afrique amis annonce article base belle bonne cadre carte centre chez coup
Rubriques
>> Toutes les rubriques <<
· CULTURE (65)
· L'ACTUALITE (62)
· JARDIN (80)
· LA LECTURE (114)
· HUMEUR,HUMOUR ! (47)
· LES SCIENCES (85)
· RELIGION (64)
· HISTOIRE DE LA FAMILLE (47)
· PRIER (70)
· POESIE (62)
ouedraogo,jose ph
Par Anonyme, le 31.08.2024
+229 95 67 77 26 retour d'affection immédiat
l e grand maître spirituel gambada djogbe apporte une aide pré
Par lutter-contre-coro, le 18.08.2024
· MILLARDAIRES
· SAINT JOSEPH ,PERE.PAR LE PAPE.
· lES EMIRATS ARABE UNIS
· FORUM DE DAVOS
· LA VAGUE VERTE
· LA TURQUIE
· ALLOCATIONS FAMILIALES
· ELECTIONS AMERICAINES
· ELECTIONS
· AVEC MACRON ?
· LES PARASITES
· MARITAIN
· 1200MILLARDS DE DOLLAR SUR LES INFRASTRUCTURES
· LAFILIERE
· LE CORAIL
Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
18.02.2025
10846 articles
Vidéo
7/7 Une concertation a été lancée en avril 2018 entre le haut-commissaire à la réforme des retraites et les organisations syndicales et patronales, pour fondre les 42 régimes spéciaux dans un système universel. Celle-ci s’est achevée vendredi 10 mai.
En attendant le projet de loi, prévu pour la fin de l’été, La Croix décrypte sept thématiques qui font débat. Ici, quel avenir pour les pensions de réversion ?
Les pensions de réversion versées au conjoint survivant coûtent près de 36 milliards d’euros par an.
Sont-elles encore justifiées ? Après tout, le monde a changé depuis 1945 : les femmes travaillent de plus en plus ; on se marie moins ; on divorce davantage ; on se pacse ou on vit en union libre.
Par ailleurs, certains rappellent que des femmes célibataires qui élèvent seules un enfant financent par leurs cotisations des pensions de réversion auxquelles elles n’auront pas droit…
Étant donné l’extrême sensibilité du sujet, l’exécutif a tranché : il n’est pas question de supprimer les pensions de réversion. Ni les actuelles, ni les futures. Il n’est pas non plus question d’étendre le dispositif aux personnes pacsées ou en union libre.
Les pensions de réversion devraient néanmoins être aménagées et harmonisées. Aujourd’hui,
les conditions d’âge pour toucher une pension de réversion ;
les conditions de ressources ;
le montant de la pension ;
les conditions liées à la durée du mariage,… tout cela diffère selon qu’on est avocat, agriculteur ou agent des impôts…
France/Reforme-retraites-7-questions-fachent-2019-05-10-1201020918" target="_self">Voir toutes les vidéos ici.
Surtout, une nouvelle formule de calcul est à l’étude. La pension de réversion ne serait plus une part de la pension du conjoint décédé – 50 % ou 60 % comme aujourd’hui. Le calcul se ferait à partir des revenus du couple. Dans ce cas de figure, on additionne les deux revenus, celui du conjoint décédé et celui du conjoint survivant et on garantit au conjoint survivant une part de ce total. Par exemple les deux tiers.
La réversion viendrait dans ce cas compléter, ou non, les revenus de la veuve ou du veuf. Schématiquement, le conjoint survivant qui touche une petite retraite sera assuré de recevoir une pension de réversion. Mais pas forcément celui qui bénéficie déjà d’une bonne retraite.
Par Denis Cosnard Publié le 10 mai 2019 à 19h28, mis à jour à 07h16
Lecture 4 min.
Le grand bazar des trottinettes à Paris, Emmanuel Grégoire, le bras droit d’Anne Hidalgo, est le premier à s’en agacer. Jeudi 9 mai, le premier adjoint de la maire de Paris s’est emparé d’un véhicule rouge et noir qu’il jugeait mal stationné, juste devant l’hôtel de ville, et a invité son propriétaire, la société Dott, à venir le récupérer dans son bureau. « Un sagouin de vos services fait n’importe quoi en déposant de façon anarchique ses trottinettes,s’est énervé l’élu sur Twitter. Avec de tels comportements, nous ne pourrons que finir par demander l’interdiction. »La start-up fondée par deux Français s’est platement excusée.
Lire aussi La circulation des trottinettes électriques sera interdite sur les trottoirsFaut-il interdire les trottinettes électriques qui ont envahi la ville depuis un an ? A ce stade, la Mairie de Paris préfère encadrer leur usage. Tel est l’objet de la « charte de bonne conduite » que la Mairie propose de signer, lundi 13 mai, à la douzaine d’opérateurs déjà présents à Paris : Dott, mais aussi Lime, Bird, Voi, Bolt, Jump, Flash, etc. Ces sociétés devront en particulier cesser de poser leurs trottinettes n’importe où, et respecter les emplacements qui seront définis par la Ville de Paris.
