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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
01.12.2024
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Patrimoine : les trésors dévoilés de la BnF
Grand format
Pour les Journées du patrimoine, les samedi 17 et dimanche 18 septembre, poussons la grille de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Son site historique de la rue de Richelieu, au cœur de Paris, rouvre après dix ans de travaux. Désormais, le public pourra admirer les fascinantes pièces qui composent ses collections centenaires. Pleins feux sur la mémoire du monde, à travers douze objets exposés.
Ici, tout n’est que beauté et préciosité. Et tout parle du temps qui passe et de la mémoire qui se transmet. Le nouveau musée de la Bibliothèque nationale de France (BnF) ouvre ce week-end, samedi 17 et dimanche 18 septembre, en plein cœur de Paris au sein du quadrilatère Richelieu, son berceau historique, désormais entièrement restauré après dix ans de travaux.
Un événement pour cette institution multiséculaire et pour le grand public, qui va pouvoir découvrir quelques-uns de ses exceptionnels trésors : objets antiques, bijoux, médailles, manuscrits enluminés ou d’écrivains célèbres… Le tout présenté dans des espaces d’exception, notamment la galerie Mazarin, cœur de l’ancien palais du cardinal, ornée de fresques baroques qui ont retrouvé leur éclat d’origine.
Pour marquer cette inauguration, nous aurions pu vous proposer une visite guidée classique. Nous avons préféré laisser parler les premiers intéressés : les objets exposés. Douze pièces précieuses, parmi les 900 présentées dans le parcours d’exposition de 1 200 m2, prennent pour une fois la parole au lieu de rester muettes derrière les vitrines. Elles vous racontent leur histoire, leurs particularités, leur arrivée dans les collections et, par là, vous font vivre un peu de la grande aventure de la Bibliothèque nationale de France.
Ces objets ne sont pas seulement des pièces uniques et rares. Ils sont aussi des ambassadeurs : ils disent l’importance du temps long et de la transmission, du bien commun et du partage. Car ce patrimoine public est conservé pour tous, afin de susciter, encore, de puissantes réflexions et de merveilleuses créations.
« Ah, si ce paysan normand ne m’avait pas mise au jour » Statuette du dieu Mercure, Italie et Gaule, entre les Ieret IIIe siècles
« Imaginez un instant que ce paysan normand ait pioché un autre champ. Que, en cette année 1830 à Berthouville, dans l’Eure, il n’ait pas exhumé les coupes, gobelets, cuillers et autres offrandes d’argent ciselé qui composent un unique trésor de plus de 25 kg… Il ne m’aurait pas non plus mise au jour, moi, effigie de Mercure, protecteur des commerçants et des voyageurs, messager des dieux antiques que, dans ses écrits, César qualifie de divinité favorite des Gaulois. Vous me reconnaissez à mon caducée, tandis que ma main tendue tenait une bourse, hélas disparue. Et si vous jetez un œil à l’arrière de mon crâne, vous verrez qu’il est creux, les traits de mon visage ayant été gravés de l’intérieur…
Avec l’ensemble exceptionnel des pièces d’orfèvrerie qui m’environnent, je fais partie du dépôt d’un temple gallo-romain offert par douze citoyens (dont deux femmes) et neuf pérégrins celtes – hommes libres mais ne possédant par le statut de citoyen. Approchez-vous un peu et vous distinguerez quelques trous dans le métal du trésor de Berthouville. Redoutant une malédiction, l’agriculteur qui me découvrit me déterra à la pioche pour éviter que ses mains n’entrassent en contact avec moi. On raconte même qu’il fit appel aux forces de son plus vieux cheval, au cas où la mort faucherait l’animal ! De naturel facétieux, je me suis également fort distrait des querelles opposant le Louvre et le Cabinet des médailles : qui aurait le privilège de m’accueillir dans ses collections ? La victoire revint au second, et me voici parmi les fleurons de la BnF. »
« Je suis passée de mains royales en mains royales » Coupe sassanide, dite « Tasse de Salomon », Iran, VIesiècle
« Ne suis-je pas belle ? Harmonieuse par ma forme délicatement concave, fastueuse par ma décoration d’or, de verre, de cristaux de roche et de grenats taillés en camée ? En mon centre, un roi portant couronne attendant sur son lit de banquet que les mets les plus fins lui soient servis.
