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JO 2024 (escrime): pourquoi les tireurs redressent toujours leur lame avec leur main ou leur pied (sans se couper)

Les épéistes, comme les fleurettistes, redressent régulièrement leur arme avec leur pied ou leur main pendant les combats. Une nécessité pour conserver un alignement parfait avec le bras et porter des attaques précises.

Vous l’avez sûrement remarqué lors du tournoi olympique d’escrime. Entre deux assauts, les tireurs prennent très régulièrement le temps de torturer leur arme avec la main ou le pied. Et ce n’est pas un toc, ni une manière de gagner un peu de temps. Boris Sanson, champion olympique par équipes au sabre lors des JO 2008 de Pékin désormais consultant pour RMC Sport, en donne les raisons. Et c’est une nécessité.

"Si ta pointe remonte, elle ne sera pas du tout sur la cible de ton adversaire"

"Tu as une flèche, qui est la flexion de la lame", explique-t-il. "Il vaut mieux que la pointe soit légèrement vers le bas plutôt que vers le haut. Et quand tu vas impacter, parfois, la lame se relève et ça déséquilibre totalement l’arme. C’est pour ça qu’avec le pied, on va redresser, relisser la lame dans le bon sens. Sinon, cela va impacter l’équilibre de ton action. La pointe est centrée par rapport à ta main. Si elle descend et que ta pointe remonte, quand tu vas allonger le bras, ta pointe ne sera pas du tout sur la cible de ton adversaire. C’est vraiment une question de sensation." Rassurez-vous, ce n'est pas dangereux. "Ça ne coupe pas du tout", ajoute Boris Sanson.

Les épéistes français Yannick Borel, Romain Cannone, Luidgi Midelton et le remplaçant Paul Allegre (entré en jeu en demi-finale), ont régulièrement eu recours à ce procédé en quarts, puis en demies du tournoi par équipes, ce vendredi. "Ça se fait tout le temps", reprend Boris Sanson. "Parfois, quand on a mis un impact, la flexion par rapport à la courbure de la lame est trop importante, l’arme garde cet effet d’enroulé monté trop haut et descendu trop bas qui forme une espèce d’anse. On essaie de relisser pour diminuer cette courbure et la remettre plus ou moins droite. Certains adorent avoir la lame toute droite, d’autres légèrement incurvée et c’est plutôt une sensation. Et surtout qu’on puisse toucher."

L’épée n’a pas le monopole de ce réflexe. "Au fleuret aussi parce qu’il y a cette courbure et c’est une arme de pointe principalement", reprend Sanson. "Comme on va impacter, il y a une flexion de la lame qui fait qu’une courbure va se créer. Quand on est au corps au corps et que la lame vient vraiment impacter, elle est un peu tordue. Avec le pied, on va la faire doucement glisser pour la chauffer aussi et la redresser. Au sabre, comme on est surtout sur des attaques portées plutôt qu’en coup de pointe, on a rarement ça mais tu pourras voir aussi les sabreurs chauffer un peu et redresser."

Nicolas Couet Journaliste RMC Sport