Plus d'excuses pour ne s'occuper de nos plantes !

Et c’est ce mot que vous avez choisi de faire pousser aujourd’hui, Jean…

Eh bien oui, c’est une activité qui fait du bien que de s’occuper de ses plantes, qui vient du verbe latin plantare, planter, mais aussi déjà du mot planta désignant en latin classique une bouture, un plant, et qui curieusement et plaisamment, quand le mot passa en française au XIIIe siècle, désigna principalement la vigne. On ne doit pas l’oublier, au moment où l’eau n’était pas toujours potable, le vin restait la boisson privilégiée au-delà même de sa saveur, d’où l’omniprésence des vignes. C’est au milieu du XVIe siècle que la plante prit le sens actuel. Ce qui est délicieux, c’est la toute première définition donnée dans un dictionnaire du mot plante, celle de Pierre Richelet, en 1680 dans son Dictionnaire françois, définition que je vous lis : « Corps mixte, vivant, qui tient un milieu entre l’animal et le minerai, ayant suc, & racine, à la faveur de laquelle il se nourrit. » 

On imagine, Jean, que les premiers dictionnaires sont riches en formules plaisantes…

En effet, par exemple lorsque Richelet présente des adjectifs pour qualifier les plantes, en évoquant les « plantes boiseuses, fibreuses, bulbeuses, tubéreuse, charnues, genouilleuses. » En fait, ce dernier mot n’existe plus aujourd’hui. On le disait des plantes qui ont « des fibres et des racines épaisses qui demeurent à fleur de terre » Et je vous lis une précision de Richelet : ce sont ces plantes qui « étant de plusieurs pièces se trouvent toutefois jointes ensemble à la manière du genou qui joint la cuisse à la jambe ». Je ne crois pas avoir de plantes genouilleuses à la maison, mais je vais y réfléchir. En fait, du genou à la plante des pieds, il n’y a pas si loin, mais cette dernière vient du latin pedis, le pied. Ce qui est sûr c’est que quand on dit, « Ah la belle plante », en général il ne s’agit pas de la plante des pieds !