Maintenant que vous m’avez admirée à loisir, laissez-moi vous raconter ma singulière et prestigieuse histoire. Réalisée en Perse durant l’ère sassanide (IIIe-VIIe siècles), qui précéda la conquête musulmane, je suis mentionnée dans les Grandes Chroniques de France, rédigées au XIIIe siècle par les moines de Saint-Denis. Ils me désignent alors comme “Hanap de Salomon”, issu du trésor du temple de Jérusalem. Quel patronage, certes légendaire, que celui de ce monarque biblique fameux pour avoir créé des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie ! Je suis ensuite passée de mains royales en mains royales, puisque Charlemagne me reçut en 801 du calife abbasside Harun Al-Rashid.
Me voici donc en France, pays que je ne quitterai plus : Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, aurait décidé de me confier au trésor de l’abbaye de Saint-Denis en 877. Pendant la Révolution, ce dernier fut dépecé mais de manière raisonnée, sous le regard de savants conscients de sa valeur artistique et historique. Voilà pourquoi je suis aujourd’hui l’un des joyaux du département des monnaies, médailles et antiques de la BnF, exposé au côté du somptueux Camée d’Auguste ou de l’Intaille de Julie, une merveille de raffinement. »
« Dagobert ne m’a jamais effleuré… » Trône du trésor de Saint-Denis, dit « Trône de Dagobert », fin du VIIIe siècle-IXe siècle
« On me surnomme depuis le Moyen Âge “Trône de Dagobert”, et pourtant je n’ai jamais été effleuré par le séant de ce roi mérovingien. La raison en est simple : je date de la fin du VIIIe siècle, quand Dagobert vivait au siècle précédent… C’est Suger (1081-1151), abbé de Saint-Denis, qui a trompé la postérité en me donnant ce surnom, mais il est vrai que j’ai été utilisé par les rois de France dès le Moyen Âge quand ils recevaient pour la première fois l’hommage des grands du royaume. Sur mes 150 kg d’alliage cuivreux, ils pouvaient asseoir tranquillement leur autorité !
Je suis composé d’un siège en forme de X, initialement pliant, inspiré des chaises antiques. Mes accoudoirs et mon dossier étaient à l’origine démontables, ce qui faisait de moi un trône de campagne que l’on pouvait transporter. Sur cette structure étaient placées des bandes de cuir, aujourd’hui disparues, qui formaient l’assise. Au fil du temps, je me suis patiné, mais mon cuivre était à l’origine entièrement couvert d’or. Avec les têtes de panthères qui ornent le haut de mes quatre pieds, j’avais tout l’éclat d’un trône de roi…
Mon prestige et ma présence ancienne dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denis m’ont préservé de la fonte aux périodes difficiles de l’histoire. Je suis entré dans les collections de la Bibliothèque en 1791, lors des saisies révolutionnaires qui les ont tant enrichies, mais j’ai encore été utilisé – et pour la dernière fois –par Napoléon Ierlors de la remise des premiers insignes de la Légion d’honneur au camp de Boulogne, le 16 août 1804. »
« Les psaumes de la Bible dorés à la feuille d’or » Psautier dit de saint Louis et de Blanche de Castille, vers 1230, manuscrit enluminé sur parchemin
« Tous ceux qui m’ont ouvert sont tombés en admiration devant mon luxueux décor enluminé. Je ne serais pas surpris que certains en aient oublié de prier ! Je suis un psautier du XIIIe siècle, d’origine royale. Je proviens du trésor de la Sainte-Chapelle, où j’étais considéré comme une relique du roi Saint Louis, même si j’ai probablement été créé à l’origine pour sa mère, Blanche de Castille.
Je contiens l’intégralité des 150 psaumes de la Bible, copiés à la main en latin, d’une belle écriture régulière, sur un velin de qualité exceptionnelle. Je suis illustré d’une quarantaine d’enluminures en pleine page représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, rehaussées de couleurs chatoyantes et dorées à la feuille d’or. Chacune d’elles est un bijou de finesse et de délicatesse !
