L'Orchestre national Avignon-Provence joue avec des personnes en situation de handicap à Aramon

Trois patients en situation de handicap et deux soignants de l'hôpital de jour Tony Laine à Beaucaire, dans le Gard, ont vécu une sacrée expérience. Ils ont fait un concert avec un quatuor de l'Orchestre national Avignon-Provence, rien que ça. C'était ce mardi 14 mai 2024 dans les murs de l'église Saint-Pancrace d'Aramon. La concrétisation de huit mois de travail pour ces musiciens en herbe. Ce projet a vu le jour grâce au partenariat entre l'hôpital, l'Orchestre et l'École de musique d'Aramon.

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Un incroyable instrument

Sur scène, trois pensionnaires de l'hôpital de jour, deux soignants et quatre musiciens de l'Orchestre national Avignon-Provence. Quelques minutes avant le concert, on fait les derniers ajustements. Même si tout paraît bien au point, Joël, l'un des pensionnaires de l'hôpital de Beaucaire, n'est pas très serein. "Je suis stressé, mais ça va. Parce qu'à vrai dire, j'ai beaucoup de mal quand il y a du monde", explique-t-il.

Et pourtant, ils sont prêts. Le déroulé est clair. Ils joueront du Bach, du Beethoven, mais aussi du Pharrell Williams. Depuis huit mois, ils apprennent à jouer du bao-pao, comprenez "baguette assistée par ordinateur", dont l'origine vient de l'association marseillaise "Puce À l'Oreille". Il s'agit d'un instrument adapté aux personnes en situation de handicap. "C'est un instrument un peu extraterrestre, je dirais, décrit Élisabeth Graizzaro, la directrice de l'école de musique d'Aramon. Nous avons quatre arceaux, et donc avec ces arcs, on a une corde laser qu'on ne voit pas et en coupant cette corde laser, le son se déclenche."

Cela paraît simple, mais ne l'est en fait pas du tout, comme l'a découvert Yohan, l'un des patients. "Il ne suffit pas de juste balayer sa baguette comme ça, n'importe comment. Il faut quand même avoir un certain rythme", appuie-t-il. Et le rythme, ils l'ont, puisqu'une fois le concert lancé, on a bien du mal à croire qu'en septembre, ils ne savaient pas jouer de leur instrument. À la fin de la représentation, les musiciens professionnels sont conquis par l'expérience, les patients et les soignants aux anges et le public complètement comblé. Mission réussie.

Un apprentissage spécifique

Pour monter ce projet, il a fallu être patient. Travailler avec un public en situation de handicap nécessite de prendre le temps. Une séance d'une heure par semaine pendant huit mois. Avant même de toucher à l'instrument, il a fallu apprendre à se connaître, mais aussi se mettre en confiance. Les patients qui ont participé au projet souffrent notamment de troubles autistiques ou de schizophrénie. Une fois tout le monde apaisé, il a fallu se lancer dans la pratique. "On a beaucoup de toutes petites victoires, détaille Élisabeth Graizzaro, la directrice de l'école de musique. Par exemple, partager un regard, que la personne accepte qu'on touche sa main pour l'aider. Ce sont plein de petites victoires comme ça." Une expérience musicale et humaine que les participants ne sont pas prêts d'oublier.