Vingt mille trottinettes dans les rues de la capitaleAnne Hidalgo et son équipe espèrent ainsi mettre fin à la pagaille actuelle, tout en permettant à ceux qui le souhaitent d’utiliser ce mode de déplacement en plein essor. Bien sûr, l’apparition en un an de 15 000 à 20 000 trottinettes dans les rues de la capitale a provoqué des accidents, parfois graves, et fait pester les piétons, obligés de slalomer entre les engins laissés n’importe où. « Mais ces équipements servent aussi d’alternative à la voiture ou au métro,plaide Aymeric Weyland, un des créateurs du Salon spécialisé Autonomy. Ils peuvent donc être utiles pour réduire les embouteillages, la congestion des transports en commun, et donc la pollution. »
Après avoir assisté à l’arrivée d’une série d’opérateurs sans vraiment réagir, en espérant que la future loi sur les mobilités réglerait les problèmes, la Mairie de Paris commence à fixer des règles du jeu. En avril, devant le mécontentement grandissant des piétons, elle a rappelé qu’il était interdit de rouler sur les trottoirs en trottinette électrique, et annoncé des sanctions. Les contrevenants s’exposent désormais à un procès-verbal de 135 euros.
Stationnement gênant : 35 euros d’amendeLe stationnement gênant est également verbalisé 35 euros, et les trottinettes en cause peuvent être envoyées en fourrière. Cela a déjà été le cas d’une centaine d’entre elles. « En pratique, comme on nous prévient avec retard et qu’il faut verser 10 euros de plus par jour, on paye souvent 100 euros ou davantage pour récupérer nos appareils »,constate, amer, un exploitant.
La Mairie de Paris a aussi fait valider par les élus la création d’une taxe. Les entreprises devront bientôt acquitter 50 à 60 euros par trottinette placée en libre-service, au titre de leur stationnement sur le domaine public. Emmanuel Grégoire espère que cela incitera les exploitants à ne pas inonder Paris, dans cette période où tous cherchent à s’imposer sur ce marché émergent.
D’ici à la fin 2019, 2 500 places de stationnementLa « charte de bonne conduite » marque une étape supplémentaire. Les opérateurs devront maintenant garer leurs engins à des endroits sélectionnés, qui ne gênent pas les piétons, par exemple entre deux arbres. Environ 2 500 places devraient être disponibles d’ici à la fin 2019, espère la Ville de Paris.
Les signataires de la charte devront « mettre leurs trottinettes » dans ces emplacements « dûment spécifiés et répertoriés ».Ils s’engagent aussi « à faire en sorte que les usagers stationnent leur trottinette, une fois la course terminée, dans ces emplacements ».Si ce n’est pas le cas, « la Mairie de Paris se réserve le droit de verbaliser et de mettre les véhicules gênants en fourrière »,indique le texte.
La charte demande aussi à Lime, Bird, etc., de sensibiliser leurs clients. Les opérateurs devront « inciter les usagers au port du casque » et « communiquer sur l’importance de faire attention aux piétons ». Ils devront également obtenir de la part de chaque utilisateur une attestation sur l’honneur indiquant qu’il est majeur et a souscrit une assurance.
Le texte prévoit également un dispositif pour que les trottinettes endommagées ou mal garées n’encombrent pas durablement les rues. Dès qu’un problème de ce type aura été signalé, par exemple grâce à l’application Dans Ma Rue, l’opérateur devra intervenir et récupérer l’engin.
Par ailleurs, les signataires du document acceptent de transmettre à la Mairie de Paris, en temps réel, une série de données sensibles, telles que le nombre de trottinettes en service, leur usage, la répartition des lieux de stationnement, les projets de déploiement, etc.
L’Etat s’apprête lui aussi à durcir la réglementationCette charte suffira-t-elle à calmer le jeu ? Certains en doutent. « C’est un premier pas, absolument indispensable pour le succès même de notre secteur,commente Stéphane MacMillan, le patron de Flash en France. Mais il manque un élément crucial, le volet social. Alors que tous nos employés sont en contrat à durée indéterminée, certains de nos concurrents travaillent uniquement avec des autoentrepreneurs, en exploitant la misère humaine. Cela devrait être pris en compte dans la charte. »
A ses yeux, plutôt que de laisser plus de dix concurrents en liberté presque totale, la ville devrait en sélectionner quelques-uns, à l’issue d’un appel à projet. C’est ce que fait la ville de Marseille. Un point de vue partagé par Marie-Claire Carrère-Gée, une des candidates à l’investiture Les Républicains pour les futures municipales.
En tout état de cause, l’Etat s’apprête lui aussi à durcir la réglementation. Un décret, annoncé pour septembre, prévoit de faire enfin entrer les trottinettes dans le cadre du code de la route. Les utilisateurs devront être âgés d’au moins 8 ans, et les moins 12 ans être équipés d’un casque. Il sera interdit de porter des écouteurs. Les utilisateurs devront circuler sur les pistes cyclables lorsqu’il y en a. A défaut, ils pourront emprunter les routes, sous réserve de ne pas dépasser 25 kilomètres par heure.
Lire aussi Paris veut créer des zones de stationnement pour les trottinettes Réagissez ou consultez l’ensemble des commentairesAnalyse
En 50 ans, sous la pression humaine, les écosystèmes se sont détériorés plus vite que jamais, selon le rapport mondial de l’IPBES, publié lundi 6 mai à Paris.
Pour les scientifiques de ce « Giec de la biodiversité », il n’est pas trop tard pour agir. Les pistes sont sur la table.
Qu’il y ait un « avant » et un « après » le rendez-vous du 6 mai : voilà ce qu’espèrent les scientifiques de l’IPBES, la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, sorte de « Giec » de la nature, dont la 7e session vient de se terminer à Paris par la publication d’un document majeur : la plus vaste évaluation, à ce jour, de l’état des écosystèmes dans le monde. « C’est la première fois que l’on dispose d’une vision aussi exhaustive de l’état de la biodiversité », souligne Arnaud Gauffier, responsable agriculture et alimentation au WWF-France.