La Bibliothèque nationale de France compte l’une des plus grandes collections de manuscrits au monde. La tradition fait remonter ses origines aux riches collections que Charles V (roi de 1364 à 1380) avait réunies au château du Louvre. En réalité, ce n’est qu’à partir de Louis XI (roi de 1461 à 1483) que les livres de la monarchie furent transmis sans discontinuer. L’installation des livres royaux au château de Blois par Louis XII vers 1501, puis leur transfert au château de Fontainebleau par François Ier, et leur fusion avec la collection personnelle du souverain, en 1544, sont les véritables dates de fondation de la Bibliothèque royale. »
« Je revendique d’être exceptionnelle… » Biblia latina, dite « Bible de Gutenberg », Mayence, vers 1455
« Dans mes pages, l’orgueil est condamné comme un péché, je revendique pourtant d’être exceptionnelle. Je suis une bible et l’un des tout premiers livres imprimés en Occident, né des mains du génial Gutenberg, qui mit au point l’impression à caractères mobiles vers 1455. Pour un coup d’essai, je suis un coup de maître ! Je suis le fruit d’une quinzaine d’années de recherches, au cours desquelles Gutenberg a réussi à maîtriser toute la chaîne de son invention révolutionnaire, de l’alliage utilisé pour les caractères jusqu’au système de presse, en passant par le choix de la bonne encre…
Aujourd’hui, je n’ai guère de rivales : seule une vingtaine d’exemplaires complets de la Bible de Gutenberg sont conservés au monde, et je suis l’une des deux seules à être luxueusement imprimées sur vélin et à être ornée d’enluminures. À la BnF, j’ai une consœur, imprimée sur papier. Sans enluminures, elle est beaucoup moins spectaculaire que moi, mais je dois reconnaître qu’elle est aussi un trésor mondial.
Conservée dans la “Réserve des livres rares”, je vis en bonne compagnie auprès de 200 000 livres distingués pour leur préciosité et leur apport à notre patrimoine intellectuel et esthétique. Dans cet ensemble, je côtoie les livres imprimés les plus anciens de nos collections, 10 000 “incunables”, terme qui désigne les ouvrages datant du siècle de l’invention de l’imprimerie (avant 1501). On y trouve par exemple les premières éditions des Poèmes de Villon ou de La Divine Comédie de Dante. Mais les livres rares peuvent aussi être des livres d’artiste ou des albums pour la jeunesse du XXIe siècle. La rareté s’invente aujourd’hui ! »
« Les rois de France m’ont tant aimé… » Globe céleste de Vincenzo Coronelli, 1691
« Vous qui vivez à l’époque du GPS, vous ne pouvez imaginer combien nous, les globes, avons été passionnément aimés par les rois de France. Ils se sont fait représenter à nos côtés, nous ont offerts à leurs enfants… Qui veut être un bon chef de guerre ne doit-il pas posséder cet objet de connaissance et de pouvoir ?
Je suis un globe Coronelli, du nom de Vincenzo Coronelli (1650-1718), frère mineur franciscain, célèbre cosmographe de la République de Venise. Il a eu le génie d’inventer une nouvelle manière de fabriquer les globes qui a fait sa renommée dans toute l’Europe. Je suis composé de planches en bois en forme de fuseaux, collées sur une boule de plâtre. Les parties décorées pouvaient ainsi voyager seules et être assemblées une fois arrivées à destination. Du préfabriqué de luxe !
Je suis un globe céleste et je fonctionne en duo avec mon jumeau, un globe terrestre. Je suis orné de représentations animales figurant les constellations (Lion, Taureau, Pégase…) et ponctué de petits clous qui indiquent la position des étoiles. Ne soyez toutefois pas trop regardant sur ma précision scientifique : je suis un résumé du savoir connu, mais également un objet de rêverie…
J’appartiens au département des cartes et plans, créé en 1828 malgré l’hostilité des historiens, qui estimaient que la géographie n’était qu’une science mineure. Le département conserve aujourd’hui 800 000 cartes et plans, 10 000 atlas et de nombreux chefs-d’œuvre de la navigation, comme l’Atlas Miller (1519), qui présente l’état du monde connu avant le voyage de Magellan ou les cartes utilisées par l’explorateur français Lapérouse à la fin du XVIIIe siècle. »
« Une pierre à l’apparence de métal » Camée de François 1er, par Matteo del Nassaro
« Suis-je une pierre gravée ? Suis-je une médaille ? Avouez que vous hésitez… C’est justement l’effet qui fut recherché par mon créateur, le graveur italien Matteo del Nassaro. Je suis en réalité un camée, une pierre gravée, composé d’onyx noire et d’agate grise. Mon maître m’a travaillé de manière à laisser transparaître la première sous la seconde, et il a poli le tout pour me donner l’apparence du métal.
