitures. "C'était important car on est des petits jeunes du village et sans petits commerces, il n'y a pas de convivialité. Avec cette somme, on se sent soutenu, c'est plus confortable". Parmi ses clients, les anciens de la commune ,mais aussi les salariés de Focus et de jeunes couples qui viennent de s'installer à Viols-le-Fort et dans les environs.

Des anciens ravis

Le salon Xena Coiffure s'est installé le même jour que le boucher, le 8 février 2022. À 27 ans, elle-aussi originaire de Viols-le-Fort, Xéna Rigal se lance donc à son compte. Le coup de pouce de la mairie a permis de faire des travaux dans son local.

Dominique, une cliente, est ravie de ces installations, "Ça me permet d'aller chez le coiffeur sans prendre la voiture et j'adore aller à la librairie aussi, c'est une grande chance d'avoir un tel commerce dans un petit village comme le nôtre. C'est formidable !" Dominique se rend régulièrement aux conférences et concerts proposés par la librairie.

Un pari pour les créateurs de la librairie La Bestiole

La librairie La Bestiole a vu le jour en novembre 2022 grâce à quatre associés constitués en SARL, eux aussi habitants de la commune. Une belle devanture et une enseigne en fer forgée offerte par la société voisine Focus Création. Une installation rendue possible par plusieurs dispositifs, des emprunts bancaires, un financement participatif auprès des citoyens, une aide importante de la Région Occitanie qui soutient les actions autour du livre et de la lecture et le mécénat d'entreprises mis en place par la mairie.

Plus qu'une librairie, La Bestiole est un lieu de rencontres culturelles avec une programmation variée. "Cela correspond à une attente de la population d'un lieu culturel ouvert toute l'année, avec des ateliers graphiques, des concerts, des présentations d'éditeurs, des expositions d'artistes et des ateliers pour les jeunes parce qu'il n'y a rien dans le village à ce sujet" explique Clément Chauvet, l'un des quatre associés. Les anciens y trouvent leur compte aussi, "d'autant que beaucoup sont un peu perdus avec internet, et ceux qui ne le sont pas nous disent qu'ils ne vont plus passer par Amazon pour acheter des livres".

Malgré tout, les quatre associés doivent continuer à travailler à côté puisqu'ils ne dégagent pas encore de salaire. Un véritable sacerdoce, un service au public pour faire vivre leur lieu de vie.