À l'approche de Pâques, les chocolatiers limousins tentent de limiter la casse
Pas de chasse aux oeufs, cette année. Les fêtes de Pâques sont presque là, mais elles s'annoncent catastrophiques pour les chocolatiers du Limousin, en raison du confinement qui devrait se poursuivre, au moins, jusqu'au 15 avril.
Normalement, en cette période de l'année, tous les chocolatiers sont sur le pont : les fêtes de Pâques sont là, il faut préparer les douceurs qui raviront les papilles. "Cette année... on a le temps", soupire, philosophe, Bernard Besse, le patron de Borzeix Besse, la chocolaterie corrézienne née à Treignac en 1901. Pas d'effervescence dans les laboratoires, pas de commandes qui pleuvent... les chocolatiers, comme le reste du pays, tournent au ralenti à cause du coronavirus.
"Normalement, je suis souvent sur les marchés, mais comme beaucoup sont annulés, je me suis confiné, raconte François Fressinaud, de la chocolaterie des 1000 cabosses, à Vallière dans la Creuse. Je ne vend plus que sur rendez-vous, ce qui limite énormément, donc je suis en attente." Toute la profession est affectée, à un moment d'autant plus difficile que les fêtes de Pâques sont le deuxième temps fort de l'année, après Noël. Elles représentent entre 20% et 30% du chiffre d'affaire, "sachant qu'après, la vente est plus légère, il va falloir tenir jusqu'à Noël prochain", précise Bernard Besse. "Cette année, Pâques sera catastrophique, c'est fichu, fichu, fichu", se désole le chocolatier.
Une production quasiment à l'arrêt
Pour François Fressinaud, qui va fêter ces cinq années d'activité pendant le confinement, le coup devrait être supportable. "J'ai assez de trésorerie pour tenir un, deux ou trois mois", estime-t-il. Du haut de ses 110 ans d'existence, Borzeix-Besse en a vu d'autres, mais le patron s'inquiète pour ses salariés au chômage technique et les frais fixes de ses trois boutiques (Treignac, Brive et Limoges) qu'il faut continuer à payer.
Le coup est d'autant plus dur que Pâques se prépare des mois à l'avance : les commandes de matière premières sont passées depuis des mois, les chocolatiers ont réfléchi à leurs créations, ils avaient commencé à fabriquer... La chocolaterie Lamy, à Brive-la-Gaillarde, prévoyait des chocolats autour du thème "cinq fruits et légumes", avec "un Monsieur Patate, une Madame Carotte, détaille Eric Lamy, le patron. Nous envisagions de faire aussi un Monsieur Poireau, mais nous allons nous limiter à ces deux modèles, car ça ne sert à rien de fabriquer, si c'est pour jeter derrière."
Il y aura quand même des chocolats pour Pâques
Alors, tous vont tenter de sauver les meubles. Les boutiques acceptent toujours les commandes et espèrent que les consommateurs se mobiliseront pour aider les commerces limousins. "On peut fêter Pâques à la maison, en achetant aussi de l'agneau de chez nous, des légumes chez les maraîchers, assure François Fressinaud. Pâques est une fête familiale, donc j'espère que les gens auront quand même envie de marquer le coup, chez eux."
Le Creusois accepte les commandes, que l'on peut retirer sur rendez-vous dans sa boutique. Il se dit également prêt à livrer, si plusieurs commandes sont groupées, afin de ne pas se déplacer pour quelques euros.
Chez Lamy, la boutique de Brive sera ouverte quatre matins par semaine, "pour la forme, parce qu'on ne croit pas au Père Noël, dit avec un sourire Eric Lamy, mais aussi parce que nous avons reçu beaucoup de commandes, les gens sont nombreux à nous appeler, parce qu'on manque de douceurs dans ce monde de brutes !" Le chocolatier va également livrer, avec deux véhicules, et un drive est mis en place. "Si on fait 2% du chiffres qu'on prévoyait pour Pâques, ce sera déjà bien", indique Eric Lamy, fataliste.
Même son de cloche chez Borzeix Besse : les boutiques sont ouvertes, mais Bernard Besse ne s'attend pas à une grosse affluence.
On va essayer de proposer à la clientèle qui le voudra bien des produits de Pâques, mais on ne se plaint pas trop. C'est une période difficile pour tout le monde et la priorité, c'est de sauver des vies. Nos difficultés ne sont pas si graves, si on compare avec les soignants qui risquent beaucoup plus que nous ! - Bernard Besse
Les chocolatiers espèrent aussi que les clients leurs reviendront dès la fin du confinement. "On pourra peut-être même fêter Pâques en juin ou en juillet, plaisante François Fressinaud. Même si une chasse aux oeufs sous 30 degrés, ce n'est pas idéal !"
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