INFOGRAPHIE - Tous les chiffres sur la biodiversité
Un travail minutieux, mené par 145 chercheurs pendant trois ans, dont les conclusions sont accablantes. D’après ce rapport – qui servira de base scientifique à la COP biodiversité de 2020 en Chine –, environ un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction, sur les 8 millions répertoriées sur la planète. Sous la pression humaine, 75 % du milieu terrestre et 40 % du milieu marin ont été « sévèrement altérés »,entraînant des menaces directes sur 40 % des amphibiens, un tiers des mammifères marins ou encore près de 33 % des récifs coralliens (1). « Le tissu vivant de la Terre se réduit et s’effiloche de plus en plus », a résumé le chercheur allemand Josef Settele, coresponsable de cette méta-analyse, fondée sur 15 000 contributions scientifiques.
Or, ces évolutions s’opèrent à une vitesse folle, sans précédent dans l’histoire humaine. « La biodiversité décline à un rythme dix fois, et même parfois cent fois, supérieur au rythme naturel », fait remarquer l’un des auteurs, Paul Leadley, professeur à l’Université Paris-Sud Orsay.
« Dans 75 % du territoire français, la nature va plutôt mal »
Comment en est-on arrivé là ? D’après l’IPBES, cinq facteurs ont contribué à cette érosion vertigineuse. En premier lieu, les usages que l’homme a fait des terres et de la mer. À l’heure actuelle, plus d’un tiers de la surface terrestre et près de 75 % des ressources en eau douce sont destinées à l’agriculture et à l’élevage, dont les pratiques sont, pour la plupart, délétères : monocultures, uniformisation des paysages, utilisation massive de pesticides et d’engrais… Autant d’atteintes aux habitats, aux oiseaux et aux pollinisateurs.
Quant à la mer, elle est largement exploitée – plus de 55 % de la zone océanique sert à la pêche industrielle (un tiers des stocks de poissons étant sur-sollicités, selon l’IPBES). Viennent ensuite, dans l’ordre de nuisance : l’exploitation directe des organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces invasives.
« Derrière ces enjeux, la question de nos modes de vie est posée, en particulier dans les pays développés, observe Arnaud Gauffier, du WWF. Celle d’une consommation frénétique de biens matériels, qui s’est accélérée depuis les années 1980. Je ne parle pas du “confort”, qui, lui, est compatible avec le respect de la nature : se nourrir à sa faim, avoir chaud l’hiver, etc. Le problème est ailleurs, dans les excès d’une consommation impulsive : changer de téléphone portable tous les ans, prendre l’avion pour 30 €, manger de la viande à tous les repas, etc. »
Dans leur rapport, mais aussi dans le « résumé pour décideurs » signé par 132 États (lire les repères), les chercheurs appellent ainsi à un « changement transformateur », prenant « en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris en termes de paradigmes, objectifs et valeurs ». « Ils mettent un vrai coup de pied dans la fourmilière, en pointant les dérives de notre modèle capitaliste », décrypte Arnaud Gauffier.
Surtout, l’IPBES rappelle que sans évolutions drastiques, les piliers sur lesquels reposent nos sociétés seront sapés. « Nous sommes en train d’éroder les fondements même de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie », a insisté son président, Robert Watson. Sans pollinisateur, pas d’agriculture, donc pas de fruits, de légumes ou de céréales ; sans caoutchouc naturel, pas de pneus d’avions ; et sans certaines molécules contenues dans les plantes ou les coraux, pas de traitements médicaux. D’après le rapport, 70 % des anticancéreux sont inspirés de la nature.
Il faut donc agir « dès aujourd’hui », à tous les niveaux – citoyens, entreprises et gouvernements, à l’échelon local comme international – a martelé Robert Watson, lundi 6 mai, en montrant à la tribune ses boutons de manchette en forme de montre, pour rappeler l’urgence. Assise à ses côtés, la secrétaire exécutive de l’IPBES a voulu porter un « message d’espoir ». « Nous n’avons pas perdu la bataille, a souligné Anne Larigauderie, si nous lui en donnons la possibilité, la nature va reprendre ses droits. »
Conçu comme un outil scientifique autant qu’une feuille de route, le rapport décline ainsi plusieurs scénarios pour enrayer le déclin des écosystèmes. « À titre personnel, j’ai vraiment de l’espoir car certains scénarios, modélisés de façon très poussée au niveau scientifique, sont à notre portée », analyse Yunne Shin, chercheuse en écologie marine à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), qui estime aussi que la société est mûre pour opérer des changements importants.
Sur la Côte Bleue, la faune marine reprend ses droits
Le premier d’entre eux consiste à transformer nos modes de consommation, en particulier la façon de nous nourrir. « Si l’on réduit de moitié le gaspillage alimentaire, on peut libérer 10 à 20 % des terres agricoles », souligne à titre d’exemple Paul Leadley. La réduction de la consommation de viande est aussi une clé majeure, car la production de soja, destinée au bétail, se développe souvent au détriment des forêts comme l’Amazonie, véritable réserve de biodiversité et puits de carbone essentiel à la lutte contre le changement climatique – dans son rapport l’IPBES insiste sur les liens entre ces deux enjeux cruciaux.
Autre piste décisive : renforcer les aires protégées, sur terre comme en mer, autant de zones de répit pour la nature, qui peut y prospérer puis s’étendre ensuite au-delà. « Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu de superficie, mais aussi de critères de protection, qui doivent être exigeants », alerte Yunne Shin, à l’IRD.
Enfin, les chercheurs insistent sur la nécessité de réorienter la finance et les flux financiers, en prenant en compte la biodiversité dans les stratégies d’investissement, à l’image de ce qui se fait pour le climat. « À l’occasion du G7 environnement à Metz(la réunion a eu lieu les 5 et 6 mai, NDLR), nous y travaillons avec l’assureur AXA », indique Arnaud Gauffier, au WWF. Dans la veine du rapport, l’ONG a lancé le 6 mai un appel pour la nature, déjà signé par 500 personnalités (Call4nature).
---------------
Le rapport de l’IPBES s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large, menant à la Convention sur la diversité biologique (Cop 15) en Chine en 2020. Elle doit ouvrir un nouveau cycle d’actions (jusqu’en 2030).
Le 4 mai, 132 États ont adopté la synthèse politique du rapport ou « résumé pour les décideurs », par lequel ces pays reconnaissent l’importance de ce diagnostic.
Lors du G7 à Metz les 5 et 6 mai, la France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon, l’Union européenne, mais aussi le Chili, les Fidji, le Gabon, le Mexique, le Niger et la Norvège ont adopté la « charte de Metz sur la biodiversité », s’engageant à des actions concrètes.
(1) Voir le détail des données sur www.la-croix.com
© PATRICK GIARDINO / PHOTONONSTOP
Publié le 30/04/2019 à 11h15 - Modifié le 30/04/2019 à 11h15 Véronique Durand
Depuis trois ans, Jean-Claude, notre confrère journaliste, songe à son départ à la retraite. En 2017, il lui manquait quelques trimestres pour franchir le pas, et surtout il ne se sentait pas prêt. Après plusieurs mois d’hésitation, cette fois il est décidé. Ce sera pour octobre 2019, il aura alors 64 ans. Ses enfants de 24 et 30 ans sont désormais autonomes et sa femme sera elle aussi à la retraite en 2020.
Il a fait ses calculs : « Je toucherai un peu moins de la moitié de mon salaire actuel, mais comme toute ma vie j’ai professé des valeurs de décroissance, c’est le moment de les appliquer ! »,confie-t-il en souriant. Ses prochains revenus avoisineront le niveau de vie médian des retraités en France (1 760 € par mois en 2015, selon les chiffres publiés en 2018 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Ce qui lui permet d’appréhender l’avenir sereinement sur le plan financier. En revanche, il redoute d’être moins stimulé intellectuellement et socialement. « Mon travail n’a jamais été aussi intéressant que maintenant. Je partirai au moment de mon “acmé professionnelle”. Mais plus je tarde à partir, plus ce sera difficile,estime-t-il. Je sais que c’est une décision à mûrir, il y a un deuil à faire. Je vais perdre mon statut social. Il faut accepter de gagner moins, et faire l’expérience de l’humilité, de la confiance. »
À nouveau statut, nouvelles aspirations, nouveau rapport à soi, à la famille, aux autres et au temps. Au prix de certains détachements auxquels il faut bien consentir quand, du jour au lendemain, il n’y a plus les collègues avec qui échanger autour d’un café. Désormais, nous ne sommes plus sollicités par les urgences professionnelles ni au centre des décisions… « Un être humain est autre chose que ce qu’il fait. Il est avant tout une personne qui est, et qui vit », nous rappelle à bon escient Enzo Bianchi dans son dernier ouvrage l’Âge et les saisons de la vie (Salvator, 2019). Le moine bénédictin incite à lâcher prise et à vivre les détachements qu’impose la retraite comme « une occasion pour faire d’autres choses, pour changer de style de vie, pour simplifier ce qui est plus complexe et plus fatigant ».
Je sais que c’est une décision à mûrir, il y a un deuil à faire. Je vais perdre mon statut social. Il faut accepter de gagner moins, et faire l’expérience de l’humilité, de la confiance.
L’anthropologue Bernadette Puijalon, qui depuis 30 ans s’intéresse de près à l’avancée en âge et à la dépendance, envisage le vieillissement comme un passage « où il s’agit de mettre de la continuité dans le changement et du changement dans la continuité ». Car, explique-t-elle, « les enjeux de la vie restent les mêmes, mais se posent différemment. Que nous ayons 50, 60, 80 ou 100 ans, nous serons toujours confrontés à ces questions : la relation à soi, la relation aux autres, notre manière de nous insérer dans le monde ». En clair, ce n’est pas parce qu’inexorablement on vieillit ou que l’on part à la retraite que l’on devient quelqu’un d’autre. Tout se joue, nous dit-elle, « dans un autre rapport au temps, plus difficile aujourd’hui à comprendre : on vit plus vieux, le temps se vit en accélération, et le monde, par l’évolution des technologies, change plus vite que nous ! »Dans les faits, on quitte la vie professionnelle de plus en plus tard. Fixé hier à 60 ans, l’âge légal du départ à la retraite est désormais de 62 ans. Et demain ? En 2016, l’âge moyen de départ était de 61 ans et 10 mois. En 2030, l’âge du départ effectif sera de 64 ans.
Comment bien vieillir comme nous y enjoint notre société ? L’expression« Bien vieillir » est à proscrire, rectifie Bernadette Puijalon, « car l’enjeu, c’est comment continuer à bien vivre ». Elle voit un impératif à faire vivre en soi « le meilleur de chacun de ses âges », un terme cher à Edgar Morin. Enzo Bianchi le dit autrement : « (…) Nous parvenons à la maturité, à la crise de la quarantaine, ou au milieu de la vie, et nous nous découvrons de nouveau comme des novices devant un chemin inconnu que nous n’avons pas encore parcouru. »Le moine septuagénaire estime que l’ « on aurait besoin pour cela d’un enseignement, d’une transmission de sagesse, comme un véritable héritage, par ceux qui ont déjà parcouru une part importante du chemin ». D’où l’importance de passer du temps avec les aînés et de valoriser les relations intergénérationnelles.
Aujourd’hui, considérer l’avancée en âge comme une opportunité pour s’accomplir et assumer pleinement son identité semble l’emporter sur le discours qui a promu la nécessité de devoir paraître toujours jeune.
Dans leurs ouvragesparus récemment, des auteurs présentent cette période comme le moment venu de déployer d’autres talents, de se révéler. Il s’agit d’aller visiter des coins inexplorés de sa personnalité. Et de s’étonner soi-même. Leurs expériences résonnent auprès des seniors concernés, les baby-boomers. « Je viens d’avoir 70 ans, c’est un âge très agréable à vivre. Je connais désormais mes limites, mes défauts, mes compétences. À la retraite, on sort des contraintes professionnelles qu’on regrette parfois. On a alors le choix de la liberté de son temps et de ses activités, confie Marie-Annick, une grand-mère retraitée très active. Ma fille m’a demandé d’aller passer trois jours avec elle pour s’occuper de moi ! »Lorsqu’elle a pris sa retraite voici 10 ans, elle a perdu son mari très malade, qui était devenu dépendant : « Je sais ce qu’est la souffrance et le deuil. La connaissance de soi procure une distance vis-à-vis des événements et une certaine sérénité, notamment par rapport aux injonctions de la société. Aujourd’hui avoir des cheveux blancs m’est égal. J’ai une meilleure compréhension du monde. J’accepte plus facilement les difficultés de la vie, je me concentre sur ce qui est essentiel et je sais qu’il y a une urgence à goûter, à la manière des Asiatiques, le temps qui passe », confie-t-elle. Face aux épreuves traversées, la foi l’a aidée à tenir debout ainsi que la musique - le piano, la guitare et l’orgue. « L’art permet de ne pas se laisser dessécher par le quotidien. »
Autre statut, autre disponibilité pour prendre soin de son intériorité, qui dans une vie professionnelle est bien souvent mise de côté. Marguerite, 68 ans, en fait l’expérience. Professeure d’anglais, elle a dû cesser de travailler à 59 ans pour des raisons de santé. Une étape qu’elle redoutait alors : « Aujourd’hui, c’est un grand soulagement. J’ai plus de disponibilité pour développer mon activité de loisirs - le clown qui, par l’humour, permet de prendre du recul - et de disponibilité intérieure pour pratiquer chaque matin 40 minutes de yoga. C’est d’ailleurs important pour ma santé. Ça me pacifie, ça m’aide à vivre en unité. J’ai ainsi l’impression d’habiter davantage mon corps », précise-t-elle. Et de mentionner aussi l’importance de rencontrer des gens d’horizons très variés, car selon elle la vieillesse devient difficile quand on s’isole. Désormais entourée de personnes malades ou qui disparaissent, elle s’interroge : « Comment vivre le vieillissement avec ses fragilités, en continuant à célébrer la vie et en laissant place à la joie ? »Et d’ajouter : « J’essaie de ne plus me laisser atteindre par des problèmes inutiles. »
Le veuvage, la perte d’un proche, l’apparition d’une maladie, le déménagement dans une autre ville ou le passage d’une maison à un appartement… constituent autant de ruptures et d’étapes à risques qu’il s’agit de bien accompagner. À chacun de ces changements, un nouvel équilibre est à trouver, qui pose la question de notre rapport au temps, de la perte et de l’approche des fins ultimes. « C’est surtout l’inconnu dont la vieillesse est porteuse qui est redoutable. Comment faire des projets à moyen ou long terme, quand l’incertitude du lendemain envahit tout, que n’importe quel pépin peut arriver sans crier gare ? », écrit Ghislaine de Sury, octogénaire, dans le Goût de vieillir(La Martinière, 2016). Elle y raconte comment sa vieillesse s’est avérée « une aventure peut-être aussi étonnante que les 20 premières années de (mon) existence ».
Tout l’enjeu,résume Bernadette Puijalon, est d’identifier les moyens qui vont nous permettre d’entretenir notre élan vital. Ses conseils ? Se lancer dans une relecture de vie en sollicitant ses proches pour retrouver des photos et en écrivant. S’inscrire dans des rituels, planifier des rendez-vous réguliers comme aller à la messe ou prendre du temps pour méditer à heure fixe. S’occuper de soi, en pratiquant un sport, en veillant à bien se nourrir. Privilégier la découverte à travers les voyages, la peinture, le chant (selon ses goûts). Prendre du temps pour les autres. Et vivre pleinement le risque de vieillir ! Pour un peu, on se presserait d’y arriver !
Entretien
Le gouvernement publie lundi 29 avril les chiffres de la construction de logements en mars 2019. Ces derniers mois, les signaux du secteur étaient à la baisse. Le gouvernement a néanmoins accepté de réduire les économies demandées aux offices HLM.
Marianne Louis est directrice générale de l’Union sociale pour l’habitat. Elle revient sur l’accord signé le 24 avril visant à maintenir la construction de HLM au niveau de celui observé en 2018.
La Croix : L’accord du 24 avril entre les organismes HLM et le gouvernement est-il satisfaisant ?
Marianne Louis : Ce compromis permet aux organismes HLM de regagner de la visibilité pour trois ans. C’est aussi un signal positif envoyé à l’ensemble des acteurs et des défenseurs du logement social français. La loi de finances 2018 avait créé un fossé et beaucoup d’incertitudes pour le secteur du logement social. Cet accord devrait nous permettre de maintenir la production de l’offre.
Mais, attention, en 2020, nous serons de nouveau face à des incertitudes avec les élections municipales. Le logement social devrait être un argument positif pour les candidats : en logeant les ménages les plus modestes dans des conditions décentes et à moindre coût, le parc social français permet d’éviter de nombreux coûts indirects pour la société, notamment en matière d’éducation et de santé.
La Croix : Cet engagement à construire 110 000 logements sociaux par an répond-il à la demande ?
M. L. : Le secteur est descendu à 108 000 agréments pour logement sociaux en 2018 contre plus de 125 000 en 2016. 110 000 logements programmés par an, c’est ce qui est atteignable financièrement au mieux. Deux millions de ménages environ sont en attente d’un logement social. La production et la rénovation doivent être les plus élevées possible. Le coche a été raté en 2018 avec la loi de finances.
À lire aussi
Les acteurs du logement se saisissent du grand débat
Cette « clause de revoyure » a été engagée en vue de certains indicateurs très inquiétants : – 15 % d’agréments de logements sociaux en 2 ans, recul des mises en chantier dans l’ensemble du secteur… L’objectif est en tout cas de maintenir la programmation de HLM au niveau de celui observé en 2018.
La Croix : Où en est-on du « choc de l’offre » souhaité par Emmanuel Macron au début de son quinquennat ?
M. L. :Nous sommes encore loin du choc de l’offre, mais nous évitons l’aggravation de la crise. Cela ne concerne pas que le secteur du logement social, mais celui du logement de manière plus générale. Tous les signaux s’orientent à la baisse. Dans le privé également, les permis de construire ont reculé de 7 % en 2018 par exemple. Si le secteur du logement entre en crise comme il l’a déjà été il y a quelques années, de nombreux emplois seront menacés. Cela demandera beaucoup d’argent public pour le relancer. Alors, il faut trouver des compromis pour éviter que la machine ne s’enraye.
Enquête
Le recteur de France/notre-dame-paris-incendie-reconstruction-cathedrale" target="_self">Notre-Dame de Paris en rêve et la mairie de Paris a donné son accord. Une église provisoire verra-t-elle le jour sur le parvis Jean-Paul II, le temps des travaux de reconstruction ? « La décision n’est pas formellement prise. Cathédrale éphémère, lieu d’accueil, lieu qui permette aux fidèles de pouvoir prier… tout ça est en discussion », a tempéré Franck Riester, ministre de la culture, jeudi 18 avril sur RMC.
À lire aussi
Peut-on reconstruire Notre-Dame de Paris en cinq ans ?
Créateur de lieux transitoires comme le Centre Pompidou mobile, Patrick Bouchain, qui a par ailleurs coordonné les différents chantiers du Grand Louvre, pointe les contraintes techniques. « Un tel édifice peut-il matériellement trouver sa place à côté de la cité de chantier, qui nécessite une aire de repli importante ? Le parvis, sous lequel il y a la crypte archéologique, pourra-t-il supporter le poids d’une telle structure ? », ajoute celui qui avait proposé de tendre une tente sur une charpente en bois pour une chapelle provisoire, à Vaulx-en-Velin.
« Le temporaire appelle presque une utilisation artistique : c’est une première et une dernière fois », estime Valentine Guichardaz-Versini, lauréate de l’Équerre de la première œuvre pour le très hospitalier centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine construit par Emmaüs. « On est dans l’allégorie de la cabane : on insuffle une première idée et on laisse les usagers s’en emparer et être acteurs ».
DIAPORAMA – L’oasis architecturale et spirituelle du Vatican à Venise
Ce fut le cas du gracieux « dôme de papier » de l’architecte japonais Shigeru Ban, lauréat du Pritzker en 2014, qui a remplacé un édifice ravagé par un incendie causé par le séisme de Kobe, en 1995. « Alors qu’elle ne devait servir que cinq ans, elle a été utilisée pendant plus de dix ans en tant que lieu de culte mais aussi comme centre communautaire, raconte-t-il à La Croix. J’ai employé des tubes en carton pour la structure et nous l’avons construite en cinq semaines avec l’aide d’étudiants bénévoles. » Ce bâtiment a été ensuite relocalisé à Taïwan en 2006 après un tremblement de terre.
Face à ces catastrophes, l’Église mène une réflexion sur des églises mobiles. Lors de la dernière biennale d’architecture de Venise, le Vatican a fait plancher dix architectes sur la conception de chapelles qu’il est possible de déplacer et d’installer dans des lieux qui en sont dépourvus.
Toutes leurs propositions n’étaient pas convaincantes, mais chacun a essayé d’innover. Preuve que l’éphémère pousse à se creuser les méninges. « L’enjeu de la pérennité ne pèse pas sur le projet, la pression est donc moins grande et libère un peu l’architecte », explique Manuel Bieler, de l’agence suisse Localarchitecture, qui a travaillé sur une très belle chapelle démontable en bois près de Lausanne, conçue pour les diaconesses de Saint-Loup.
À lire aussi
Quand les cathédrales se relèvent...
« L’enjeu et la difficulté étaient d’insuffler et de la qualité architecturale dans un espace appelé à être temporaire, poursuit-il. Nous nous sommes associés à un laboratoire de construction de bois et à l’École polytechnique de Lausanne pour optimiser les performances du matériau, notamment la portée des panneaux sans qu’ils soient trop épais. »
Pour Manuel Bieler, « une église provisoire peut faire perdurer l’émotion suscitée par l’incendie de Notre-Dame, tout en accompagnant cette reconstruction en mettant en valeur des compétences, celles des compagnons, qui peinent à s’inscrire dans les structures contemporaines. Les Japonais démontent et reconstruisent les temples tous les vingt ans, car ils veulent conserver le savoir-faire et non l’édifice. Pourquoi ne pas voir le provisoire comme une opportunité et demander, chaque année, à un nouvel architecte de construire un lieu éphémère ? »
POUR L'INSTANT J'Y COMPREND PAS GRAND CHOSE...
Avec l'essor des cagnottes, le système des associations classiques tend-il à être caduque ?
Non, cette nouvelle forme de don doit s'ajouter à celles déjà existantes, pas s'y substituer. La « désintermédiation » est une opportunité pour motiver le don et le rendre plus transparent. Mais on aura toujours besoin de l'association comme organisatrice et garante de l'intérêt général. Certains voudraient nous vendre un monde prétendument idéal où le don serait « désintermédié », avec ce mythe des frais de gestion qui seraient surannés. Je n'y crois pas et je ne le souhaite pas.
Quel est l'impact de la suppression de l'ISF sur les dons faits aux associations ?
Les chiffres des dons en 2018 vont être consolidés dans les semaines qui viennent. Il y a eu des transformations fiscales importantes, une baisse est donc attendue. Elle devrait cependant être sensiblement moins importante que prévu ; notamment parce qu'une part des dons s'est reportée sur la défiscalisation liée à l'impôt sur le revenu. Enfin, son impact est atténué par la transformation du CICE en baisse de cotisations que nous avons mise en place depuis le 1er janvier : les associations qui salarient bénéficieront de 1,4 milliard d'euros supplémentaires dans leur trésorerie à partir de 2019 !
Nous souhaitons mettre en oeuvre un budget participatif pour les petites associations dans les territoires.
Face à ce nouvel « écosystème », quelle est la place de l'État ? N'est-il pas en train de se désengager ?
Non. Tout don de particulier et tout mécénat d'entreprise donnent droit à de la défiscalisation. Cette générosité privée vient réinterroger le sens de la contribution. Le mouvement des « gilets jaunes » a montré la difficulté de beaucoup à percevoir le sens de leur contribution via l'impôt. Ce qui est vrai pour les « gilets jaunes » l'est pour tous les Français. Ils veulent plus de visibilité, d'efficacité et, pourquoi pas, avoir un mot à dire sur une partie du soutien de la générosité publique. À nous de répondre à ces évolutions et stimuler la générosité. Depuis le 1er janvier, les règles d'exonération fiscale ont changé pour que les TPE/PME puissent faire davantage de mécénat. Elles bénéficient désormais d'un plancher de défiscalisation à 10.000€ et non plus uniquement, d'une limite de 5 pour 1000 du chiffre d'affaires. Avec Jean-Michel Blanquer, nous souhaitons mettre en oeuvre un budget participatif (ce serait le premier de l'État) pour les petites associations dans les territoires.
En juin, vous organisez un événement autour de la philanthropie...
Je vais réunir l'ensemble des acteurs du don et de la solidarité (entreprises, mécènes, fondations, associations...) pour réfléchir à l'émergence d'une société du don. Inspirons-nous, par exemple, de ce qui s'est développé dans l'entreprise : « l'arrondi solidaire » sur les salaires pourrait être appliqué à la fonction publique sur la base du volontariat.
Une mission parlementaire, dont les conclusions doivent être annoncées en septembre, pourrait proposer de revoir le principe de la réserve héréditaire. La société est-elle prête ?
Là aussi, il s'agit de prendre acte d'un changement culturel. Des fortunes parfois colossales se construisent à l'échelle d'une seule vie. L'idée est donc de donner davantage de marges de manoeuvre dans leur succession à ces Français. Il y a deux garde-fous : cela doit s'exercer sur la base du volontariat et au profit d'associations d'utilité publique. Faut-il établir une liste de fondations, exonérer une partie des droits de succession ? Le débat est ouvert.
Le 29 mars 2019 : cette date est connue depuis deux ans comme étant celle de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pourtant, au matin de ce jour, rien n’est fixé. L’accord sur les conditions du Monde/Europe/Brexit?from_univers=lacroix" target="_self">Brexit, conclu en novembre 2018 par l’Union européenne et la première ministre Theresa May, n’a toujours pas été adopté par les députés britanniques. À quelques heures de l’échéance, l’inconnue est totale.
Il n’y a pas qu’à Londres que l’heure est grave. À Dublin aussi. La République d’Irlande est bousculée par le choix des Britanniques – en fait, celui des Anglais – de quitter l’Union européenne. Ce pays de 5 millions d’habitants redoute une embardée en cas de Brexit sans accord, car son économie est très liée à celle de la Grande-Bretagne.
Pourtant, l’Irlande a fait le choix de l’Union européenne. Et celle-ci ne lui a pas fait défaut, décidée à montrer une solidarité totale avec cet État membre fragilisé. Dès le début des négociations, en 2017, la question nord-irlandaise a fait partie des trois dossiers prioritaires imposés par l’UE à Londres. L’objectif constant a été d’éviter le retour d’une frontière entre la République d’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord, pour préserver les accords de paix qui avaient mis fin en 1998 à un terrible conflit entre unionistes protestants et républicains catholiques. Cette obstination a conduit au fameux backstop, une garantie contre le retour de cette frontière contenue dans l’accord conclu entre Londres et Bruxelles en novembre 2018. De façon inquiétante, cette disposition est rejetée par les unionistes protestants du DUP, dont dépend Theresa May et qui avaient refusé les accords de paix de 1998. C’est aussi pour sortir de telles impasses identitaires que l’Union européenne existe.
