RECIT DE MES SOUVENIRS DE VIE. J'AI 10 ANS EN 1959.

12 mars 1959, je fête mes 10 ans à Rabat (Maroc).

Photos de famille.

J'ai 10 ans en 1959. je suis sur la terrasse de notre immeuble impasse Henri Popp.

On avait la vue sur la Tour Hassan.

C’est souvent à travers nos albums photos qu’on entretien nos souvenirs.

J’aime beaucoup regarder les anciens albums, c’est quelque chose qui me plaît énormément.

On a tous ces petites choses qui nous rappellent notre tendre enfance.

Aujourd’hui, j’avais envie d’évoquer ces petits souvenirs, et faire un petit retour dans le passé pour quelques moments de nostalgie et de bonheur aussi !

J'ai 75 ans en 2024, j’ai cette impression que mon enfance était hier.

Je crois que je me rends compte que je vieillis de plus en plus quand je vois mes petits-enfants grandir et arriver à l’adolescence.

C’est difficile pour moi de les voir comme de grands enfants tellement je les revois encore tout bébé.

Je sais que c’est nul mais le dernier de la fratrie est souvent le petit bébé de la famille.

Enfin bref, tout ça pour dire que parfois, rien qu’une petite journée, j’aimerais bien retourner dans mon enfance si innocente, où j’étais encore naïf et insouciant !

C'était à l'époque vers 1959, j'avais 10 ans, nous habitions rue Henri Popp et mes parents m'envoyaient au mellah chercher le dimanche matin des beignets tout frais.

C'était un délice avec un soupçon de miel de l'atlas et un verre de thé à la menthe.

Il fallait traverser la rue Henri Popp jusqu'à la porte du Mellah, et marcher 300 mètres pour arriver chez le marchand de beignets.

Il me les servait (une douzaine) tous chauds et croustillants tenus par un ruban de fil de raphia de palmier vert.

En général mes parents m'envoyaient presque tous les dimanches matins en chercher.

J'étais gourmand et au retour à la maison j'en mangeais deux, mais le marchand me connaissant m'en offrait toujours un de plus.

Pourquoi j'ai attendu si longtemps pour y revenir.

Il n’existe pas un pays au monde qui n’a pas sa ou ses recettes de beignets.

Mais à mon goût, et n’en déplaise à certains, aucun pays au monde ne détrônera le Maroc et les sfenjs de mon enfance !

Autrefois les juifs du Maghreb dès qu'un bébé perçait sa première dent, la coutume voulait que les grands-mères préparent des beignets enrobés de sucre en poudre ou de miel. Toute la famille se réunissait pour venir déguster ces sucreries.
Actuellement pour tous les événements joyeux on réalise ces beignets.

Quelque chose qui a réanimé en moi un souvenir.

Tout cela a bien existé.

J'aimerai revenir en arrière et revivre des

moments d'innocence.

Je suis heureux et triste à la fois.

Je suis nostalgique.

Heureux d'avoir vécu tant de belles choses.

Mes deux sœurs, mon frère et moi attendions vivement le samedi pour toucher notre argent de poche.

C'était à Rabat dans les années début 1960 et jusqu'à notre départ du Maroc en juillet 1966.

Voici le déroulement de la distribution de notre argent de poche.

Samedi midi, on déjeune tranquillement.

Fin de repas après le dessert, on attend avec impatience le moment venu en regardant ma mère, on lui faisait signe avec nos doigts et elle savait qu'il y avait une habitude à ne pas perdre.

C'était un rituel, mon père se lève de table, ma mère lui fait rappeler un détail.

Ouf il a compris.

13 heures 30 il part vite faire sa partie de carte et rejoindre ses amis, d'abord c'était au café des 5 parties du monde prés de chez nous et ensuite plus tard au café de la Renaissance comme tous les jours face à sa boutique

(PHOTOPTIC HENRI) rue du 18 juin 1940 à Rabat.

Ce détail répétitif de ma mère,... Henri tu n'oublies rien?

Effectivement il faisait toujours semblant d'avoir oublié.

Il sortait son portefeuille et donnait une somme suivant l'âge soit en billets soit en monnaies.

Ma sœur Rose plus âgé que moi (7 ans de +) attendait son billet sans broncher.

Mon frère Charles plus âgé que moi (4 ans de +) réclamait toujours plus car il avait plus de dépenses, déjà en cigarettes, en sorties et en loisirs.

Il avait de nombreux copains et sortait beaucoup le week-end en boites de nuit.

Moi Roland j’acceptai ce qu'on me donnait. Je ne comptais pas là dessus pour satisfaire mes loisirs et mes dépenses pour la semaine.

Mon truc pour gagner de l'argent c'est revendre des jeux et jouets personnels à mes camarades du quartier ou de l'école.

Souvent j'allais au mellah de Rabat situé à deux pas de chez nous, et vendre des livres d'école de l'année passée et de vieux vêtements usés.

Ma sœur Michelle moins âgée que moi (2 ans de -) attendait aussi de la monnaie.

La distribution de notre argent de poche faite, mon père repartait bien sûr avec des bises de notre part et

des merci PAPA.

merci papa chéri

merci mon beau papa

merci papa le plus beau du monde...