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AUSCHWITZ. L'HORREUR DES CAMPS DE CONCENTRATION.

Publié le 24/07/2015 à 15:53 par rol-benzaken Tags : solidarité horreur exposition centerblog histoire sur center monde coup chez homme air annonce texte

Les justifications font parfois plus mal que la faute elle-même.

Comme si les oublis de Lech Walesa dans ses premiers discours de commémoration de la libération d'Auschwitz n'avaient pas suffi, son entourage a cru bon d'en élucider la cause.

 

image

 

Ainsi, l'un de ses proches, cité par le "Wall Street Journal", souligne que l'omission du mot "juif" par le président polonais lors de ses deux discours de Cracovie s'explique par le contexte politique troublé que connaît aujourd'hui son pays.

"Walesa a d'autres préoccupations actuellement, a-t-il dit: une crise gouvernementale, des problèmes avec le Parlement, une campagne électorale qui s'annonce."

 

Conclusion:

l'ancien dirigeant de solidarité, héros du monde libre il y a quinze ans, symbole achevé du combat des "justes", ne peut pas penser à tout. Il a des soucis d'arrière-boutique; il ne peut pas, en plus, se souvenir que près de 1 million de juifs sont morts dans les chambres à gaz d'Auschwitz.

 

Et peu importe qu'on lui ait, en dernière minute, arraché une phrase sur "la souffrance des nations, et en particulier de la nation juive": la gaffe de l'homme de Gdansk restera comme l'un des pires moments de sa carrière politique. Mais elle ne sera pas seulement cela.

 

On aurait tort, en effet, de la considérer comme un exemple supplémentaire de la singularité des rapports entre les catholiques polonais et la communauté juive. On se tromperait aussi si l'on en limitait l'analyse aux difficultés que rencontrent les citoyens des anciens pays communistes à secouer cinquante ans d'une propagande qui a effacé la spécificité du martyre juif pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Car le péché d'omission de Cracovie rappelle, en fait, bien des lapsus, bien des discours ou des silences embarrassés, qui soulignent notre gêne, à tous, devant notre histoire récente. Il faut condamner Walesa, mais aussi ces Allemands qui, avec le chancelier Kohl, en 1985, au cimetière de Bitburg, ou en 1993, lors de l'inauguration d'un mémorial à Berlin, mettaient sur le même plan toutes "les victimes de la guerre et de la tyrannie", et gommaient, donc, la spécificité de l'Holocauste.

 

Il faut condamner, enfin, ces Français - dont François Mitterrand - toujours prompts à banaliser Vichy, Pétain, et tant d'amitiés particulières. Mais, après avoir dénoncé, il faut surtout s'interroger sur ce problème universel, cette incapacité largement partagée à assumer ce passé tout récent.

 

Le débat qui agite actuellement les Etats-Unis est à cet égard exemplaire.

 

Car après le 6 juin, après les camps, après Yalta, après le 8 mai, il y eut Hiroshima et Nagasaki. Comment commémorer cette horreur-là?

 

En époussetant l' "Enola Gay", le bombardier d'Hiroshima, qui sera exposé au musée de l'Air et de l'Espace, à Washington, non loin des plus belles pièces célébrant la conquête spatiale et le génie humain. Mais que faut-il écrire sur les pancartes d'explication qui entoureront l'avion? Dans un premier temps, le script de l'exposition disait ceci:

"Pour la plupart des Américains, la guerre contre le Japon fut une guerre de revanche. Pour la plupart des Japonais, ce fut une guerre destinée à préserver leur culture unique contre l'impérialisme occidental." Scandale, compréhensible, chez les anciens combattants.

 

Du coup, le texte devient:

"Pour éviter d'avoir à envahir le pays, et sauver le plus grand nombre de vies possible, Harry Truman a choisi d'utiliser la bombe atomique." Explication discutée par bon nombre d'historiens, Truman ayant peut-être agi aussi pour faire peur aux Russes. Vu du Japon, par les descendants des victimes, le discours de Washington paraît donc un peu simple.

 

Résulat: les organisateurs de l'exposition décident de supprimer tous les textes. Position minimaliste, qui souligne l'importance du débat. Bien entendu, la bombe atomique fut utilisée pour une "bonne cause", la nôtre.

Mais une question subsiste: comment assumer l'horreur?

Celle des autres. Et la nôtre?