Le quart d'heure toulousain : Docteur Mathieu Boulanger

On parle souvent des déserts médicaux en France, c'est aussi un des sujets de cette campagne des législatives anticipées. À Saint-Antonin-Noble-Val, il n'y aura plus de médecin généraliste à partir de lundi prochain. Mathieu Boulanger, jeune médecin, a décidé de quitter le Tarn-et-Garonne pour s'installer à Gaillac dans le Tarn, où il habite. Un choix de raison, après le départ de ses collègues et l'augmentation de sa charge de travail. Il est venu nous en parler ce jeudi 20 juin 2024 sur France Bleu Occitanie.

Une décision très difficile à prendre

C'est une décision qui a été "très difficile" à prendre pour ce médecin de 39 ans. Au départ, ils étaient trois dans la maison de santé. Un premier est parti dans une autre région de France. Un deuxième a été recruté par la Sécurité sociale pour devenir médecin-conseil. Mathieu Boulange s'est donc retrouvé seul pour absorber la totalité de la patientèle : 3.000 personnes. "On a essayé de révolutionner notre méthode de travail avec mon assistante médicale, mais malgré tous nos efforts pour changer, pour faire de nouvelles choses, pour investir dans des équipements et travailler mieux, il y a un moment où ça craque. Je me suis mis dans le fossé, la fatigue, la perte de contact avec la famille" explique le médecin.

"Je n'ai pas vu grandir mon fils"

Le médecin raconte l'impact de son métier sur sa vie personnelle, cette "famille des années 50 à la maison" avec une conjointe qui gère "absolument tout". "Mon plus petit a dû être suivi parce que je ne l'ai pas vu. Il a cinq ans aujourd'hui, il va bien, mais je ne l'ai pas vu grandir. Il part à l'école, il rentre, il va faire ses activités périscolaires, je ne le vois pas. J'ai le compte rendre de ma femme le soir de ce qui s'est passé dans la journée, quelques photos et voilà" raconte Mathieu Boulanger.

Des patients vont le suivre ... à plus de 40 kilomètres !

Ce vendredi soir, il fermera une dernière fois son cabinet. Il ouvrira lundi à Gaillac, là où il habite. Certains de ses patients ont décidé de le suivre. Ils feront 40 km, peut-être plus. "J'ai des patients de l'Aveyron qui m'ont déjà demandé si je pouvais continuer leur suivi. J'estime qu'il vaut mieux ça que de se retrouver sans suivi" explique Mathieu Boulanger qui a bien conscience de l'importance de son rôle, en milieu rural. Du côté de la communauté de communes, on s'organise également. Une association va participer à mettre en place une sorte de co-voiturage pour permettre aux patients d'aller à Gaillac voir le docteur Boulanger.