J’appartiens au Cabinet des médailles, l’une des plus anciennes collections de la Bibliothèque nationale de France. À l’image des empereurs romains, les monarques français ont toujours eu une prédilection pour les pierres gravées, objets précieux et raffinés tenant dans la main, plaisir de collectionneur et objet de délectation privée. Louis XIV, qui augmenta considérablement cette collection, ne commençait pas sa journée sans avoir pris le temps de nous admirer… Aujourd’hui, le département des monnaies, médailles et antiques conserve 150 000 médailles et 450 000 monnaies.
Et le profil que je représente, vous le reconnaissez ? C’est François Ier, le roi ami des arts, qui fit tant pour les collections royales. Il institua le 28 décembre 1537, par l’ordonnance de Montpellier, le dépôt par les imprimeurs et éditeurs du royaume de tout livre de leur production. L’idée fut ainsi lancée d’une collecte publique, obligatoire, exhaustive et gratuite. Ce “dépôt légal” existe toujours aujourd’hui. Rien que pour l’année 2021, 88 000 livres, 195 0000 périodiques et quantité de sites Web et d’objets vidéo et sonores sont venus enrichir le patrimoine de l’État, qui est aussi celui des Français. »
« Mozart m’a composé de sa main, ferme et vive » Manuscrit de Don Giovanni de Mozart, 1787
« Vous êtes émus et vous avez raison. Moi-même, je reste émerveillé de recéler entre les pages de mes huit cahiers de papier à musique, chacun relié de cuir souple, l’un des chefs-d’œuvre de l’humanité, cet “opéra des opéras”, selon la formule de Richard Wagner. Deuxième collaboration entre Mozart et son librettiste Lorenzo Da Ponte, créé à Prague et repris à Vienne, Don Giovanni a été tracé par le compositeur d’une main ferme et vive, sans rature ou presque, comme si la musique s’écrivait d’elle-même.
Après la mort prématurée de Mozart, en 1791, j’ai connu une seconde vie. Vendu par sa veuve, Constance, à l’éditeur Johann André en 1800, je fus acquis à Londres cinquante-cinq ans plus tard par la célèbre cantatrice Pauline Viardot, qui se sépara de ses bijoux pour réunir les fonds. Elle me fit fabriquer un coffret-reliquaire, en bois de thuya, manifestant sa dévotion. Comme il semblait loin alors le temps où les manuscrits musicaux n’étaient l’objet que d’une médiocre considération, vite perdus ou détruits si l’œuvre originale était éditée ! Je devins ainsi un objet de culte, vénéré par la chanteuse et le cercle de ses amis artistes et de ses nombreux admirateurs.
Généreuse, Pauline Viardot m’offrit à la bibliothèque du Conservatoire, me remettant en main propre à son directeur, Ambroise Thomas, en 1892. C’est ainsi que je rejoignis ensuite le département de la musique. J’y cohabite avec Charpentier – son Te Deum bien connu des contemporains de l’ORTF – et Bach, Beethoven, Rameau, Berlioz, Debussy, Messiaen… Ensemble, quand tout est calme, il nous arrive de donner de secrets concerts… »
« Je me suis bien amusé sous l’objectif de Nadar » Photographie d’Alexandre Dumas par Gaspard-Félix Tournachon, dit Nadar, 1855
« La BnF a toujours été à la pointe des innovations techniques : des premiers livres imprimés aux documents numériques, en passant par la photographie, que je suis très fière de représenter. D’autant que, si vous regardez bien, je témoigne d’une complicité palpable entre le modèle, l’auteur des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo, et le photographe Nadar.
Dumas, à la silhouette déjà bien enrobée, les mains bourgeoisement croisées, la bouche un peu pincée mais prête à sourire, fixe l’objectif de son œil clair et malicieux. La gamme veloutée des bruns et des tons cuivrés n’est pas la moindre de mes beautés, ajoutant à l’intimité joyeuse du portrait. Je fais partie de la copieuse collection de clichés de Nadar conservée au département des estampes et de la photographie – dont de très nombreux portraits de Dumas. Petit-fils d’une esclave d’ascendance africaine affranchie lors de son mariage, l’écrivain est une des figures du métissage qui intéresse notre époque : ainsi, je fus prêtée au Musée d’Orsay lors de la passionnante exposition sur “Le modèle noir”, en 2019.
Après le pionnier Nadar, bien d’autres photographes, hommes et femmes, illustres (Degas, Man Ray, Brassaï, Diane Arbus…) et moins célèbres, ont rejoint la galerie des artistes représentés à la BnF. Racontant l’histoire de ce médium inventé en 1824 dont je suis une superbe création, comme la mine satisfaite d’Alexandre l’exprime, muette mais terriblement éloquente. »
« Savez-vous que la madeleine de Proust fut d’abord une biscotte ? » Cahier de rédaction Du côté de chez Swann, de Marcel Proust, 1909
« Si vous aimez les reliures spectaculaires et les riches enluminures, passez votre chemin. Avec ma couverture noire et mes allures de cahier d’écolier, je ne paie pas de mine. En revanche, si vous êtes un amoureux de la littérature et, plus encore, du laboratoire de la création, j’ai beaucoup à vous dire. Je fais partie en effet de la centaine de cahiers et carnets sur lesquels Marcel Proust rédigea les divers états et étapes de La Recherche du temps perdu.
Je vous révélerai par exemple que la fameuse madeleine propice à raviver les souvenirs fut tout d’abord une… biscotte. Je vous montrerai aussi les annotations du secrétaire de l’écrivain et, bien sûr, les ratures et repentir de celui-ci. Proust me recopia ensuite pour confier son texte à son éditeur, avant de retravailler l’exemplaire imprimé en y collant ses fameuses “paperolles”. Les équipes du département des manuscrits veillent soigneusement sur moi comme sur la collection remarquable de manuscrits littéraires, fierté de la BnF.
De Montaigne à Hélène Cixous et de Pascal à Pierre Guyotat, via des dons et des acquisitions, les fonds ne cessent de s’accroître. Visionnaire comme à son habitude, enfant de ce siècle romantique qui portait un regard nouveau sur le manuscrit comme expression intime du “moi” de l’artiste, Victor Hugo compte parmi les bienfaiteurs de la bibliothèque. Il inscrivit en effet dans un codicille testamentaire de 1881 : “Je donne tous mes manuscrits, et tout ce qui sera trouvé écrit et dessiné par moi, à la Bibliothèque nationale de Paris, qui sera un jour la Bibliothèque des États-Unis d’Europe.”Je voisine donc avec des millions de feuillets qui racontent le “temps retrouvé” de la poésie et de la littérature, d’hier et d’aujourd’hui. »
« Le bonheur de mes retrouvailles avec Matisse, mon père » Marguerite V, 1945, lithographie de Henri Matisse (1869-1954)
« Quelques traits posés sur le papier, l’émotion d’un père… Je suis le visage de Marguerite, la fille du peintre Matisse, saisi au vol en 1945. Ce jour-là, Marguerite, qui était entrée dans la Résistance, avait été arrêtée puis torturée par la Gestapo, retrouve son père auquel elle a si souvent servi de modèle. J’immortalise le bonheur de leurs retrouvailles…
Quand on parle de bibliothèque, on imagine toujours des rayonnages de livres et pourtant nous sommes 15 millions d’images en tous genres – dessins, estampes, photographies, affiches, étiquettes, cartes postales, échantillons de tissu, ou même cartes à jouer… – à être conservées au sein du département des estampes et de la photographie de la BnF.
Nous, les estampes, sommes des images imprimées à partir de plaques en bois, en métal ou en pierre, et nous sommes plusieurs millions, bien rangées dans des boîtes en cartons. Notre catalogue donne le tournis avec des œuvres de Brueghel, Dürer, Rembrandt, Mantegna, Boucher, Delacroix, Daumier, Degas, Picasso, Chagall, Miró… Et il se chuchote aussi des langues extra-européennes dans nos allées protégées par l’obscurité. La bibliothèque conserve en effet des chefs-d’œuvre du monde entier, notamment chinois et japonais, dont trois épreuves de la célèbre vague des Trente-six vues du mont Fuji, de Hokusai. De quoi être submergé de beauté ! »
« Moi, la Vierge, métamorphosée par le théâtre » Élément de décor pour Le Soulier de satin, de Paul Claudel, 1958
« N’ayez pas peur, ne soyez pas impressionné par ma stature imposante, mon hiératisme et mes lourds atours. Dès que vous aurez approché, vous verrez que ma somptuosité doit beaucoup aux artifices du théâtre. Certes, je suis la statue de la Vierge, au pied de laquelle la belle Prouhèze, héroïne du Soulier de satin, la pièce-fleuve de Paul Claudel, dépose sa chaussure : “Quand j’essaierai de m’élancer vers le mal, que ce soit avec un pied boiteux.”
En réalité, je ne suis qu’un assemblage virtuose et trompeur de fil de fer, de carton et d’étoffe. Ces matériaux ordinaires sont métamorphosés par la magie des éclairages, la puissance du texte et l’émerveillement du spectateur. Créé en 1943 dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault, qui entamait alors un long compagnonnage avec Claudel, Le Soulierfut repris en 1958 par le même artiste. Le fonds Renaud-Barrault constitue d’ailleurs un des plus considérables ensembles du département des arts du spectacle de la BnF.
Dans ses magasins, je suis installée parmi près de quatre millions de documents : affiches et programmes, manuscrits, costumes (environ 6 000, dont la petite robe noire d’Édith Piaf), maquettes, dessins ou photographies… Pour nous protéger, nous entretenir et, parfois, nous réparer, la BnF nous confie à ses ateliers de restauration ou à des spécialistes extérieurs. Ainsi, je vais pouvoir me montrer sous mon meilleur jour au visiteur de la galerie rénovée du site Richelieu. »
Pour aller plus loin
♦ S’y rendre
Le musée, les expositions et la salle Ovale, désormais salle de lecture ouverte à tous dédiée à la bande dessinée, sont ouverts du mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures (jusqu’à 20 heures le mardi) au 5, rue Vivienne, Paris 2e.
Tarif : 10 €. Entrée libre et gratuite pour la salle Ovale
♦ Exposition
La première exposition « Molière, le jeu du vrai et du faux » sera présentée du 27 septembre au 15 janvier à la galerie Mansart et à la galerie Pigott.
♦ Événements
Des festivités sont organisées pour la réouverture complète du site Richelieu les 17 et 18 septembre (consultable sur bnf.fr). Des visites guidées de l’ensemble du site Richelieu et du musée sont également proposées.
♦ Deux ouvrages
Histoire de la Bibliothèque nationale de France
Sous la direction de Bruno Blasselle et Gennaro Toscano, une trentaine d’auteurs racontent l’histoire d’une institution séculaire collectant, conservant, communiquant et valorisant des millions de documents depuis la fin du Moyen Âge.
BNF Éditions, 564 p., 39 €
100 Chefs-d’œuvre de la Bibliothèque nationale de France
Cent doubles pages magnifiquement illustrées pour découvrir autant de trésors signés Clouet et Baudelaire, Beethoven et Cartier-Bresson, Villon et Picasso…
Ouvrage collectif, BNF Éditions, 35 €
♦ Sur Internet
À consulter gratuitement, le site Gallica est une bibliothèque dans la bibliothèque, déjà riche de 9 millions de documents. Des dossiers thématiques en lien avec l’actualité ou les recherches en cours à la BnF guident le parcours du lecteur numérique.
gallica.bnf.fr - Pour tout savoir sur la BnF, ses expositions, conférences, concerts, rencontres : bnf.fr
Remerciements :
Les douze objets présentés dans ce dossier prennent la parole grâce aux précieuses informations recueillies auprès de :
Sylvie Aubenas, directrice du département des estampes et de la photographie ;
Mathias Auclair, directeur du département de la musique ;
Mathilde Broustet, conservatrice chargée de collections, antiques et objets d’art ;
Jean-Marc Chatelain, directeur de la réserve des livres rares ;
Frédérique Duyrat, directrice du département des monnaies, médailles et antiques ;
Joël Huthwohl, directeur du département des arts du spectacle ;
Isabelle Le Masne de Chermont, directrice du département des manuscrits ;
Ève Netchine, directrice du département des cartes et plans.
Merci également au service de presse de la BnF.