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JO 2024 (escrime): pour clore une saison chaotique, les épéistes peuvent rêver d’or olympique

Ce vendredi, au Grand Palais, l’équipe de France d’épée masculine a une vraie chance de ramener l’or. Avec des tireurs très forts qui viennent de traverser une saison troublée, qu’ils veulent enterrer en montant sur la plus haute marche du podium.

Après la déception du fleuret féminin ce jeudi, la France peut glaner son premier titre par équipe de ces JO à l’escrime avec les hommes à l’épée. Car le collectif bleu est homogène et fait peur: Romain Cannone, champion olympique en 2021, Yannick Borel, tout frais vice-champion olympique et Luidgi Midelton, champion d’Europe il y a un mois (Paul Allègre est remplaçant). Sur le papier, ça claque. Sur la piste aussi, et tous rêvent de l’or olympique pour clôturer une saison éprouvante, surtout psychologiquement. "Je ne suis pas adepte du conflit, ce n’est pas quelque chose dont je me nourris. J’aurais largement préféré qu’à cette période, on se réunisse autour du même projet. Mais la situation est telle qu’elle est", expliquait Yannick Borel il y a un mois.

Des individualités fortes et soudées

L’histoire a été racontée des tonnes de fois: trois cadres (Cannone, Borel et Alexandre Bardenet) qui s’éloignent de l’INSEP à la rentrée et passent quasiment tout leur temps en club sur fond de conflit avec l’entraîneur national d’alors, Hugues Obry. La non-sélection d’Alexandre Bardenet aux JO, pourtant troisième français au ranking, contestée par l’intéressé et portée devant le conseil des conciliateurs du CNOSF. Des relations froides entre le staff des Bleus (Obry a été rétrogradé et Gauthier Grumier a pris sa suite) mais des résultats probants, tout de même: la France est première nation mondiale par équipe. Quatre podiums dont deux victoires cette saison et un titre de champions d’Europe. Et les tireurs, eux, sont soudés.

Hugues Obry évoque ses dépressions

Les mousquetaires tricolores visent donc, pour eux-mêmes et pour clore cette très rude saison, la victoire ultime. Même si tout n’est pas apaisé. "C'est la première fois que je m'exprime à ce sujet-là: j'ai fait trois dépressions", confiait Hugues Obry ce mardi dans l'Intégrale Paris 2024 sur RMC, en pleine compétition. "J'ai été accusé de harcèlement moral, plus ou moins de racisme... Donc je l'ai mal vécu. Après je me suis mis en arrêt maladie parce que j'avais du mal à le vivre." Ce contexte, il faudra l’oublier sur la piste du Grand Palais. Yannick Borel et Romain Cannone, expérimentés, ont appris à le faire. Ils n’ont rejoint le stage de l’équipe de France qu’en dernière minute avant les Jeux, pour la conférence de presse, après avoir travaillé en club, en solo. "Ça fait trois ans que c’est fatigant et je me suis donné à fond pendant ces années, se qualifier ce n’est pas facile, on n’est pas beaucoup à faire les Jeux. Même si on peut se dire que tu étais champion olympique, ce n’est pas comme ça que ça se passe le sport", disait Cannone après son élimination en individuel. L’heure est venue de tout surpasser pour faire vibrer les Français.

Valentin Jamin