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JO 2024 (volley): une fresque contre le racisme à la gloire d'une joueuse vandalisée à Rome

Au lendemain de son inauguration, une fresque à la gloire de Paola Egonu, la star de l’équipe italienne de volley titrée aux JO de Paris 2024, a été vandalisée ce mardi à Rome. La peau noire de l’athlète originaire du Nigeria a été recouverte de rose et les mentions contre le racisme ont été effacées de l’œuvre peinte devant le siège du comité olympique italien.

La haine et la bêtise n’auront pas mis longtemps à se manifester. A peine une journée. Au lendemain de son inauguration, une fresque à la gloire de Paola Egonu a été vandalisée ce mardi à Rome. L’œuvre a été peinte par l’artiste de rue Laika devant le siège du comité olympique italien afin de célébrer le triomphe de la volleyeuse de 25 ans, titrée lors des JO de Paris 2024 en étant élue meilleure joueuse du tournoi.

Mais quelques heures plus tard, dans la nuit, la peau noire de l’athlète originaire du Nigeria a été recouverte de rose. Le mot "italianité" inscrit en-dessous du dessin a été effacé, tout comme les mentions contre le racisme insérées dans le ballon de volley. La tresse de Paola Egonu a également été réduite. Le ou les auteur(s) de cette entreprise nauséabonde n’ont pas encore été identifié(s).

"Le racisme est un vilain cancer dont l’Italie doit guérir"

Écœuré par ces dégradations xénophobes, Laika a réagi sur les réseaux pour exprimer son dégoût: "Le racisme est un vilain cancer dont l’Italie doit guérir". Après avoir achevé son œuvre, l’artiste transalpin avait exprimé sa satisfaction de pouvoir rendre hommage à Paola Egonu, victime d’attaques racistes récurrentes en Italie. "Cette victoire est une gifle à tous les soi-disant patriotes, qui n’accepte pas une Italie multi-ethnique, composée de secondes générations", avait-il notamment lâché.

Né en Vénétie, Paola Egonu a grandi dans la région de Padoue, élevée par un père chauffeur-routier et une mère infirmière. Ses parents se sont installés de l’autre côté des Alpes après avoir passé une grande partie de leur vie au Nigeria. Elle a débuté le volley à l’âge de 12 ans, avant d’obtenir sa nationalité italienne trois ans plus tard. Malgré les remarques désobligeantes sur sa couleur de peau et ses racines africaines, Paola Egonu s’est construit un solide palmarès au fil des années: vice-championne du monde en 2018, championne d’Europe en 2021 et maintenant championne olympique.

Des attaques sur son "italianité"

Mais les attaques incessantes qu’elle subit ont failli la détourner de sa passion. Après sa médaille de bronze au Mondial 2022, celle qui se déclare ouvertement bisexuelle a fondu en larmes en marge d'un match face aux Etats-Unis, en affirmant vouloir quitter la sélection. "Tu ne peux pas comprendre, c'est devenu fatigant", a alors confié la réceptionneuse à son agent. "Ils m'ont demandé si j'étais italienne. C'est mon dernier match (en équipe nationale). Je suis fatiguée."

Après réflexion, Paola Egonu a finalement décidé de poursuivre son aventure avec la sélection italienne de volley, pour lui offrir le premier titre olympique de son histoire à Paris. N’en déplaise au général Roberto Vannacci, un homme politique d’extrême-droite, qui a estimé dans un livre que "ses caractéristiques somatiques ne représentaient pas l’italianité".

Dans la presse italienne, la star du volley a raconté comment ses parents l’avaient mise en garde contre le racisme avec ses frères et sœurs lorsqu’elle était jeune: "On va peut-être vous insulter, mettez-vous dans les conditions de ne pas leur donner raison. Ils disent que les Noirs puent? Essayez d'être toujours propres.' C'est terrible pour des parents de tenir de tels discours, mais c'était leur façon de nous protéger".

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport