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LAURENT BERGER SUR LA REFORME DES RETRAITES

Publié le 07/02/2023 à 09:35 par papilacabane Tags : vie sur france monde coup soi gain enfants fond obstacles travail société centre 2010 femmes cadre message texte pouvoir

Laurent Berger sur la réforme des retraites : « C’est la France du travail qui manifeste, pas celle de la paresse »

Laurent Berger sur la réforme des retraites : « C’est la <a class=France du travail qui manifeste, pas celle de la paresse »" />

 

Dans un entretien accordé à La Croix, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, appelle les parlementaires à aller au bout de l’examen du texte et à ne pas jouer l’obstruction. Ici, le 3 février, au siège du syndicat à Paris. Nicolas Lascourrèges pour La Croix

 

La Croix: Que peut changer cette nouvelle journée de mobilisation ?

Laurent Berger :Regardons déjà ce qui se passe. Il y a un rejet massif d’une mesure injuste : le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les mobilisations ont été exceptionnelles. C’est le monde du travail, dans sa diversité et sa profondeur, qui s’exprime.

Quand je remonte le cortège parisien de la CFDT, je vois les gens de la propreté, de la restauration, du lien, de l’accompagnement, du social : c’est la France du travail, pas celle de la paresse, comme certains la qualifient. Le gouvernement aurait tort de regarder le profond ressentiment qui s’exprime là avec les mauvaises lunettes.

La mobilisation va-t-elle se confirmer mardi et samedi ?

L. B. :Le mardi 7 février confirmera que des travailleurs et travailleuses peuvent se mobiliser en semaine. Quant au samedi 11, nous voulons en faire une fête du travail, avec des cortèges pacifiques et festifs. Ce sera une mobilisation populaire, dépassant largement notre cadre habituel.

Les sondages montrent le rejet et aussi une colère dans l’opinion : face à un raidissement de l’exécutif, saurez-vous maintenir ce caractère festif ?

L. B. : Il faut poser la question au gouvernement. Au pic de leur mobilisation, les gilets jaunes ont réuni 284 000 personnes, avec malheureusement trop de violences de la part de certains, et des réponses ont été apportées. France/Reforme-retraites-2023-31-janvier-record-mobilisation-2023-02-01-1201253255" target="_self">Le 31 janvier, 1,27 million de personnes ont refusé pacifiquement la réforme dans la rue.

Quelle serait la perspective si elles ne recevaient pas de réponse ? Faut-il l’outrance, la violence et la hargne pour se faire entendre ? Ce n’est pas une menace – je me battrai pour rester dans un cadre respectueux –, mais on ne peut répondre à cette tension sociale que par l’exercice démocratique du pouvoir. Cela passe aussi par l’écoute de la société.

Les France/Reforme-retraites-2023-Elisabeth-Borne-souhaite-etendre-dispositif-carrieres-longues-2023-02-05-1201253798" target="_self">concessions annoncées dimanche par Élisabeth Borne sur les carrières longues vous paraissent insuffisantes ?

L. B. : Nous les avons découvertes dans Le Journal du dimanche sans précisions. Il faut bien comprendre que l’injustice initiale de la réforme réside dans le report de l’âge. Des mesures peuvent réduire l’injustice, mais celle-ci demeure. Il faut retirer le décalage de l’âge à 64 ans et reprendre le dossier dans le bon sens en parlant d’abord du travail.

Que dites-vous aux députés que vous rencontrez ?

L. B. : Beaucoup se posent des questions. Vous ne pouvez pas être député et ne pas regarder combien de personnes manifestent dans votre circonscription ! Même dans des petites villes, il y a eu des milliers de gens. Cela veut bien dire quelque chose ! Je les invite à écouter le rejet massif de cette réforme par le monde du travail.

Le gouvernement veut introduire des mesures de justice sociale dans un autre projet de loi au printemps. Qu’en pensez-vous ?

L. B. : Pendant le Covid, on a beaucoup mis en avant les travailleurs, et surtout les travailleuses, de deuxième ligne. On leur a promis une reconnaissance qui n’est jamais arrivée. Et, tout d’un coup, on leur dit : « Vous allez travailler deux ans de plus » ! Cela ne peut pas marcher ! On ne peut pas dire « on passe les 64 ans, mais faites-nous confiance : sur l’égalité femmes-hommes, sur la pénibilité, on s’arrangera dans un autre texte ».

Face à un profond bouleversement du monde du travail, cette réforme s’est faite avec le regard des années 2000. Le rapport au travail change : les gens souffrent d’une absence de reconnaissance mais veulent travailler, en se protégeant et en conservant autonomie et libre choix. Le travail n’est pas une valeur mais il a de la valeur. Ce n’est pas quelque chose de négatif mais une forme d’émancipation, de réalisation de soi, de participation à un projet collectif. Il faut le revaloriser, lui donner du sens et de la reconnaissance.

Le gouvernement a donc pris les choses à l’envers en faisant une réforme des finances publiques. Il fallait commencer par les conditions de travail, l’articulation entre temps personnel et temps professionnel, la pénibilité, les salaires… et regarder ce qui en découlait sur les retraites.

Qu’attendez-vous des débats parlementaires ?

L. B. :France/Reforme-retraites-2023-gouvernement-accule-Parlement-2023-02-06-1201253901" target="_self">Il ne faut pas d’obstruction. Opposés ou non à la réforme, travailleurs et citoyens veulent que la représentation nationale se prononce sur l’article 7, qui concerne les 64 ans. Nous avons rencontré les groupes parlementaires – sauf le Rassemblement national – et leur avons présenté des amendements sur les seniors ou le minimum contributif.

Dans votre refus des 64 ans, n’êtes-vous pas contraint par votre dernier congrès, qui a rejeté toute mesure d’âge ?

L. B. : La résolution proposée disait clairement notre opposition au report de l’âge légal et que l’augmentation de la durée de cotisation était la seule mesure juste en cas d’augmentation de l’espérance de vie. Comme il n’y a pas de gain d’espérance de vie, et vu l’actualité, nos syndicats n’ont pas voulu que nous posions la question de la durée de cotisation, déjà à l’œuvre avec la réforme Touraine que nous avons soutenue. La CFDT ne s’est pas durcie et je ne me sens pas du tout minoritaire dans les cortèges parisiens.

Les débats peuvent durer jusqu’au 26 mars. Comment faire pour que votre mobilisation ne s’essouffle pas ?

L. B. : Par un travail intersyndical étroit. Nous sommes unis sur un mot d’ordre unique : contre les 64 ans. Nous n’essayons pas de nous mettre d’accord sur tout et assumons ce qui nous sépare, y compris dans les modalités d’action. Et nous décidons ensemble : il n’y a pas d’« avant-garde éclairée » ou une organisation qui déciderait avant les autres. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de grèves – c’est un droit constitutionnel –, mais notre logique n’est pas aujourd’hui d’aller vers des blocages.

Imaginons que le gouvernement retire l’article 7, il y aurait quand même un déséquilibre du régime. Comment le régler ?

L. B. :La CFDT n’a jamais été contre le fait de réfléchir à cette question de l’équilibre. Depuis 1998, elle est contre le report de l’âge légal mais a accompagné des réformes qui lui paraissaient justes. En 2019, nous nous sommes engagés pour la réforme systémique, nous avons contesté l’âge pivot – qui a été enlevé –, et j’ai proposé une conférence de financement sur laquelle nous avions commencé à travailler. Il y a eu ensuite le Covid. Mais pourquoi le président de la République n’a-t-il pas proposé d’aller de nouveau vers une forme de système universel ?

Cette fois, le déséquilibre est sans commune mesure par rapport à 2003, 2010 et 2014. Il ne menace pas à terme le régime par répartition. Pourquoi donc traiter les retraites maintenant ? Nous n’avons pas changé. Nous reposerons donc la question d’un système universel avec un pilotage plus fin, moins anxiogène qu’à coups de grandes réformes tous les cinq ou dix ans.

Pourtant, à l’Agirc-Arrco, cogérée par les syndicats, un malus incite aussi à reporter d’un an l’âge de la retraite…

L. B. : Nous proposons justement de mieux piloter le système des retraites avec ce genre de choix de décote et surcote, beaucoup moins brutaux, injustes et clivants que des mesures touchant uniformément tout le monde. Cette fois, c’est vraiment une réforme à l’ancienne avec un bras de fer pour voir qui gagne à la fin. Si le texte passe – en dehors des conséquences sociales –, tout le monde y perdra dans les années à venir en termes d’ambiance dans le pays, et sans doute au niveau démocratique. Même ceux qui auront fait passer le texte.

Réforme des retraites 2023 : premières séances agitées à l’Assemblée nationale Réforme des retraites 2023 : premières séances agitées à l’Assemblée nationale

 

La motion de rejet déposée par la Nupes n’a pas obtenu la majorité des votes, lors de la première séance sur la réforme des retraites. Ici la députée Rachel Keke (La France insoumise) lors d’une session de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale en janvier 2023. Thomas Padilla//MAXPPP

 

Motions de procédure, rappels au règlement, suspensions de séance, invectives et claquements de pupitres : le début de l’examen parlementaire de la réforme des retraites, lundi 6 février 2023, a témoigné de la vigueur des oppositions. « Est-ce que vous croyez que nous allons passer quinze jours comme cela dans l’hémicycle ?, s’est vite agacée dans le brouhaha la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance). On n’est pas dans un amphi, on n’est pas dans une manif ! »

Preuve d’un contexte tendu, Marine Le Pen a demandé la parole pour « dénoncer une manœuvre extrêmement grave » : des députées du groupe RN auraient reçu « un message leur indiquant qu’un de leur enfant est hospitalisé » afin qu’ils s’absentent de l’Assemblée nationale. Au-delà des divergences politiques, la présidente de la commission des affaires sociales, Fadila Khattabi (Renaissance), lui a publiquement apporté son soutien : « Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec Mme Le Pen : nous sommes plusieurs à recevoir des lettres d’intimidation et de menaces sur nos familles, nos enfants. »

Malgré une majorité relative, le projet de loi a surmonté ses deux premiers obstacles parlementaires. De Mathilde Panot (LFI) à Charles de Courson (Les Centristes, LIOT), les oppositions ont d’emblée vilipendé « un déni de démocratie ». Principale critique de forme : le choix de passer par une loi de financement rectificative de la sécurité sociale, et non par un texte spécifique. « L’obstruction et le blocage comme seules perspectives », a accusé, en retour, le ministre du travail, Olivier Dussopt, particulièrement chahuté.

La motion référendaire du RN rejetée

Premier obstacle : la motion de rejet préalable présentée par Mathilde Panot (LFI-Nupes). « Pour qui avons-nous été élus ? », a-t-elle répété en s’appuyant sur les manifestations syndicales et les sondages d’opinion défavorables à un report de 62 à 64 ans de l’âge de la retraite. « Si le gouvernement ne veut pas retirer son projet, le peuple devra retirer ce gouvernement », a poursuivi Mathilde Panot en déclarant les députés LFI « prêts» à une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale. Avertissant : « Ces murs ne sont pas assez épais pour vous protéger de la colère qui s’élève dehors. »

Sa motion de rejet préalable a néanmoins été nettement repoussée : 292 contre, 244 pour. Elle a notamment été soutenue par la gauche, l’extrême droite et deux députés LR (Ian Boucard et Fabrice Brun). Second obstacle : la motion référendairedéfendue par Sébastien Chenu (RN). Les députés de gauche ayant quitté l’hémicycle, elle a à son tour été rejetée : 272 contre, 101 pour. Outre le RN, neuf députés LR l’ont votée. Tirée au sort, de façon inédite et controversée, face à celle de la Nupes, cette motion référendaire avait de toute façon peu de chance d’atteindre la majorité.

Les conditions d’un soutien de la droite

Les deux motions de procédures rejetées, la discussion générale s’est attachée au fond. Un texte « insuffisant, perfectible et injuste », a critiqué l’orateur LR, Stéphane Viry. Favorable depuis longtemps à l’allongement de la durée du travail dans la vie, la droite a exposé ses exigences. Le député a ainsi mentionné une « condition indispensable » : « permettre aux carrières longues de pouvoir partir avant l’âge légal quand leurs 172 trimestres seront validés ». Concluant, à l’attention de l’exécutif : « La balle est dans votre camp pour que vous ayez éventuellement nos votes. »

Les autres oppositions ont été en revanche été plus radicales. Récusant, d’une part, l’idée qu’il n’y aurait « pas d’alternative » à cette réforme. Insistant, d’autre part, pour dire que ce débat « n’est pas qu’une question budgétaire, c’est un choix de société ». Mais pas le même à l’extrême droite ou à gauche. « Justice, natalité et productivité », a exposé à tribord Marine Le Pen.

« Oui au droit à la paresse, oui au droit à la retraite à 60 ans ! », a lancé à bâbord Sandrine Rousseau (EELV), sous la désapprobation partagée du centre, de la droite et de l’extrême droite. Un retour à la retraite à 60 ans auparavant financièrement critiqué par Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics : « taxer, taxer, taxer tout le monde et tout le temps : voilà votre seul et vrai projet, avant d’être un parti d’opposition vous êtes un parti d’imposition ! »