La société française a parfois des ambivalences surprenantes. Ainsi sur son attitude vis-à-vis de la trisomie 21. Plusieurs initiatives, ces dernières années, ont cherché à changer notre regard sur ce handicap. Campagnes d’affichage, émissions de télévision, création d’une chaîne de cafés dont les salariés sont atteints de trisomie… Cela n’a pas été en vain. Des témoignages en attestent : ces personnes et leurs familles ne rencontrent plus aussi souvent qu’autrefois l’hostilité ou la crainte qu’elles inspiraient auparavant.
Cela étant, le nombre d’interruptions médicales de grossesse liées à une suspicion de trisomie 21 reste à un niveau extrêmement élevé. Et il pourrait augmenter encore après l’introduction de nouveaux tests de dépistage plus efficaces. Au point que l’on peut se poser la question : les personnes vivant avec ce handicap vont-elles disparaître de notre univers ? Non, car une proportion significative de parents refusent le dépistage. Néanmoins, il faut bien constater un très large consentement social à une forme d’un eugénisme non revendiqué en tant que tel mais bien réel.
Personne n’a le droit de porter un jugement sur des parents qui ne se sentiraient pas à même d’accueillir un enfant handicapé. Ce serait indigne. Il faut ici citer la belle formule du père d’une enfant atteinte de trisomie : « C’est un bonheur que je ne souhaite à personne. » En revanche, ce que la société française peut et doit faire, c’est agir pour faciliter la vie des familles dont un membre est porteur d’un tel handicap, c’est poursuivre leur intégration dans le système scolaire afin que chaque enfant fasse l’expérience du compagnonnage et de l’amitié avec des enfants différents mais dont la joie de vivre est réelle. En somme, il faut continuer à changer notre regard.
Guillaume Goubert
Un documentaire consacré à Jean Vanier, le fondateur des communautés de L’Arche, sort en salles mercredi 9 janvier.
Sa réalisation parfois maladroite n’atténue pas la puissance de son propos.
Jean Vanier, le sacrement de la tendresse apparaît comme un film programme, relayant le discours de Jean Vanier, notamment sur la « tyrannie de la normalité » et la nécessité de « s’autoriser à être fou ». / Jupiter Films
Jean Vanier, le sacrement de la tendresse **
de Frédérique Bedos
Documentaire français, 1h29
Il a l’allure atypique des hommes d’exception. Taille immense et voix haut perchée, Jean Vanier est un habitué des prises de parole en public, des smartphones d’admirateurs et des caméras de télévision. Mais c’est au long cours que ce nonagénaire aux yeux clairs s’est laissé approcher par celle de la réalisatrice Frédérique Bedos, entre 2014 et 2015, principalement dans sa bourgade picarde de Trosly-Breuil (Oise). C’est là, en bordure de la forêt de Compiègne, qu’il a fondé le premier foyer de L’Arche en 1964.
À lire aussi
Jean Vanier, ses cris du cœur
Le film se présente d’abord comme un documentaire biographique retraçant, à l’aide de dessins, le parcours imprévisible de ce fils de diplomate canadien qui renonça brusquement à une carrière militaire en 1950. Des documents d’archives permettent bientôt de découvrir le jeune Vanier s’indignant du traitement réservé aux « personnes avec un handicap », comme il a toujours pris soin de les appeler.
Quand il décide d’emménager avec deux d’entre eux, Philippe et Raphaël, au début des années 1960, Jean Vanier ignore parfaitement ce dans quoi il s’embarque. Quelques clichés en noir et blanc montrent les trois compères en plein jardinage ou bricolage, œuvrant de leurs mains à ce qui est devenu une communauté internationale, présente dans plus de 40 pays.
À lire aussi
Jean Vanier, le grand-père de l’Arche
De Bethléem à Calcutta, le film fait la part belle à cette dimension universelle de L’Arche, quitte à manquer de cohérence dans la construction narrative – et d’unité dans le résultat visuel. D’un bout à l’autre de la terre, le spectateur découvre des hommes et femmes de tous âges qui racontent avoir retrouvé la joie – ou la foi – au sein de L’Arche. Des assistants, mais aussi bien sûr des personnes handicapées mentales qui dansent, chantent, aiment, manifestant à l’image leur reconnaissance à l’égard de Jean Vanier. Les scènes les plus marquantes sont sans doute celles où ces personnes défilent sans rien dire face à la caméra, un peu embarrassées, donnant à voir des visages rarement présents sur grand écran.
Loin d’être une biographie fouillée, d’où sont absents les moments de découragement et de doute, Jean Vanier, le sacrement de la tendresse apparaît comme un film programme, relayant le discours de Jean Vanier, notamment sur la « tyrannie de la normalité » et la nécessité de « s’autoriser à être fou ».
À lire aussi
« Dix règles de vie pour devenir plus humain » : le message d’anniversaire de Jean Vanier
Produit avec des moyens très limités par l’ONG Projet imagine, spécialisée dans les portraits de « héros humbles », le film offre toutefois quelques séquences plus personnelles, justifiant mieux son titre : notamment celle où Jean Vanier se décrit comme un « gars sérieux » ayant découvert sur le tard son « besoin d’être un enfant ». « Mon espoir, c’est que le message ne s’arrête pas au messager », déclare Jean Vanier. En ce sens, le film fait honneur à sa parole.
Mélinée Le Priol