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JO 2024: en VTT féminin, les Bleues en quête du doublé

Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecompte débutent les JO de Paris ce dimanche.

Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecompte débutent les JO de Paris ce dimanche. - AFP

Trois ans après être reparties bredouilles de Tokyo, les filles de l’équipe de France de VTT sont de retour sur la scène olympique. A Elancourt dans les Yvelines, Loana Lecomte et Pauline Ferrand-Prévot comptent bien cette fois ne pas laisser s’évaporer leurs rêves dorés. Course à 14h ce dimanche.
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Difficile de faire mieux que "PFP" en termes de palmarès. A 32 ans, la Rémoise possède dans sa garde-robe la bagatelle de 15 maillots arc-en-ciel, pour 15 titres de championne du monde, sur route, en cyclocross, en gravel, et dans les différentes disciplines du VTT. Elle arrive d'ailleurs aux JO avec un statut de double championne du monde en titre sur la discipline olympique. Mieux que ça, à l'exception de la grande course des championnats d'Europe en mai, elle a gagné toutes les courses qu'elle a disputées depuis un an. Vous avez dit favorite ?


Problème, les Jeux olympiques ne sont pas la tasse de thé de cette touche à tout du vélo. Elle en rêve bien évidemment, mais en trois participations à l'épreuve de VTT olympique, elle n'a jamais fait mieux qu'une dixième place, à Tokyo en 2021. Pas de quoi pour autant lui mettre la pression.  "S'il faut gagner les JO, autant les gagner à la maison, assure-t-elle. Je suis un peu stressée mais c'est normal. J'ai vraiment tout mis en place pour être championne olympique. J'ai organisé tout comme je voulais et je suis plutôt fière de moi et de ma préparation."

Une vie d'ermite pendant un an: "Je n'avais de comptes à rendre à personne"


Une préparation en ermite depuis un an durant laquelle Pauline Ferrand-Prévot n'a notamment accordé aucune interview, préférant se concentrer pleinement sur sa performance. "Le but, c'était d'être vraiment tranquille, de me préparer sereinement, de garder toute mon énergie pour m'entraîner et pour récupérer, sourit-elle. Ce sont mes derniers JO donc je ne voulais rien regretter et rester focus sur cet objectif. Je me suis coupée de tout, mais ça a été bénéfique et je me suis sentie bien. J'ai vécu mes meilleurs moments parce que j'étais tranquille et je n'avais de comptes à rendre à personne." 


Entraînement intensif durant l'hiver avec les hommes de son équipe Ineos Grenadiers, stages en altitude au printemps et en début d'été, impasses sur des manches de Coupe du monde en début d'année au Brésil, où elle avait peur de perdre trop d'influx avec de longs déplacements et du décalage horaire... une préparation "idéale" juge celle qui partage la vie du champion néerlandais vainqueur de Paris Roubaix 2022, Dylan Van Baarle.

"On sent de bonnes ondes"


Une préparation à laquelle Pauline Ferrand-Prévot a ajouté depuis deux ans et son arrivée dans la formation britannique une dimension psychologique qu'elle avait toujours pourtant refusé d'explorer jusque-là. "Je me suis rendu compte qu'on s'entraînait des heures sur le vélo, on entraîne son corps mais c'est débile de ne pas entrainer son mental, explique Pauline Ferrand Prévot. Or, c'est une des choses les plus importantes dans la performance. On a un psychiatre au sein de l'équipe Ineos, et ce monsieur, c'est un génie, il m'a beaucoup aidé. De mon côté aussi j'ai aussi une psychothérapeute. Les deux sont complémentaires et ça m'a permis d'analyser tous les aspects mentaux. J'ai besoin de comprendre comment je suis parfois. L'aspect psychologique, c'est un peu un sujet tabou mais ça ne devrait pas l'être."


De quoi être parfaitement armée pour cette course olympique disputée ce dimanche sur la colline d'Elancourt, la dernière course de VTT de la carrière de PFP. "C'est l'évènement d'une vie", avoue d'ailleurs la Haut-Marnaise. Mais ça reste du sport et quoi qu'il en soit, l'aventure sera belle, même si je ne gagne pas dimanche. "Elle est pour moi l'athlète féminine du cyclisme, assure Yvan Clolus le coach de l'équipe de France de VTT. On lui souhaite d'aller chercher ce qui lui manque, ce titre olympique. On sent de bonnes ondes autour."

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Au Japon en 2021, Loana Lecomte était arrivée, tout juste âgée de 21 ans, nantie d’un statut de numéro 1 mondiale sans doute un peu trop lourd à porter pour de si frêles épaules. Et dans la suffocante atmosphère de la piste de VTT d’Izu au pied du Mont-Fuji, la Haut-Savoyarde n’avait pris qu’une petite 6e place lors de l’épreuve olympique, victime d’un ennui mécanique. Une expérience douloureuse, mais salvatrice à l’écouter.

"Personne n’est prêt à affronter une telle attente aussi jeune, avoue Loana Lecomte. Ça m’a permis d’analyser et de comprendre ce que c’est les Jeux olympiques, et ce n’est pas une Coupe du monde. Et puis les ennuis mécaniques n’arrivent jamais par hasard. C’est toujours la faute du sportif, quand on crève ce n’est pas la faute du caillou. Tout ça se travaille à l’entraînement. Tout cela fait qu’aujourd’hui je suis beaucoup plus sereine." 

80% des médaillés olympiques font un travail de préparation mentale

Une sérénité également acquise à travers des changements dans la préparation de Loana Lecomte. A la dimension physique, la vététiste de 24 ans a ajouté dans son entraînement un aspect mental et psychologique dans des proportions qu’elle n’aurait elle-même jamais imaginé. Elle collabore notamment depuis 2022 avec l’ancienne biathlète aux deux médailles olympiques Marie-Laure Brunet.

"J’étais un peu bornée avant Tokyo et la préparation mentale, je me la faisais toute seule. Pourtant, à 100% de notre forme, c’est le mental fait la différence aux Jeux olympiques. Ce travail je le fais désormais, comme beaucoup de ceux qui gagnent des médailles olympiques. C’est du travail sur le long terme qui je pense me permet aujourd’hui d’avoir les épaules", explique l'Annécienne.  

Lecomte rêve de succéder à son idole

Et des épaules, il en faudra ce dimanche pour Loana Lecomte. Vainqueure d’une manche de Coupe du monde à Crans Montana fin juin, elle n’en sera pas moins opposée à une concurrence féroce, composée entre autres de sa compatriote, championne du monde en titre, Pauline Ferrand-Prévot, mais aussi de la vice-championne Olympique de Tokyo, la Suissesse Sina Frei ou encore de la Néerlandaise Pieterse et de l’Américaine Batten.

Malgré tout, Loana Lecomte fera partie des immenses favorites pour le titre olympique sur la colline d’Elancourt pour tenter de succéder à son idole de jeunesse Julie Bresset, championne olympique de VTT à Londres en 2012. Celle qui fit pencher de cœur de Lecomte vers le VTT plutôt que le ski nordique qu’elle pratiquait également à un très bon niveau. En octobre dernier, la vice-championne du monde de Glasgow en 2023 avait posé une première pierre à l’édifice de son rêve, en remportant le test-event sur la colline d’Elancourt. 

Arnaud Souque