Planète Bleu Occitanie : le canal latéral à la Garonne tente de sortir de l'anonymat

Il se dessine des Ponts-Jumeaux à Toulouse à Castets-en-Dorthe, en Gironde avant Langon pour rejoindre la Garonne, son fleuve. Rien que cela, qui le sait ? Le canal latéral à la Garonne, construit deux siècles après le canal du Midi, est bien moins connu que son illustre grand frère inscrit au Patrimoine de l'Unesco. Mais les départements comme Voies Navigables de France (VNF) s'intéressent de plus en plus à ces 193 kilomètres de linéaire à la quiétude inégalée et aux atouts environnementaux certains.

Plus récent, plus court, plus tranquille

Le canal latéral à la Garonne a été aménagé au XIXème siècle, près de 200 ans après le canal du Midi. Il aura fallu autant de temps, sinon même légèrement plus, pour bâtir un ouvrage différent à bien des aspects. "Le canal du Midi est en pierre de taille alors que le latéral a des matériaux différents et son architecture est plus simpliste", résumé Michel Lapouyalère  chef du service territorial Garonne chez VNF.

La véritable différence ne se voit pas à l'œil nu, en tous cas pas l'œil profane. C'est une histoire de dynamique de l'eau. Le canal latéral fonctionne comme un cour d'eau continu avec des dérivations systématiques à chaque écluse, avec ainsi  une circulation permanente de l'eau. Ce n'est pas le cas du canal du Midi. "On peut aussi considérer, même si ça n'est pas quantifié, qu'il y a sans doute plus de poissons dans le latéral, la nature bénéficie d'une lus grande quiétude", ajoute le technicien. L'eau n'est aussi pas la même. Tandis que le canal du Midi provient du fleuve Aude et de plusieurs retenues (lac de Saint-Ferréol et autres plus  petites réserves de la Montagne noire, lac de la Ganguise), le canal latéral est alimenté à 95% par la Garonne, via l'écluse Saint-Pierre à Toulouse. En cas de besoin spécifique, des prélèvements peuvent être effectués dans le canal d'alimentation de la centrale nucléaire de Golfech dont l'eau est prise dans la Garonne.

La voûte arborée qui fait tout le charme du canal du Midi fait aussi celui de son cousin plus au nord. Mais le chancre coloré, ce fameux champignon qui a eu raison de nombre de platanes, s'est pour l'instant arrêté à Toulouse. Les arbres sont intacts du nord de la Haute-Garonne à la Gironde.

Unesco

Depuis quelques années, le collectif Toulouse au fil de l'ô, qui défend les intérêts économiques autour du canal des deux mers, demande que les collectivités s'organisent pour demander un classement au patrimoine mondial de l'Unesco pour le canal latéral. "Il est délaissé, il ne se passe rien, regardez le nord toulousain. C'est pour cela qu'il faudrait que les deux régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, mais aussi les Départements du 31, du 82 , du 47 travaillent ensemble pour pouvoir obtenir des financements", plaide Jean-Luc Fontalirand, le président du collectif. Une marque canal latéral, comme il existe une marque canal du Midi. "Sachant qu'avec les travaux de la LGV, trois ou quatre ponts vont devoir être détruits et reconstruits, on devrait se servir de cela pour aller plus loin", ajoute cet ancien attaché parlementaire qui a aussi travaillé sur la péniche Occitania.**

Le collectif, qui a récemment eu un entretien avec Dominique Faure la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, interpelle également les candidats aux élections européennes. Seuls le Parti socialiste et le Rassemblement national ont été sensibles à la cause du canal latéral jusque là.

Essor touristique à petits pas

Le canal latéral irrigue la plupart des terres agricoles dans le Tarn-et Garonne qui ne sont pas arrosées par la rivière Tarn. Et a plus longtemps servi pour le transport de marchandises que le canal du Midi. C'est peut-être pour cela aussi que le tourisme ne s'est pas naturellement développé.

Mais les temps changent. Depuis plus de trois ans, les Départements du Tarn-et-Garonne et du Lot-et-Garonne tout particulièrement s'intéressent à la tranquillité du canal du Midi en co-finançant avec VNF et avec des appels à projet privés des réhabilitations de maisons éclusières (automatisées sur le latéral).

Ainsi, une guinguette va ouvrir cet été à la maison éclusière n°11 près de la pente d'eau de Montech, tout comme un accueil à vélos au n°13. Ces dernières années, un restaurant à ouvert le long du canal à Moissac, des gîtes à Castelsarrasin, une guinguette aux abords d'Agen (écluse n°34), de la restauration rapide à Damazan, etc.

Un appel à projets vient de  terminer pour cinq autres maisons éclusières du canal latéral à la Garonne. "Les Départements ont compris l'intérêt qu'ils avaient à investir dans des voies vertes le long du halage pour les cyclistes. Les initiés les ont investis, les familles un petit peu moins, il leur faut des services, c'est ce que nous sommes en train de développer", conclut Michel Lapouyalère (VNF).